Immersion, sans pression, dans la scène brassicole bruxelloise

Daelman Mathilde, Lebenda Linda, Megna Elisa, Parthonnaud Margaux

Immersion, sans pression, dans la scène brassicole bruxelloise

Immersion, sans pression, dans la scène brassicole bruxelloise

Daelman Mathilde, Lebenda Linda, Megna Elisa, Parthonnaud Margaux
Photos : Daelman Mathilde Megna Elisa
7 mai 2018

Nouveautés et évolutions du monde brassicole bruxellois

Une brasserie à Ixelles, aujourd'hui disparue (Photo: Mathilde Daelman)

Des dernières nouveautés urbaines aux origines de la bière, l’histoire brassicole est riche en surprises. A Bruxelles, la cervoise et ses brasseurs ont connu quelques rebondissements.

Bières amères, acides, légères, touche-à-tout ou encore expérimentales. Voici les nouvelles tendances brassicoles belges. Ces modes se concentrent dans les grandes villes belges, dont Bruxelles. Il est rare de voir ce mouvement actuel répandu en dehors de la capitale.

Les brasseurs s’essaient depuis plusieurs années à tous les styles et souhaitent composer de nouveaux produits et de nouvelles saveurs. La bière artisanale est en totale osmose avec le mouvement d’aujourd’hui et touche un public inquiet d’avoir une consommation responsable et un produit de qualité. Il s’agit « d’un public d’environ 25-40 ans, urbain et bobo », affirme Julien Rensonnet, journaliste à l’Avenir et spécialisé dans la bière.

Les adeptes et connaisseurs aguerris de bières sont les principaux consommateurs de ces nouveautés. Cependant, depuis plusieurs années les amateurs préfèrent les bières triples et plutôt fortes. En effet, il existe de plus en plus de lobbying autour des grandes marques comme Leffe. Par conséquent, le consommateur moyen va plus facilement se diriger vers ces labels qui ne s’insèrent plus dans la tendance actuelle.

 

Les brasseurs de la Senne, « avec leur recette ancienne composée de céréales très légères et amères, éloignée des bières trappistes » ont été les premiers à se lancer dans un renouveau. Dès lors, de nouvelles microbrasseries émergent un peu partout à Bruxelles tel que Brussels Beer Project. Depuis 2013, cet établissement est réputé pour ses élections annuelles d’une nouvelle bière. Sa bière la plus connue ? La Delta, amère et légère. Après cela, une communauté s’est ensuite créée autour de cette nouvelle recette et de nouvelles microbrasseries ont ainsi suivi comme l’Ermitage, une brasserie munie d’une Taproom, qui permet de visiter la brasserie tout en dégustant une bière. « Il y a eu une ouverture progressive des bars qui participent à ce renouveau », explique Julien Rensonnet.  

 

L’extinction des brasseries bruxelloises

 

Les prémisses de ce renouveau brassicole prennent place alors que les brasseries bruxelloises avaient disparu au siècle dernier. “ En 1899, rien qu’à Schaerbeek on comptait treize brasseries. Maintenant, il n’y en a plus aucune […]  Les brasseries ont fermé parce qu’elles ne s’en sortaient plus : soit les sources d’eau s’étaient taries, soit la concurrence des bières industrielles était trop forte” soupire Luc Vincent, un bénévole du musée schaerbeekois de la bière.  En 1900, Bruxelles brassait encore du Lambic dans chaque quartier. Aujourd’hui, ce type de bière à fermentation spontanée est seulement fabriquée par la brasserie Cantillon à Anderlecht. L’émergence des grands industriels n’est pas le seul facteur à l’origine de la disparition des anciennes brasseries bruxelloises. La loi Vandervelde du 14 Novembre 1939 a également porté un coup dur aux estaminets et brasseries d’usine.  “A l’époque, beaucoup d’usines qui n’avaient rien à voir avec la bière avaient leur propre brasserie. Les patrons pouvaient payer les ouvriers en bières ou en argent comptant mais les ouvriers allaient alors à l’estaminet de l’usine et dépensaient leur paye en bières. Et le patron récupérait tout.” explique M. Vincent. La loi Vandervelde, visant la répression de l’ivresse, interdit donc la fabrication et la vente d’alcool forts, de vins forts et de bières, entre autre, sur les ateliers et les chantiers.


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Aujourd’hui, on compte huit microbrasseries réparties dans Bruxelles. « Je dirais que quatre fonctionnent vraiment bien : La Senne, l’Ermitage, Brussels Beer Project, Cantillon », explique Julien Rensonnet. “Ensuite nous avons l’Annexe, En Stoemelings, No Science et Beerstorming”, ajoute M. Rensonnet.

 Daelman Mathilde et Pathonnaud Margaux

De l’orge à la mousse : les étapes du brassage de vos bières

L'orge nécessaire à la fabrication de la bière (Photo: Mathilde Daelman)

Chaque année, la brasserie de la Senne brasse près de deux millions et demie de bouteilles de bière. Découvrez avec Nathalie, une des gérantes du lieu, comment, avec du temps, un brasseur transforme l’eau et l’orge en bière.

De l’orge à la mousse : les étapes du brassage de vos bières from EUJB on Vimeo.

 

 Daelman Mathilde et Parthonnaud Margaux

Les Belges et leurs bières : une question de goût et de culture

Des rangées de bouteilles au musée schaerbeekois de la bière, chacune raconte l'histoire d'une brasserie (Photo: Mathilde Daelman)

La bière fait partie du mode de vie belge. Après les cours ou le travail, les bruxellois aiment se retrouver autour d’un verre. Plus qu’une boisson, c’est une fierté.

Lebanda Linda et Megna Elisa

Bruxelles, capitale mondiale de la bière

Une taverne phare pour les touristes, celle du Passage dans les galeries de la Reine à Bruxelles (Photo: Mathilde Daelman)

La bière belge est, depuis des années, une des meilleures références sur le marché. Sa notoriété a-t-elle changé dans l’esprit de nos visiteurs étrangers ?

Un peu partout sur les tables des cafés et des bars bruxellois, on peut remarquer une boisson : la bière. Ce breuvage a fait de Bruxelles une ville mondialement connue. Pour certains, elle serait même la capitale mondiale de la bière. Tout un marché touristique s’est alors développé autour. Une simple recherche Google le confirme ; de nombreuses entreprises dont le seul but est de faire découvrir la bière aux touristes existent en Belgique, et surtout à Bruxelles. Des entreprises qui promettent aux touristes « l’expérience belge ». Mais que représente vraiment ce marché ?

Alors que la Belgique compte 0.1% de la population mondiale, elle produit 1% de la bière brassée et s’affiche fièrement comme étant la « patrie de la bière ». Un titre qui attire. « La bière belge a une renommée mondiale qui fait que les gens viennent juste pour la découvrir. Ils nous disent tous qu’elle a une qualité supérieure aux autres et ça à cause de son histoire », nous confie une représentante de l’agence touristique The Brussels Journey, Beer and Chocolate Tours . Les populations étrangères ont une affinité pour la bière belge, comme le montre les chiffres d’exportation de cette dernière. En 2012, 62% des 19 millions d’hectolitres produits en Belgique ont été vendus hors du Royaume. Et ce, malgré le fait que la consommation belge diminue. Les plus gros clients de cette boisson belge ? La France, l’Allemagne, les Etats-Unis, et depuis un moment, la Chine.

Mais pourquoi certains font le chemin jusqu’en Belgique pour découvrir ces bières « made in Belgium » ? Pour Léonard D’arago, étudiant français vivant en Belgique, la réponse est simple : la tradition. « La bière en Belgique c’est un peu l’équivalent du vin pour la France. On sait que la Belgique a acquis un savoir-faire que les autres pays n’ont pas. La France essaie, par exemple, de faire des bières mais elles ne sont juste pas aussi bonnes. ». Léonard encourage d’ailleurs ses amis français à faire le trajet pour des soirées de dégustation de bières à Bruxelles.

« Il y a toute une tradition autour de la bière belge, et ça donne envie d’en faire partie », rajoute-t-il. Ce qui attire dans les bières belges, c’est l’histoire qui les entoure . Une histoire que l’on peut retrouver partout dans la capitale belge que ce soit dans les noms des rues – comme la « rue de la brasserie » ou encore dans les musées dédiés à la bière tels que le Musée de la Bière ou encore le Musée Schaerbeekois de la bière. Les touristes peuvent aussi trouver des magasins spécialisés dans la vente de ces bières belges ou même visiter des brasseries. De quoi ravir les fanatiques de la boisson.

 

La concurrence est pourtant rude. De plus en plus de marchés étrangers se mettent en place, et rivalisent avec le marché belge tant en termes de qualité que de quantité. Les américains commercialisent de plus en plus de bière « belgian style » par exemple, afin de profiter de sa notoriété. Une compétition que l’on remarque en observant la multiplication des brasseries. Le nombre de brasseries a, par exemple, triplé aux Pays-Bas et en Italie et a doublé en France et au Royaume-Uni. En 2015, la Belgique perd d’ailleurs pour la première fois le Brussels Beer Challenge, un concours qui récompense la révélation de l’année, contre une bière Indian Pale Ale (IPA) brassée à Seattle. Belge ne rime donc plus forcément avec qualité suprême.

 

Pourtant, malgré cette concurrence montante, la Belgique reste le pays incontesté de la bière, et Bruxelles, en est la capitale, comme le taux d’exportation et d’importation de la bière le montre. Une opinion qui semble être confirmée par l’inscription de la bière belge dans le patrimoine immatériel de l’UNESCO le 19 mai 2017.

 Lebanda Linda, Megna Elisa

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