Contre l’oppression, les ombres militantes tracent en lettres noires une colère partagée. Les colleureuses féministes de Bruxelles repeignent la ville de leurs revendications, transformant leur rage en slogans percutants.
Fondé en 2020, le collectif Collages Féministes Bruxelles (CFB) s’est rapidement imposé comme une force militante difficilement évitable dans les rues de la capitale. Derrière ces slogans tracés à la main, une volonté tenace : dénoncer toutes les oppressions patriarcales et plus largement sociétales, revendiquer les droits fondamentaux et occuper l’espace public trop souvent considéré comme monopolisé par les dominants. Leurs actions, menées à la tombée de la nuit, oscillent entre urgence politique et cohésion militante. Dans un climat où la parole féministe dérange toujours, le CFB fait de la rue un lieu de résistance et d’adelphité*. Loin des projecteurs, ces colleureuses* construisent une lutte ancrée dans le collectif, l’inclusion et l’intersectionnalité. Une résistance qui dérange et interroge.
Saint-Gilles, jeudi soir. Une petite dizaine de personnes se retrouve au rez-de-chaussée d’un vieil immeuble bruxellois. L’appartement est spacieux mais très vite le plancher sera recouvert de feuilles A4 peinturées d’une lettre par page. En l’espace de deux heures, les slogans féministes prennent forme et à l’issue de cette session, les colleureuses du collectif de Collages Féministes Bruxelles (CFB) seront fin prêt·es pour leur prochaine nuit de collage.
Ces dernières années, les messages féministes collés sur les murs des villes sont incontournables. À Bruxelles, ils fleurissent régulièrement, parfois aussi vite accrochés, aussi vite arrachés. Mais ils constituent une façon de lutter essentielle pour les militant·es. Ainsi, iels* se retrouvent régulièrement pour peindre et préparer leurs actions. Bien plus qu’un enjeu organisationnel, ces « sessions peinture » sont un réel moment de cohésion pour le groupe.
Lexique :
Adelphité / adelphe : liens entre deux personnes issues de même·s parent·s sans distinction de genre. Colleureuse : néologisme inclusif désignant les colleuses et les colleurs. Espace safe : refuge pour les minorités, pour les personnes discriminées. Féminisme (radical): il revendique une égalité des droits de manière globale et se ne limite pas à la dimension économique. Il se présente comme radical car il s’attaque à la racine du problème, le patriarcat. Iels : pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier (iel) et du pluriel (iels), employé pour évoquer une personne quel que soit son genre. Intersectionnalité : lutte contre toutes le formes d’oppression (sans ordre hiérarchique) telles que : le capitalisme, le sexisme, le patriarcat, le racisme, le sionisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, l’intégrisme religieux, le colonialisme, le validisme, la grossophobie, la putophobie, la transphobie et toutes les discriminations liées au genre et à l'(a)sexualité. Mixité choisie : réunion de personnes appartenant à une ou plusieurs minorités opprimées et discriminées en excluant la participation de personnes appartenant aux groupes pouvant être oppressifs et discriminants. Transféminisme : courant féministe inclusif qui reconnaît et soutient la diversité des identités de genre, intégrant des perspectives trans pour lutter contre l’hétéronormativité et promouvoir la reconnaissance des transidentités ainsi que la pluralité des identités de sexe et de genre.
Installé·es autour d’une table basse, certain·es sur le canapé, dans les fauteuils ou même sur des coussins par terre, les idées fusent. Les ébauches de phrases deviennent des slogans à l’aide des suggestions de toustes. « Si on dit plutôt « IVG LIBERTÉ » c’est bien non ? » Les autres acquiescent : « C’est efficace, c’est parfait. » Parfois, les sessions peinture se font au fil de leurs inspirations mais, ce soir, la thématique est bien précise. En réaction à la manifestation anti-avortement prévue quelques jours plus tard, les colleureuses ont décidé de tapisser les murs qui encadreront le parcours du cortège. Les slogans se multiplient, iels ne manquent pas d’insister sur le droit fondamental qu’est l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. Et en l’espace d’une heure, la liste est déjà longue. « On a ce qu’il faut ? On commence à peindre ? »
Des discussions à l’action
Les pinceaux et la peinture sont alors dégainés. Les tasses sont remplies d’eau, les couvercles et ramequins en tous genres font office de palettes de peinture. Même la capsule de bière y passe. À même le sol, les colleureuses s’installent, rodé·es, et se lancent. Rapidement, les slogans prennent forme, les discussions se font moins prenantes. Chacun·es est concentré·es sur son message, « ça vous arrive aussi de vous mélanger dans les lettres à force de les écrire une à une ? » En fond sonore, la playlist annonce le ton : A bas l’Etat policier (Arval), Marine (Diams) ou encore Club Ouin-Ouin (Camion Bip-Bip).
Alors que le parquet est progressivement recouvert de feuilles A4, au point qu’il devienne difficile de se déplacer, les lettres sont scotchées les unes aux autres pour former les phrases. Le puzzle de l’alphabet géant devient une série de slogans plus percutants les uns que les autres. Une fois secs, les messages sont roulés et conservés chez celleux qui participeront à la session collage, s’ils ne sont pas placardés dans la foulée. Ce jeudi, aucune action n’est prévue durant la nuit. La plupart du groupe ne s’éternise pas, c’est un soir de semaine. Certain·es traînent un peu plus, l’occasion de discuter des sujets plus ou moins sensibles à aborder lors de la prochaine assemblée générale.
Iels se retrouvent généralement quelques jours après les « sessions peinture », rouleaux et colle en main, prêt·es à tapisser les murs de leurs messages. Idéalement, iels se donnent rendez-vous en début de soirée, autour d’un verre, dans le quartier choisi pour discuter de la session. « Même si parfois ça se fait juste en deux minutes à l’arrêt de bus », explique Lola (nom d’emprunt). Si la session peinture n’a pas pu se faire collectivement et que les colleureuses ont préparé chacun·es leurs rouleaux de leur côté, c’est aussi l’occasion de discuter des slogans retenus. Il s’agit surtout de s’assurer des limites de chacun·e, notamment concernant les murs sur lesquels seront collés les messages. « Certain·es ne sont pas à l’aise à l’idée de coller sur les églises, par exemple. Perso je m’en fous, mais généralement, les murs des bâtiments publics, ça c’est notre cible préférée », raconte Lola. De la même manière, si l’un·e des colleureuses ne se sent pas tout à fait aligné·e avec l’un des messages proposés, alors le message ne sera pas collé. Et Lola insiste sur cet aspect : « Il n’y a aucune obligation à coller, ça doit rester un espace safe* où on s’écoute toustes”. C’est l’essence même du collectif qui prône “un féminisme* inclusif et intersectionnel*, qui défend des valeurs d’entraide, de solidaritéet d’adelphité ».
Des stratégies bien pensées et bien rodées
Après ces mises au point, iels laissent le temps à la nuit de tomber avant de se mettre en action. L’essentiel est de trouver le juste milieu entre la discrétion qu’offre l’obscurité du soir et les risques accrus des heures creuses du milieu de la nuit :
« Entre 1h et 3h, on évite. C’est là où on ne veut vraiment pas croiser les quelques personnes, souvent très alcoolisées, qui traînent encore dans les rues », précise Lola.
Il s’agit avant tout d’éviter de se mettre en danger inutilement. Iels évoquent d’ailleurs une agression subie par d’autres colleureuses en pleine nuit, à coups de parpaings, par des hommes qui « passaient par là ». Heureusement, ces incidents sont assez peu fréquents et les sessions collage se passent généralement bien. Les arrestations et amendes sont également rares.
Une fois lancé·es, iels arpentent les rues à la recherche de murs sur lesquels coller leurs messages : « On n’a pas forcément d’itinéraire très précis, on avance et on colle dès qu’un mur nous plaît. » Leur méthode est rodée pour être le plus efficace possible. Iels ont besoin d’être quatre minimum : une première personne met une couche de colle sur le mur, une deuxième déroule le collage et une troisième le recouvre d’une autre couche de colle. Pendant ce temps, la dernière personne, la guetteuse, se charge de la surveillance, quelques mètres plus loin, et crie un code d’alerte si besoin. Les colleureuses savent alors ce qu’iels ont à faire : essayer de cacher le matériel autant que possible et ne surtout pas courir pour éviter d’éveiller les soupçons.
Les sessions ne durent généralement pas plus de deux heures : « Ça demande énormément d’attention, on fatigue vite et c’est justement là où on risque de faire une erreur ou de se mettre en danger. On préfère toujours rentrer à la maison avec des rouleaux qu’on n’aurait finalement pas collés plutôt qu’il se passe quelque chose de grave », précise Lola.
Le collectif réunit environ 80 personnes aux profils et parcours variés. Toustes sont animé·es par la même motivation. Fatigué·es de se sentir impuissant·es face à l’oppression, c’est généralement ce sentiment de ras-le-bol et le besoin de se sentir utiles qui les ont poussé·es à rejoindre le collectif.
Lola, 28 ans, et Clarisse (prénom d’emprunt), 52 ans, n’ont a priori pas grand-chose en commun. Lola fait partie du collectif depuis plus de deux ans, Clarisse depuis un mois. Elle est maman d’une adolescente de 17 ans et travaille dans une entreprise à un poste à hautes responsabilités. Professionnellement, Lola est dans le milieu du care, « même si c’est aussi une forme de militantisme ». Elles n’auraient peut-être même jamais eu l’occasion de se rencontrer si ce n’était pour le collectif. Toutes deux animées par cette même force, ce besoin d’agir, elles ont rejoint le mouvement.
Une porte d’entrée vers l’engagement
Installée à la terrasse du café où nous l’avons rencontrée, Lola explique avec l’assurance de quelqu’une qui connaît bien le milieu militant. Elle raconte ses années en squat et son engagement dans d’autres collectifs : « C’est rare qu’un·e colleureuse ne fasse partie que du CFB, généralement on milite sur plusieurs fronts à la fois », explique-t-elle. Le CFB insiste d’ailleurs sur l’enjeu intersectionnel de la lutte. Iels ne conçoivent pas le combat féministe sans prendre en compte toutes les formes d’oppressions liées au capitalisme et au patriarcat. Lola parle même de transféminisme*. Il s’agirait, pour elle, d’une façon plus adéquate de se définir.
Clarisse, quant à elle, est encore en phase de découverte du militantisme avec le CFB. Elle explique avoir toujours été consciente de ces enjeux mais, mis à part en manifestation, elle n’avait pas encore eu l’occasion de s’engager activement dans la lutte. Lasse de ne plus savoir quoi faire de sa colère, elle a rejoint le collectif pour l’adelphité et pour ne plus se sentir seule face à l’oppression.
Si toutes deux ont choisi cette forme de lutte et pas une autre, c’est aussi pour l’anonymat qu’elle offre. Il s’agit, d’une part, de préserver leur identité, même si concernant Lola, ses proches ont connaissance de ses activités, « ça permet aussi de faire du tri et de s’entourer seulement de personnes avec qui on est politiquement alligné·es ».
Un militantisme de l’ombre pourtant visible par toustes
Pour Clarisse en revanche, c’est un enjeu assez important. Pour le moment, elle évite de trop parler de son implication dans le collectif à son entourage :
« Ma fille, ma sœur et ma mère savent. Mes meilleures amies aussi mais en dehors, je n’ai plus envie de me confronter à des gens qui ne comprennent pas. »
C’est d’ailleurs ce compromis qui l’a aussi poussée à choisir la lutte par le collage. Ce format est, pour elle et pour beaucoup, l’équilibre idéal entre le besoin de se sentir utile sans avoir constamment à éduquer des personnes plus ou moins réceptives. Clarisse précise : « C’est épuisant à la longue. C’est difficile de devoir tout le temps se justifier avec des gens qui ne comprennent pas pourquoi on fait ça, pourquoi c’est essentiel. Et oui, ‘ça va c’est la Belgique, c’est pas si pire’ mais on est encore loin d’une société réellement égalitaire. »
Les collages permettent de s’exprimer, de choquer, de faire réfléchir, de se sentir actif·ve dans la lutte tout en évitant (en théorie) les confrontations directes. Le collectif n’a pas pour but d’éduquer de manière frontale. Les membres ne sont pas non plus fermé·es aux nouveau·elles militant·es qui n’auraient pas encore tous les codes. C’est le cas de Anna (nom d’emprunt) par exemple : « Au début, je ne me sentais pas forcément légitime, j’avais peur de faire des gaffes et que ça ne passe pas. C’est quand même un milieu qui paraît assez obscur et fermé de l’extérieur, c’est intimidant et on nous le vend dans les médias comme un espace hyper radical. Mais en fait, on est dans l’écoute et tant qu’il y a du respect et de la remise en question, on continue d’apprendre et de s’éduquer mutuellement. » Les collages ont également une portée éphémère et artistique, voire poétique, qui plaît beaucoup à certain·es colleureuses.
Une riposte périlleuse
Iels ne perdent cependant pas de vue que la forme que prend leur militantisme comporte un certain nombre de risques. En règle générale, ils sont peu nombreux car iels sont bien préparé·es avant de partir en session et savent ce qu’il ne faut pas faire pour éviter les risques de garde à vue ou d’amende. Les précautions à prendre : avoir sa carte d’identité sur soi, ne pas courir en cas d’arrivée de la police, éventuellement s’habiller avec des couleurs sombres et mettre un masque ou une cagoule pour se cacher des caméras. D’après elleux, toute infraction, du moment que la personne est identifiée, serait ajoutée « au dossier général de police » de chacun·e (l’équivalent d’un dossier médical où les forces de l’ordre conserveraient tout ce qui implique une personne et la justice). Les forces de l’ordre contactées nient, en revanche, l’existence d’un tel dossier, en tout cas sous ce nom.
Les risques : « En Belgique, l’affichage sauvage est soumis à des sanctions administratives communales (« SACs »), dès lors, leur prononcé ne relève pas de la compétence des tribunaux. Cela signifie que si une personne est interpellée en cours de collage, elle recevra directement une contravention dans sa boîte aux lettres. Le prix de la contravention variera en fonction de la commune, et peut s’élever entre 26 € et 500 €. Un système de mutualisation pour payer les amendes est mis en place via la cagnotte du CFB. « Les actions de collage impliquent des risques puisqu’il est interdit d’établir et de maintenir des affiches ainsi que de recourir à tout autre procédé de réclame ou de publicité visuelle (Arrêté royal portant réglementation de l’affichage et de la publicité : articles 1, 2, 3, 3bis, 4, 5, 6, 7, 8, 9,10, 11, 12, 13). »
Concernant les procédures de nettoyage, la Ville de Bruxelles propose à ses habitant·es un service gratuit d’enlèvement des graffitis (et collages) sur les façades d’immeubles privés, si la demande vient des personnes concernées ou qu’elles acceptent une fois contactées par le service. La commune précise qu’un collage partiellement retiré ou arraché n’est pas l’œuvre de son service de propreté qui laisse les murs aussi propres que possible après son passage, en nettoyant toute trace des collages.
Les collages féministes émergent dès 1792 avec Olympe de Gouges et se développent sous la Commune de Paris (1871). En Belgique, comme en France, la première vague (fin 19ᵉ – début 20ᵉ) lutte pour le droit de vote. La deuxième vague (années 70) marque un tournant : les femmes investissent la rue avec des affiches ludiques pour dénoncer les inégalités politiques et les bas salaires. En mai 68, malgré le fait que les femmes remettent en question les comportements des hommes, elles restent reléguées aux tâches secondaires, et le collage reste minoritaire face aux grèves et sit-ins. Malgré leur caractère éphémère, ces affiches marquent les esprits et participent aux luttes féministes.
Le collectif CFB est né suite au mouvement des « Collages Féminicides » en France puis à Bruxelles, en 2020. Il compte aujourd’hui environ 80 membres, dont une quarantaine plus régulièrement actif·ves et une vingtaine très impliqué·es. La moyenne d’âge se situe entre 22 et 32 ans, mais de plus en plus de personnes de plus de 40 ans rejoignent le mouvement, notamment au sein du pôle « madre » (voir schéma ci-dessous), ce dont le collectif se réjouit. Pour l’instant, les mineur·es ne sont pas accepté·es pour les collages, faute d’un système de protection adapté. Lola explique que, sur le plan juridique, si des mineur·es et des majeur·es collaient ensemble et étaient arrêté·es, alors toute la responsabilité du délit reposerait sur les personnes majeures.
Militer sans hiérarchie
Iels sont entièrement transparent·es sur leur fonctionnement, qui est accessible à toustes dans leur charte. Le collectif s’organise selon un principe de mixité choisie*, excluant les hommes cisgenres hétérosexuels, afin de préserver un espace sûr et de limiter leur prise de parole, qu’iels considèrent déjà dominante dans le débat public. Ces derniers ne peuvent pas participer aux assemblées générales, ni aux sessions de peinture et de collage, mais peuvent, en revanche, soutenir le collectif par des dons financiers ou matériels (aide aux achats de matériel, aide à la mobilité, participation aux cagnottes…). Chacun·e achète généralement son propre matériel, tout en privilégiant la récupération autant que possible.
« J’utilise le même fouet que ce soit pour préparer les gâteaux ou la colle des affichages. » Lola
CFB fonctionne selon un principe d’horizontalité, où chaque membre dispose d’une voix et d’une importance égale, indépendamment de son ancienneté ou de son niveau d’implication. Sans hiérarchie, l’organisation et les processus sont pensés pour éviter toute prise de pouvoir individuelle. L’anonymat des membres du collectif est respecté en toutes circonstances.
Les décisions sont principalement prises par consentement en assemblée générale, selon un processus d' »intelligence collective » : tant qu’aucune personne ne s’oppose à une décision, elle est validée. Si une objection est soulevée, même par une seule personne, le groupe prend le temps d’examiner le problème et de trouver une solution. Lola précise : « Peu importe le nom qu’on donne à ça, on essaye vraiment de communiquer intelligemment, que tout le monde soit entendu et qu’on discute de tout. »
En cas d’amende, un système de cagnotte est mis en place afin que l’argent ne soit jamais un frein à la participation des colleureuses.
La complexité d’un tel collectif
Si le collectif semble maintenant avoir trouvé son équilibre en termes organisationnels, il a pourtant été confronté à une grosse crise interne il y a environ un an. Suite à de fortes divergences sur des questions politiques et des enjeux de pouvoir, le collectif a dû marquer une pause. Plongée, malgré elle, au cœur du conflit, Lola a également dû se retirer quelque temps de ses engagements militants pour préserver sa santé mentale. Elle s’est épuisée à tenter de résoudre la situation et a été confrontée à ce qu’on peut appeler un « burn-out militant ». Le burn-out militant est « un épuisement physique et émotionnel » et c’est en effet assez courant dans le milieu de l’engagement. Si ce concept est de plus en plus médiatisé, il n’est pas nouveau chez les militant·es. Cécile Vanderpelen-Diagre, historienne spécialiste du genre à l’ULB explique qu’à la fin du 19ème siècle, les féministes s’épuisaient et souffraient déjà d’un essoufflement militant. Christina Maslach et Mary Gomes, psychologues américaines ont déterminé les facteurs pouvant mener au burn-out militant:« La personne se sent vidée, usée, sans moyen pour se ressourcer. Différents facteurs de risque existent : la surcharge de travail et la pression, des récompenses insuffisantes, une perte de soutien social ou un conflit de valeur. »
Après une réorganisation interne, le CFB a pu reprendre ses activités en novembre 2024.
Le collectif CFB se coordonne parfois avec d’autres collectifs mais c’est plus rare. En France, la Coordination des colleureuses français·es rassemble les différents collectifs de collage français autour de différentes actions, mais c’est moins le cas en Belgique.
Malgré les obstacles, les pauses nécessaires et les remises en question, le collectif continue d’avancer, soudé par une volonté commune de faire entendre les voix marginalisées. Les murs bruxellois ne sont que le début : à travers chaque slogan, chaque collage, c’est un avenir plus juste et égalitaire qui se dessine, porté par la force collective et la conviction que la lutte, tant qu’elle est vivante, ne cessera jamais de fleurir.