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Sur la trace des chats errants à Bruxelles

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Sur la trace des chats errants à Bruxelles

Sur la trace des chats errants à Bruxelles

Publié le 23-04-2024 par , , et

Les chats errants courent les rues de la capitale. Des associations et des particuliers se battent pour les stériliser. Pas pour les embêter, mais les sauver.

Cachée dans des branchages, Stéphanie installe une cage adaptée dans un coin discret du square Armand Steurs, dans la commune de Saint-Josse-Ten-Noode à Bruxelles. Dans le parc, l’ambiance est paisible mais, très vite, le ciel se couvre pour laisser place à de grosses averses. Alors que tous les promeneurs quittent précipitamment les lieux pour se mettre à l’abri, Stéphanie Challe, fondatrice de l’ASBL bruxelloise « Ever’y cat », compte bien terminer ce qu’elle a commencé. En effet, son engagement lui tient plus à cœur que de se protéger d’une météo maussade. Plus tôt dans la journée, elle a reçu un appel d’un résident du quartier. Ce dernier affirmait qu’un chat errait depuis plusieurs jours dans les alentours du parc. Alors, Stéphanie et son amie « Biche », telle qu’elle se fait appeler, sont venues sur place à la rescousse du malheureux. Leur but : l’attraper pour lui apporter les soins nécessaires, mais surtout, le stériliser.



Première mission : attraper l'animal
L'association Ever'y Cat a effectué 90 activités de trappage et de stérilisation en 2023. © Juliette Amadieu

« La nuit de fidélisation » 

 

Dans sa cachette, Stéphanie installe sa cage, au fond de laquelle elle dépose avec soin de la pâtée pour chat. Une fois le piège mis en place, Stéphanie et son amie sortent une petite caméra. « On l’a surnommée Germaine », plaisante « Biche » en regardant Stéphanie l’installer consciencieusement. Ainsi, elles peuvent observer à distance les allées et venues de la cible du jour. De cette manière, Stéphanie saura à quelle heure celle-ci s’approche de la cage, pour pouvoir aller la capturer plus tard, à la même heure, lorsque le petit chat sauvage sera moins méfiant. Cette étape du processus, c’est ce que Stéphanie appelle « la nuit de fidélisation »…

 

 

Depuis sa création en 2015, Ever’y Cat a déjà pris en charge plus de 4.000 chats. © Juliette Amadieu

 

Des interventions de sauvetage, Stéphanie en couvre une quinzaine par jour. Les yeux cernés par sa dernière nuit blanche, elle explique devoir refuser jusqu’à 20 SOS par jour depuis deux ans. D’après elle, c’est une réalité qui vaudrait également pour les autres refuges bruxellois.

Parmi tous ces refus inévitables, il n’est pas aisé de choisir ses interventions. « Je vais au plus urgent. On prend toujours plus de chats que ce qu’on peut. Mais s’il y a vraiment une grosse urgence, donc un chat blessé qui est en train de « crever », une femelle enceinte ou alors un chat abandonné qui est très en danger, par exemple, on agit », détaille-t-elle avec détermination.

Quand on l’interroge sur la motivation de son engagement, Stéphanie est émue : « Je vais dire que depuis petite, je suis plus sensible aux animaux qu’aux humains. Ce n’est pas toujours bien perçu, mais c’est pas grave. Dans le sens où un humain peut se prendre en charge, alors que les animaux dépendent de nous. Si nous ne sommes pas là pour les aider, ils meurent, ils se reproduisent et c’est une catastrophe. »

 

Stéphanie a aménagé une chatterie dans son jardin pour accueillir ses rescapés le temps de leur convalescence post-opératoire. © Juliette Amadieu

 

Stéphanie a créé son association “Ever’y cat” en 2015. Il y a 13 ans, après avoir perdu son emploi, elle a rencontré par hasard une dame d’une autre ASBL sur un sauvetage de rue. Un « coup du destin », affirme-t-elle, même si ce n’était pas gagné d’avance. Lors d’une discussion avec sa nouvelle rencontre, cette dernière lui a proposé de venir visiter son association. « Je me rappellerai toujours de ce que je lui ai répondu : ah non, moi, je ne vais pas dans les refuges, je vais avoir mal au cœur. Je ne veux pas aller là-dedans. Finalement, j’y ai été et on a gardé contact », se souvient-elle avec un rire nostalgique.

Après avoir joué un rôle important dans cette association, appelée Catrescue, pendant des années, Stéphanie a créé sa propre ASBL. Le nom de son association “Ever’y Cat” n’a pas été choisi au hasard, puisqu’il visait au départ tous les chats de la commune d’Evere. Il s’agit d’une association de terrain, exclusivement consacrée à la misère féline des rues. Ainsi, 18 heures sur 24, Stéphanie et ses acolytes sont occupés par de nombreux sauvetages au cœur de la capitale. On comprend mieux ses yeux cernés.

Le trappage

Plus tard, Stéphanie parvient finalement à capturer l’animal.

Finalement, il s’agit d’un mâle, castré, mais non pucé. Sur la page Facebook d’Ever’y cat, elle publie une annonce : « Square Armand Steurs. Quelqu’un connaît ce chat, s’il vous plaît ? Merci de partager un max ». Dans les commentaires, ça défile : « Il ressemble fort au chat de mon voisin Blanco, à Schaerbeek dans le quartier des fleurs », ou encore « C’est le chat du quartier des fleurs s’il a un souci au niveau des yeux ». Si les internautes disent vrai, Stéphanie pourra ramener auprès de sa famille le pauvre animal qui semble s’être égaré loin de chez lui…

 

Mais les interventions ne sont pas toujours aussi faciles. Souvent, Stéphanie et son équipe doivent faire face à des terrains beaucoup plus laborieux où de nombreux chats doivent être capturés. Cette étape s’appelle « le trappage » dans le jargon, une opération délicate qui nécessite un maximum de patience, mais qui est essentielle. Pour ce faire, des « cages trappes » sont utilisées. Il s’agit de cages équipées d’un mécanisme de basculement qui permet la fermeture automatique des portes lorsque le chat se déplace à l’intérieur. Ainsi, l’animal se retrouve piégé, et peut être pris en charge par l’association.

 

Si on ne fait rien, l’année prochaine ils seront 200 et vont tous mourir dans des conditions effroyables, parce que qui va nourrir 200 chats ? 

Stéphanie et son équipe tentent de trapper plusieurs dizaines de chats au même endroit depuis plus de 48 heures. Ces derniers se sont reproduits dans quelques arrière-maisons, sur des toits et dans une dépendance abandonnée. « Si on ne fait rien, l’année prochaine ils seront 200 et vont tous mourir dans des conditions effroyables, parce que qui va nourrir 200 chats ? », demande-t-elle désespérée. Pour garantir toutes les chances de réussite de cette mission délicate, il nous a été impossible d’accompagner Stéphanie sur le terrain. En effet, « ce sont des chats sauvages, ils sont extrêmement méfiants et ils partent en courant dès qu’ils aperçoivent la moindre présence humaine. »

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Si Stéphanie se donne tant de mal pour capturer les chats errants, c’est notamment pour apporter les soins nécessaires, mais surtout, pour les stériliser…

Deuxième mission : la stérilisation
Les ASBL participent à des journées de sensibilisation au bien-être animal. © Juliette Amadieu

Si les différentes associations qui se consacrent à la misère féline se donnent tant de mal pour stériliser le plus de chats possibles, c’est parce que les conséquences de la reproduction massive peuvent être catastrophiques.

 Les chats errants non-stérilisés, c’est un drame. Les femelles vont être destinées à faire des bébés toute leur vie et finir par mourir avec des tumeurs mammaires. Les petits vont survivre à droite, à gauche, et la moitié d’entre eux va mourir. Le nombre de chats va augmenter, donc ils vont déranger les humains. Parce que dès qu’il y en a trop, les gens en ont marre.

 

Les associations prennent en charge les coûts de la stérilisation des chats errants qui arrivent aux refuges. © Juliette Amadieu

 

Dans un premier temps, la stérilisation est essentielle pour préserver la santé des chats. Elle réduit les risques de contracter des maladies sexuellement transmissibles, dont certaines peuvent être mortelles. De plus, la stérilisation contribue à prévenir des problèmes comme les cancers et les complications liées à la gestation, particulièrement fréquents chez les chats errants privés de soins vétérinaires. « Les chats errants non-stérilisés, c’est un drame. Les femelles vont être destinées à faire des bébés toute leur vie et finir par mourir avec des tumeurs mammaires. Les petits vont survivre à droite, à gauche, et l’autre moitié va mourir. Le nombre de chats va augmenter, donc, ils vont déranger les humains. Parce que dès qu’il y en a trop, les gens en ont marre », s’indigne Stéphanie Challe.

Si les humains se lassent rapidement des chats, c’est en grande partie à cause des nuisances qu’ils peuvent causer, comme les marquages urinaires, les odeurs et les bruits associés aux chaleurs, qui sont toutes atténuées par la stérilisation. Cette opération évite aussi les portées non-désirées et prévient des abandons qui augmenteraient la population des chats errants.

Stériliser un chat, domestique ou errant, c’est aussi contribuer à atténuer les bagarres, qui peuvent parfois entraîner des blessures gravissimes. « Les mâles non-stérilisés ont un instinct de bagarre énorme. On ramasse, des fois, des chats déchiquetés, avec les joues en lambeaux, les pattes qui boitent parce qu’ils se sont battus. Souvent, ils développent des abcès qui ne sont pas soignés. On doit parfois couper une patte à un chat parce que l’abcès était trop loin et que l’infection était en train de monter », se désespère Stéphanie.

De plus, les chats errants sont si sauvages qu’ils ne se laissent pas facilement soigner. Par conséquent, l’euthanasie est parfois la « meilleure » option. « Pour nous, c’est un échec. Parce qu’à la base, on ne fait pas ça pour tuer les animaux, mais justement pour les sauver. Mais il y a des fois où on doit se dire que c’est soit une mort lente et douloureuse, soit  cette solution-là où on a l’occasion de lui offrir une mort douce et digne. Mais c’est dur », s’attriste la gérante d’Ever’y Cat.

Les chats errants ont aussi un impact non négligeable sur la faune indigène, notamment sur les oiseaux et les petits mammifères. D’ailleurs, comme l’affirme la Ligue Royale belge de la protection pour les oiseaux, la prédation des chats serait la quatrième cause de disparition des oiseaux. Elle représenterait 16,3% de leur mortalité totale. Le taux de mortalité des oiseaux de jardin par la prédation des chats aurait même augmenté de 50% entre 2000 et 2015.

Quelques chiffres

Selon Muriel Piazza, coordinatrice de projets biodiversité et bien-être animal à la Ville de Bruxelles, la capitale compte environ 1500 chats errants, toutes communes confondues. Cette estimation, faite grâce à l’aide des différentes associations, est à prendre avec toutes les précautions d’usage, car la population de chats errants est, par nature, difficile à évaluer et à monitorer.

En un an, un couple de chats peut donner, en moyenne, naissance à 12 chatons. Ces chatons peuvent eux-mêmes se reproduire dès l’âge de six mois. A ce rythme, le nombre de chatons peut très vite devenir vertigineux. D’où l’importance cruciale de stériliser les chats, une mesure essentielle pour garantir le bien-être animal.

En 2023, la Ville de Bruxelles a enregistré environ 278 activités de trappage et de stérilisation. Cependant, ces chiffres sont incomplets en raison d’une méthodologie de travail et de comptage différente selon les associations.

Les aides financières accordées aux ASBL sont gérées au niveau communal. Les associations ne touchent des subsides que des communes dans lesquelles elles interviennent. Pour l’année 2023, Bruxelles-Ville a octroyé au total 22 300 euros aux ASBL avec lesquelles elle collabore. « Ça ne couvre même pas l’entièreté de leurs frais », indique Muriel Piazza.

 

Obligatoire depuis 2018

Stériliser son chat est une obligation légale en Belgique depuis le 1ᵉʳ novembre 2017, obligation entrée en vigueur à Bruxelles, depuis le 1ᵉʳ janvier 2018. Les personnes ne se soumettant pas à cette obligation encourent une amende entre 150 et 250 euros.

Des communes octroient des primes à la stérilisation des chats domestiques, c’est le cas de la Ville de Bruxelles « On a tout un système de primes aussi pour les citoyens de la ville pour les encourager à stériliser leurs chats », explique Muriel Piazza.

Depuis le 1ᵉʳ mars 2023, une nouvelle mesure impose la stérilisation de tous les chats qui passent par un refuge avant d’être adoptés.

 

Troisième étape : prendre soin d'eux
L'ASBL Chats Libres a effectué 143 interventions de trappage et stérilisation en 2023. © Juliette Amadieu

 

 

À Etterbeek, Geneviève, Bernadette et Virginie s’activent depuis 7h30 au sein du refuge Chats Libres. Geneviève, désormais vice-présidente de l’association, offre son temps au refuge depuis près de 20 ans. Elle connaît tous les chats par cœur, les a vus arriver plus ou moins mal en point, se familiariser avec leur nouvel environnement et, dans le meilleur des cas, démarrer une nouvelle vie chez une famille aimante.

L’engagement d’une vie

L’association Chats Libres propose à ses adhérents, la location de matériel de trappage. © Juliette Amadieu

 

Chats Libres existe depuis 1989. Au début, l’ASBL n’avait pas pour objectif de recueillir des chats, mais simplement de les stériliser. Le nombre d’arrivants augmentant constamment, l’association a fini par accueillir quelques chats, jusqu’à devenir un véritable refuge.

Lors des naissances, s’il y a des chatons dans la rue, qu’est-ce qu’on fait ? 

Le nombre de chats est normalement limité, le refuge devrait accueillir au maximum une vingtaine de chats. Malheureusement, le refuge en héberge bien plus. D’ailleurs, lorsqu’on lui pose la question, Geneviève n’hésite pas à nous répondre, non sans une pointe d’humour : « Je ne vais pas vous dire le nombre exact », dit-elle en riant. « Vous allez voir si vous arrivez à les compter ».

Et en même temps, le problème est tel qu’il leur est impossible de faire autrement. Au moment de renouveler leur agrément concernant l’accueil, Geneviève s’est tournée vers le vétérinaire avec lequel le refuge collabore. « Lors des naissances, s’il y en a dans la rue, qu’est-ce qu’on fait ? On les laisse crever ou on en prend un peu plus ? » Le vétérinaire a, alors, encouragé l’association à en prendre plus. L’une des bénévoles a même créé une annexe chez elle afin de pouvoir accueillir plus de félins. Lorsqu’il ne peut plus héberge de nouveaux chats, le refuge fait en sorte de les placer chez leurs homologues wallons et flamands, où il semble y avoir plus de place, selon Geneviève.

Donner de son temps

Nettoyer les bacs, nourrir les chats, remplir les gamelles d’eau, donner les médicaments nécessaires à ceux qui en ont besoin, gérer l’administratif des adoptions, les demandes… Les tâches sont nombreuses et le travail ne cesse d’augmenter. L’ASBL compte près de 40 bénévoles. Tous sont animés par le même amour des chats et acceptent volontiers de donner de leur temps à la cause. Si la ville offre des subsides, Chats Libres, vit majoritairement de dons. « Certaines communes nous ont proposé un budget pour aller intervenir chez elles, mais on a refusé, on a trop de travail ». Draps, loques, journaux, nourriture, Geneviève accepte tout.

 

Deux équipes de bénévoles sont présentes matin et soir, sept jours sur sept. © Juliette Amadieu

 

En plus des bénévoles, les ASBL travaillent en collaboration avec des vétérinaires pour les opérations chirurgicales telles que la stérilisation. Tous les mardis, le vétérinaire de tutelle de Chats Libres passe au refuge pour s’assurer de la santé des résidents et effectuer le suivi médical des chats traités.

L’ASBL propose également le prêt de cage de trappage pour les trappeuses et trappeurs solos, ainsi que pour les particuliers qui auraient repéré un chat sur leur terrain et qui se sentent en capacité de l’attraper. Cette location est gratuite, l’association demande simplement une caution de 50 euros pour le prêt du matériel.

La collaboration entre associations

Chats Libres travaille avec de nombreuses autres ASBL à Bruxelles. L’association collabore notamment avec Stéphanie de Ever’y cat pour trapper des chats et d’autres trappeuses/trappeurs indépendants. Lorsque des chats sont signalés sur les terrains, les associations communiquent entre elles afin de savoir qui est la plus à même d’aller les récupérer.

Le refuge est notamment en contact régulier avec l’association A.D.A.asbl, une petite association de terrain fondée en 2003. Elle stérilise les chats sauvages errants pour les relâcher et leur fournit des abris ainsi que de la nourriture journalière. Lorsqu’elle capture un chat, qu’il soit malade, blessé ou apparemment en bonne santé, l’association l’emmène automatiquement chez le vétérinaire pour un examen complet. Si c’est un chat sauvage, l’animal est, alors, relâché sur le terrain où il se trouvait, après l’avoir stérilisé, vermifugé et déparasité. Il y sera abrité et nourri. S’il peut être sociabilisé, l’ASBL fait en sorte de lui trouver des adoptants. Elle recueille également des familles de chats abandonnés, et après leur avoir offert tous les soins nécessaires, leur trouve une famille aimante. A.D.A.asbl effectue des stérilisations et incite les propriétaires à stériliser et pucer leur animal, le tout, en sensibilisant le public au respect de la vie animale.

Le début d’une nouvelle vie

Les personnes souhaitant adopter doivent remplir un formulaire sur le site de l’ASBL. Les rencontres avec les chats sont organisées le samedi. © Juliette Amadieu

 

Lorsque les chats ont la chance d’être adoptés, les règles du refuge sont strictes. L’association demande à ce que les domiciles soient sécurisés : moustiquaires aux fenêtres, jardins ne donnant pas accès à la route, tout est vérifié. « Nos chats viennent de la rue, ce n’est pas pour qu’ils y retournent », déclare Geneviève. Après l’adoption, elle suit de près l’acclimatation de ces anciens résidents dans leur nouvelle maison, en demandant aux adoptants des photos et des vidéos. Elle est toujours ravie de voir qu’ils ont pris un nouveau départ, entourés d’amour : « Les gens sont tellement contents de montrer que le chat est bien chez eux, on reçoit de très chouettes témoignages. »

 

Depuis 2006, Geneviève se rend au refuge tous les mardis et jeudis matins, ainsi que les samedis pour s’occuper des chats. © Juliette Amadieu

 

En 20 ans, Geneviève en a vécu des naissances, elle a aussi vécu des décès. Certains chats, trop sauvages, n’ont jamais eu la chance d’être adoptés. Geneviève reste près d’eux tout au long de leur vie. Elle les accompagne jusqu’au bout.

 

 

Afin de faciliter les adoptions, en novembre 2017, Nathalie, vice-présidente de l’association Ever’y Cat, ouvre le bar à chat le “New Chatouille”, qui accueille une dizaine de chats recueillis par l’ASBL. Depuis l’ouverture, 250 chats ont été adoptés, ce qui représente 10% des adoptions d’Ever’y Cat. Après les soins, Nathalie sélectionne les chats les plus sociables du refuge pour les placer au “New Chatouille”. Les visiteurs peuvent rencontrer les chats et, s’ils le souhaitent, adopter l’un d’entre eux. C’est l’opportunité de donner une nouvelle vie à ces chats, alors que les cas d’abandon de félins ont augmenté de 40% en 2023 par rapport à 2022, selon Nathalie.

 

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Fin de mission : l'adoption
Les chats les plus sauvages ne sont pas adoptables et finissent leur vie au refuge ou bien relâchés. © Juliette Amadieu

Si beaucoup de chats n’ont pas la chance de trouver une famille. Saha, elle, a été adoptée par Fabienne. Le lien qui unit cette dame et son chat est fort et plein d’espoir pour les autres.

 

Depuis sa pension, Fabienne a eu le temps de développer sa relation avec Saha. © Juliette Amadieu

 

« Elle s’appelle Saha. Au début, je pensais que c’était une chartreuse et dans le roman de Colette, la chartreuse s’appelle Saha. En hébreux, ça veut dire la santé. Elle a été trappée le 4 juillet 2018. C’était le jour du décès de mon mari. Ça a tout de suite été une évidence pour moi. »  

Assise dans son petit appartement résidentiel, Fabienne présente Saha, son chat. Elle en parle avec tendresse. Elle l’aime et ça se voit. Saha a vu le jour dans la nature. Elle a d’abord été trappée pour être mise en refuge. Dans un champ, quelques jours après sa naissance. Son frère a, lui aussi, été trappé ce jour-là. Les autres membres de la fratrie n’ont pas eu cette chance, ils ont été mangés par des fouines.

Six ans plus tard, la chatte au pelage tricolore est encore méfiante. Même avec sa maîtresse. « Je ne peux toujours pas la prendre dans mes bras, pas même pour aller chez le vétérinaire. Elle a été attrapée par un filet alors elle n’aime pas être mise en cage ou transportée. » Fabienne nous explique que lorsqu’elle était bébé, Saha avait déjà peur d’entrer dans une cage. Elle n’est alors plus jamais allée chez le vétérinaire.

Cela n’empêche pas Saha de se poser contre elle dans le canapé. Elles jouent également beaucoup ensemble. « Et puis parfois, elle se pose sur son arbre à chat et elle me tend son ventre pour que je lui fasse des doudouces. » 

Saha n’est pas son premier chat. Elle a perdu les trois derniers peu après le décès de son mari. Sa tristesse se lit dans son regard quand elle parle de ses chats décédés. Au départ, elle ne comptait pas du tout adopter un chat errant. « Je voulais un adulte qui finirait ses beaux jours à mes côtés. » Alors pourquoi Saha ? Contrairement aux autres, elle accepte de rester à l’intérieur. Fabienne ne la laisse pas sortir. D’une part car elle a peur qu’il ne revienne pas, et puis à cause des renards qui rôdent dans le parc en bas de son immeuble. Fabienne et Saha ont commencé leur collocation le 24 novembre 2018. Depuis, même si l’animal semble avoir toujours du mal à sociabiliser, les deux ont tout de même réussi à établir un lien particulier.

Dans un sourire, juste avant de nous quitter, Fabienne nous lance :

Vous savez, je pense que ma vie serait beaucoup moins heureuse sans Saha. Je ne regrette absolument pas !

 

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