La connaissance scientifique concernant l’iodure de potassium résulte d’un long processus historique. Les attaques et accidents nucléaires ont encouragé la recherche à s’intéresser aux comprimés d’iode.
En 1945, le monde entier a vu les conséquences d’une bombe nucléaire. L’humanité a réalisé la puissance de cette arme de dissuasion. (©hitesh0141 sur Pixabay ; ©Wikilmages sur Pixabay ; ©BOMAZI sur Wikimedia Commons ; ©DEZALB sur Pixabay ; ©StudioKlick sur Pixabay ; ©distelAPPArath sur Pixabay ; ©SamuelFrancisJohnson sur Pixabay)
D’un point de vue technique, la première catastrophe nucléaire qui a changé les consciences n’est pas Tchernobyl mais Three Mile Island (TMI). Le 28 mars 1979, en Pennsylvanie, le monde nucléaire occidental est secoué. C’est ce qu’expliquent Pierre Govaerts, André Jaumotte et Jacques Vanderlinden dans leur livre « Un demi-siècle de nucléaire en Belgique » (Presses Interuniversitaires Européennes, 1994). Cet accident est dû à une perte d’étanchéité dans la deuxième barrière de protection de la centrale nucléaire américaine. À l’époque, aux États-Unis, l’impact psychologique était tel que 200.000 personnes ont quitté leur domicile de leur propre initiative.
Six ans plus tard, après l’accident nucléaire de Tchernobyl, les pays européens n’ont pas tous réagi de la même manière. Dans le livre « La France nucléaire : l’art de gouverner une technologie contestée » (éditions du Seuil, 2013), l’historienne et sociologue Sezin Topçu énonce les décisions européennes prises pendant le passage du nuage nucléaire.
Alors que le gouvernement français n’applique aucune mesure préventive, qu’elle soit individuelle ou collective, avant le 9 mai 1986, le gouvernement allemand n’a pas attendu pour prendre des décisions. Il est, par exemple, conseillé de nourrir les bébés avec du lait en poudre ou de laver tous les légumes frais. En Italie, début mai, la vente des légumes frais à feuilles et la consommation de lait sont interdites pour les enfants et les femmes enceintes pendant deux semaines. La vente de légumes frais en provenance des pays de l’Est est suspendue en Autriche le 5 mai. En ce qui concerne la sûreté nucléaire, deux catégories de mesures existent : les mesures préventives, pour éviter les accidents, et les mesures protectrices, qui visent à protéger des conséquences desdits accidents.
Un traitement efficace
Après l’accident de Tchernobyl, les autorités soviétiques ont rapidement préconisé la prise d’iode stable. Dans certaines communes, les comprimés ont été correctement distribués, mais cela n’a pas été le cas partout. Dans sa thèse « Histoire de l’iode, d’hier à aujourd’hui », Jordan Mulot explique, qu’en 1990, des chercheurs ont constaté une augmentation des cancers de la thyroïde chez les adolescents et les enfants de moins de cinq ans. Dans les zones où les comprimés avaient été correctement distribués, les cancers n’avaient pas drastiquement augmenté. À partir de ce moment-là, l’iode est considéré nécessaire pour sauver des personnes en cas de problème nucléaire.
En France, le comprimé d’iode a reçu le statut de médicament en janvier 1997 par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). Pour la Belgique, il est difficile de trouver une date exacte. Cependant, d’après la pharmacologue Marie-Hélène Antoine, les comprimés sont disponibles dès 1999 dans les pharmacies et, depuis le 6 mars 2018, ils sont donnés gratuitement à toute la population belge.