Ce site présente les productions des étudiant.es du Master en Journalisme de l'ULB
Université Libre de Bruxelles

Long Format

TransBelgica

JWeb ULB - chargement

TransBelgica

TransBelgica

Publié le 10-05-2016 par

Définition de la transidentité selon le glossaire de Dennis van der Veur du bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe :

Les terminologies dans la culture trans sont nombreuses et changeantes au fil du temps.« En anglais, « transgenderism »  (traduit par transidentité en français) est très fréquent pour désigner le fait de vivre – ponctuellement ou durablement – selon l’apparence et les habitudes du genre opposé ou bien le sentiment revendiqué »

La « transidentité » est une question d’identité et non de sexualité, insiste Maud Thomas, sociologue. Les « trans » peuvent avoir toutes les orientations sexuelles : ils peuvent être homosexuels, hétérosexuels, bisexuels ou asexués.

La société occidentale est binaire, elle met en avant deux sexes biologiques (mâle et femelle), deux sexes sociaux (homme et femme) et deux genres (féminin et masculin). Le sexe psychologique est le sentiment d’être une femme ou un homme, ni l’un ni l’autre (agenre) ou même intergenre (refuse la binarité de genre). La diversité typologique chez les transgenre est notable comme le souligne Maud Thomas. Le terme « transexuel » semble être le terme qui fait le plus parlé. Certains refusent de l’utiliser et le voit davantage comme une « insulte » car il peut faire référence à un terme médical faisant référence à un « trouble psychiatrique ».

Par exemple, la Drag queen n’est pas transgenre, elle exprime sa féminité à travers un personnage qu’elle a monté de « toute pièce » souligne Maud Thomas. Dans sa vie quotidienne, l’homme n’est pas féminisé. Les drag queens n’ont pas d’orientation sexuelle définie : elles peuvent être hétéro, homo, asexué, bi. On la prénomme « elle » seulement lorsqu’elle revête son costume. Dans son show, il y a une dimension esthétique et parfois de transgression de normes et du genre. Cela rentre dans la dimension politique du gender fucking. Le sociologue, Arnaud Alessandrin le définit comme  » Présent dans l’art comme dans la culture populaire sous traits d’exagérations ou de détournements des codes, le Gender Fucking se situe à la rencontre d’une critique et d’une réappropriation des normes de genre. »

Rainbow House, maison pour tous

François Massoz-Fouillien est chargé de projets à la Rainbow House, refuge de différentes associations francophones et néerlandophones LGBTQI de la région de Bruxelles. A l’occasion de la Pride qui se déroule en ce moment jusqu’au 17 mai, il a tenu a rappelé certains engagements et combats qui lui tiennent à cœur. Notamment sur la transidentité.

Viens faire un tour Chez Maman

Dans nos représentations sociales et dans notre vocabulaire coïncident en permanence les termes « mâle », « masculin » et « homme », par opposition à la série « femelle », « féminine » et « femme ». La transidentité a remis depuis longtemps en question cette affirmation binaire. Chez Maman, institution gay brusseloise qui tourne depuis 20 ans déjà, être trans est une affirmation de soi au quotidien. Madame M travaille dans le marketing, et Edna dans un poste haut placé d’une institution fédérale. Les deux amies sont de fidèles « travelottes » de la Maman trois nuits par semaine. Leurs spectacles transformistes revisitent les grands classiques de la chanson, pour le plus grand plaisir d’un public fidèle.

Alice Vasilaki, une trans-genre qui vit son rêve

Alice Vasilaki est organisatrice et performeuse au Koukles Club à Athènes, un des plus grand show transformiste d’Europe. Alice est trans-genre et n’a jamais voulu changer de sexe. Portrait d’une femme qui a souhaité garder sa propre identité et cultiver sa différence.



Crédit Photo : Alex Kat

Alice Vasilaki est née en Crête, de sexe masculin. Elle n’a souhaité révéler aucun détail sur sa date de naissance ou sur sa famille. Dès son plus jeune âge, elle commence par piquer les affaires de sa mère, se prend pour Sophia Lauren ou Brigitte Bardot, et voue un culte gigantesque à la célèbre actrice grecque Aliki Vougiouklaki.
Son goût pour l’imitation lui vient de son idole, si bien que ses amis la surnomme déjà Alice (Aliki en grec). Surnom qu’elle troquera pour son réel prénom quelques années plus tard. Pendant son adolescence elle se lance dans des études de coiffure, continue d’imiter ses idoles au grand plaisir de ses amis, et en parallèle commence à fréquenter des drag show. Son goût pour la performance et le show la fait rapidement connaître, notamment pour ses imitations très personnalisées de Cher.
Alice se trouve rapidement invitée dans toutes les soirées drag show huppés de Grèce. Son nom de scène devient Alice Vasilaki, en hommage à Alice Vougiouklaki. A l’époque en Grèce, la seule évocation du mot « gay » était taboue dans toute la société, et la jeune femme transgenre sait qu’elle aura alors beaucoup de difficultés à trouver un autre travail. Elle se concentre essentiellement sur ses performances, et se rend compte qu’elle peut faire de ses shows un métier professionnel à part entière. A ses débuts, Alice se remémore avoir subi beaucoup de discriminations dans une société très fermée. Si aujourd’hui celle-ci ne l’accepte pas encore totalement, la nouvelle génération est en train de bousculer les stigmates du passé, et Alice est plutôt optimiste quant à l’avenir des personnes « différentes » comme elle aime à le répéter.

« Je suis transgenre et cela me plaît, je vais rester comme cela car j’aime me différencier ». Alice n’a jamais souhaité se faire opérer afin de changer de sexe, tout au long de sa vie elle a gardé une seule identité, la même, la sienne. Cette identité la fait se sentir acceptée et adorée par son grand public et en même temps lui donne la possibilité de vivre son rêve, imiter ses idoles et être une star le temps d’un show.

« 24h/24 j’ai la même identité, une seule. » Même si son travail a son lot de difficultés, c’est un grand plaisir pour elle et un métier qu’elle adore. Elle considère ses autres camarades performeuses comme une grande famille, où elle se sent en sécurité. Leur plus grand défi, chaque soir est de se surpasser afin d’être meilleure que la veille. Aujourd’hui leur show au Koukles Club est un des plus réputés d’Europe, le souhait d’Alice serait qu’ils arrivent à avoir la même réputation que ceux de Berlin.

La Transidentité dans la pop culture

Souvent incompris ou marginalisés, les personnes transgenres ou transsexuels furent mal représentées dans les médias de masse. Les « trans » sont de plus en plus présents ces dernières années dans la culture populaire.

Petit récapitulatif.

2003 : Sortie de Chouchou avec Gad Elmaleh. Le film aborde à la fois l’homophobie et la transphobie à travers des personnages extravagants, travaillant la nuit dans un cabaret parisien.

6 février 2014 : Lancement de la série « Transparent » sur Amazon Vidéo. Une professeure à la retraite révèle sont identité de femme transgenre à ses enfants.

Avril 2014 : L’actrice Laverne Cox, connue pour son rôle détenue dans Orange is a New Black est la première personne transgenre a faire la couverture du Time Magazine. Elle fut nommée aux Emmy Awards comme meilleure actrice invitée dans une série comique pour Orange is a New Black.

Bruce Jenner, connu pour avoir été  le beau-père de Kim Kardashian se présente comme Caitlyn Jenner en une du magazine Vanity Fair. La Une fut reprise par de nombreuses personnalités, accompagnée d’un message symbolique fort de soutien à Caitlyn Jenner. M.A.C, une marque de maquillage réputée, va collaborer avec Caitlyn Jenner comme elle a pu le faire avec Ariana Grande ou encore Lady Gaga. Actuellement, une télé-réalité centrée sur le quotidien de Caitlyn Jenner nommé « Call me Caitlyn » est en diffusion sur la chaîne E!.

 

The Danish Girl dans un cinéma londonien

Janvier 2016 : Sortie du film  The Danish Girl retraçant l’histoire de la première femme trans, l’artiste Lili Elbe. Elle y est interprétée par Eddie Redmayne.

Les Wachowskis

Les Wachowskis

8 mars 2016 : Les réalisatrices de Matrix, les Wachowski annoncent le changement de sexe de Andy vers Lily. Sa soeur avait annoncé sa transidentité en 2010 en devenant Lanna.

La présence de transgenre dans la popculture n’est pas « un phénomène de mode » selon Stéphanie Dicot,. Selon elle, la présence de personne transgenre sera fréquent dans le futur « comme aujourd’hui avec les autres minorités ». L’identité transgenre est poussée au devant de la scène à la fois au cinéma comme à la télévision.

Madame Étienne, drag-queen des nuits parisiennes voit également un engouement pour la drag-culture dont Conchita Wurst, grande gagnante de l’Eurovision 2014 est le symbole. Cet engouement vient selon elle, des États-Unis avec le phénomène RuPaul’s Drag Race. RuPaul est l’une des reines les plus connues avec son tube « Supermodel (you better work) », elle est à l’origine du concours qui permet d’élire « la prochaine superstar drag queen » des États-Unis.

Ecole Universitaire de Journalisme de Bruxelles - ULB © 2024