En Belgique, le Refuge est la première structure d’accueil de personnes LGBTQI rejetées par leurs familles. Elle permet à des jeunes âgés de 18 à 25 ans de bénéficier d’un hébergement, d’un appui moral et psychologique, ainsi que d’un suivi administratif. Le projet est porté par l’association Midnimo et soutenu par la ville de Bruxelles qui a débloqué une enveloppe de 25.000 euros. Mais aussi par de généreux donateurs privés, entreprises comme particuliers. Lukas Dhont, le jeune réalisateur belge du film « Girl », en est le parrain.
Comme tous les jeudis, c’est jour d’atelier au Refuge. La gastronomie espagnole est aujourd’hui mise à l’honneur. Dans la cuisine, l’ambiance de début de soirée est bon enfant. Bénévoles, membres, sympathisants, invités et jeunes bénéficiaires se retrouvent autour d’un apéro-maison avant de dîner tous ensemble. « On essaie de sortir les hébergés du seul cadre administratif, pour qu’ils respirent un peu » confie Ali Deberkale, directeur du Refuge bruxellois.
Dans les cuisines, bénévoles et jeunes hébergés préparent le dîner du soir (crédit photo/Vincent Petit)
L’atelier a des airs de fête improvisée. Une énergie fédératrice emplit le lieu. Celle des rencontres faciles et naturelles, celle d’une petite famille dont les membres ont à cœur la bonne réalisation du projet.
Le Refuge, lieu de stabilité
La création du Refuge répond à une réelle demande sociale. L’intégration de personnes LGBTQI dans un refuge mixte ne se passe en effet pas toujours bien. « C’est le seul refuge pour la communauté LGBTQI. Est-ce que dans un autre service social, une personne trans pourrait s’entendre avec les autres jeunes, est-ce qu’un homosexuel un peu efféminé ça pourrait fonctionner ? Ce n’est pas pour créer du communautarisme, mais c’est malheureusement un vrai besoin» confie Ali Deberkale. Parmi les bénéficiaires, il y a aussi des exilés qui ont dû fuir leurs pays parce qu’ils y étaient menacés en raison de leurs identités. Ils pensaient être libres en Belgique, mais se retrouvent parfois à côtoyer leurs ex-bourreaux.
Comme chaque bénéficiaire du Refuge, Thibault, 20 ans, possède une histoire familiale lourde. « Quand j’ai fait mon coming-out, au début, il ne s’est rien passé. Mais pendant cinq ans, la relation que j’avais avec mes parents s’est dégradée. J’ai été délaissé, à m’enfermer dans ma chambre, à ne pas avoir à manger, à ne pas pouvoir me laver ou aller aux toilettes. Puis un jour, j’ai été mis à la porte par mes parents. Là, j’ai directement pris contact avec le refuge », explique-t-il. Un stagiaire est alors venu vers lui pour parler et l’accompagner dans ses démarches administratives. « Petit à petit, ça commence à aller mieux » dit-il, optimiste, « pour l’instant ce que je veux faire, c’est avoir un appartement. Dès que j’ai un appartement, je vais trouver un travail, j’ai déjà mon diplôme… Je veux juste reprendre ma vie en main et tout ira bien », ajoute-il.

Complices, les jeunes bénéficiaires du refuge se soutiennent mutuellement (crédit photo/Loukakis Apostoli)
L’histoire de Riley fait écho à celle de Thibault, tout en étant singulière. « Ça fait deux ans que je suis en Belgique. Avec mon petit frère, on est venus ici retrouver mon père. Au début, il n’y avait pas de soucis, je ne lui avais pas dit que j’étais gay. Mais il l’avait remarqué. Il m’a dit que si j’étais gay, je devais le lui dire, et m’a menacé de me renvoyer en Afrique. Un jour, j’ai été le voir pour lui dire la vérité. On s’est disputé. Il m’a dit d’arrêter mes manières de fille. Les problèmes ont commencé. Il appelait ses amis. Ils venaient à la maison et se moquaient de moi…».
Pour l’instant, le Refuge permet à quatre personnes d’être logées, mais en parallèle les membres aident des dizaines d’autres demandeurs. « Tous les jours nous avons des jeunes qui nous sollicitent, qui nous demandent de les aider » assure Ali Deberkale. Un projet qui est donc amené à se développer dans les années à venir.
Bruxelles n’est pas la seule ville où des associations se développent. Cailean, jeune trans, explique son rôle d’assistant social au sein de la Maison Arc-en-ciel de Charleroi.
“Le but de la Maison Arc-en-ciel est d’offrir un espace d’accueil pour les personnes qui sont LGBTQI, c’est-à-dire: gay, lesbienne, bixesuel, transgenre, Queer, intersexuel. Mais la MAC est aussi un lieu d’accueil pour les associations locales.
Dans un premier temps, nous accueillons les personnes, nous analysons leur demande, nous pouvons aussi réaliser un suivi psychosocial et parfois nous les orientons vers d’autres professionnels. Nous organisons aussi des animations, des ateliers sur des thématiques diverses.

La MAC existe depuis septembre 2016. Cependant il n’y avait personne pendant très longtemps parce que l’employé est parti rapidement. Donc il n’y avait personne pour assurer les permanences entre la fin de l’année 2016 et 2018.
Nous avons des partenariats donc il y avait des personnes qui faisaient des permanences sociales ici. Dont ma collègue qui vient de Tels Quels.
Ce qui est différent avec la Maison Arc-en-ciel de Charleroi, c’est qu’elle a été créée par deux associations qui sont Tels Quels et le CHEC.
Ce qui est super chouette avec la MAC de Charleroi, c’est que depuis le début nous avons un noyau de bénévole qui ne s’est jamais dissout, les personnes sont toujours actives.
Qui peut venir à la Maison Arc-en-ciel?
TOUT LE MONDE. Les personnes qui sont persuadées de qui elles sont, celles qui sont en questionnement ou encore celles qui connaissent quelqu’un qui fait parti de la communauté LGBTQI et qui se posent des questions. Tant que cela reste dans la thématique des identités de genres et et des orientations sexuelles, tout le monde peut franchir la porte.
Les demandes des personnes peuvent être diverses. Le renvoi vers des professionnels se produit surtout pour des personnes transgenres qui ont besoin d’endocrinologues ou des chirurgiens. S’il y a une demande, nous renvoyons aussi vers des psychiatres mais il faut savoir qu’avec la nouvelle loi, il n’y a plus besoin que les personnes transgenres consultent un spécialiste pour accéder à la transformation physique.”
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