Éditorial
Une justice équitable et compétente est indispensable au bon fonctionnement de notre société. Pourtant, en Belgique, depuis 2012, le budget consacré au système judiciaire ne cesse de diminuer. Bien qu’on ait observé une augmentation des dépenses publiques en 2016, seulement 0,22 % du PIB du pays ont été alloués à la Justice. Ce manque de financement […]
Une justice équitable et compétente est indispensable au bon fonctionnement de notre société. Pourtant, en Belgique, depuis 2012, le budget consacré au système judiciaire ne cesse de diminuer. Bien qu’on ait observé une augmentation des dépenses publiques en 2016, seulement 0,22 % du PIB du pays ont été alloués à la Justice. Ce manque de financement n’est qu’un des nombreux maux dont souffre l’institution.
Sous sa robe autoritaire, la Justice belge cache en réalité de nombreuses blessures. « Panser la justice » donne la parole aux acteurs du monde judiciaire et aux justiciables. À travers leurs histoires, nous examinons les plaies de cette institution malade et proposons des possibilités de traitements.
« Panser la justice », c’est le fruit de six mois d’enquêtes sur le terrain. Les relations entre la Justice et les médias ont toujours été compliquées. Notre projet n’a pas échappé à cette règle. Depuis janvier 2019, la censure est devenue légale en Belgique. Une circulaire relative à la communication entre les médias et la Justice prévoit en effet qu’un magistrat puisse “censurer inconditionnellement le contenu d’un reportage.” Refusant de signer une convention imposée par cette circulaire, trois étudiantes de notre promotion se sont vu obligées de renoncer à leur tournage dans un commissariat. Nous comprenons l’importance du secret de l’instruction, cependant, nous ne pouvons accepter qu’un contrôle soit exercé sur nos productions.
Nous nous devons, en tant que journalistes et au nom de la liberté d’information et d’expression, de la refuser, de la dénoncer. Le secret de l’instruction est un des piliers de la Justice, mais la censure ne doit pas devenir le seul moyen de le protéger.
Autrement, comment pourrions-nous exercer notre profession et “porter la plume dans la plaie” ?