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Anderlecht : les opposés s’acceptent

Publié le 16-03-2017 par

À Anderlecht, les partis politiques sont au nombre de dix. Outre les partis comme le MR et le PS, on observe la présence de partis plus minoritaires comme I.S.L.A.M. et le Vlaams Belang. Anderlecht est d’ailleurs la seule commune où ces deux partis cohabitent. I.S.L.A.M. a deux élus à Bruxelles, un à Anderlecht et l’autre à Molenbeek. Le Vlaams Belang n’a lui qu’un seul représentant, Louis Bogemans. Ils ont chacun un élu au Conseil de la commune. Nous nous sommes intéressés à leur rôle politique, à la portée de leurs actions ainsi qu’aux raisons de leur présence.

Redouane Ahrouch siège au Conseil communal d’Anderlecht depuis les élections de 2012. Il est peu dire qu’il a reçu la confiance des votants, avec un score de 1 446 voix, ce qui représente 3,24 % des voix, le faisant arriver en 6ème position sur 50 candidats. C’est la première fois que le parti, dont il est le fondateur, est représenté au Conseil.

Si l’on comprend directement la référence à la religion, il faut être plus curieux quand à la signification de ces cinq lettres. I.S.L.A.M. c’est surtout les initiales d’ « Intégrité-Solidarité-Liberté-Authenticité-Moralité ».

« Nous sommes des élus indépendants. D’ailleurs nous souhaitons dans le futur nous ouvrir aux non musulmans mais nous devons d’abord nous atteler à la dédiabolisation du mot Islam.  Ça faisait pas mal d’années que je voyais des élus musulmans qui ne pouvaient, ou n’arrivaient pas à s’exprimer. Avec le parti I.S.L.A.M., l’avantage c’est qu’il n’y a pas « d’état-major », ce qui nous permet de nous exprimer en pleine âme et conscience.»

Le jeu de la démocratie

Face à un pluralisme très présent dans la commune d’Anderlecht, les partis doivent redoubler d’efforts pour se faire entendre. Le Vlaams Belang représente une partie de l’opposition au Conseil communal : il a recueilli près de 500 voix aux dernières élections communales. Pour Louis Bogemans, il est impératif de représenter ses électeurs, d’autant plus que c’est le seul conseiller du Vlaams Belang sur les 19 communes bruxelloises.

Du côté d’I.S.L.A.M., leur présence est en partie due aux profils des habitants. Au 1er janvier 2015, 36 325 personnes, soit 31 % de la population anderlechtoise, ont une nationalité étrangère. Parmi ces personnes, 17 % sont ressortissantes de l’Afrique du Nord et 10 % de l’Afrique Subsaharienne. Avec environ 5500 ressortissants du Maroc à lui seul. C’est donc une population hétéroclite qui souhaite se faire représenter au Conseil.

À la question sur la difficulté de se retrouver dans une majorité qui n’est pas la sienne, M. Ahrouch assure qu’il soutient la majorité dans la plupart de ses actions. Il insiste sur le fait qu’il n’est pas là pour mettre des bâtons dans les roues du Conseil, mais surtout pour faire entendre les voix de ses électeurs. « Je vote en faveur d’environ 80 % des mesures proposées par la majorité. Pour 10 % d’entre elles, je m’abstiens, pour les 10 % restants, je vote contre. »

Une cohabitation nécessaire

Quand on lui pose la question de la cohabitation avec Louis Bogemans, l’élu du Vlaams Belang, il se fend d’un sourire. « Ce n’est pas vraiment un parti d’extrême droite. En tout cas il ne cherche pas à lever une communauté contre l’autre. Il sait qu’il est seul donc il tente de faire ce qu’il peut, mais à son niveau. »

Du côté de Louis Bogemans, conseiller du Vlaams Belang à Anderlecht, la cohabitation entre les partis doit être de mise.

« Je suis un fervent défenseur de la démocratie et le pluralisme en est une pierre angulaire. Même si la démocratie englobe une multitude de notions, la représentation de différents partis est indispensable au bon fonctionnement de la vie politique. »

À propos du parti I.S.L.A.M., Louis Bogemans est tout de même clair. « Pour moi leur programme n’est pas démocratique, le parti ne devrait pas exister. Mais le conseiller prend du recul quant à leur présence dans le paysage politique. Qui suis-je pour affirmer qu’ils n’ont pas de droit de parole ? Si le parti a été autorisé, il a le droit d’être représenté. »

La montée en puissance de la N-VA

Le conseiller affirme que leur présence au Conseil n’a aucun lien avec la commune de Dilbeek, côté flamand. Mais il reconnaît que l’influence de la N-VA est en partie responsable de leur récente perte d’électeurs, à Anderlecht comme à l’échelle fédérale. Le Vlaams Belang comptait trois conseillers communaux suite aux élections de 2006. Après celles de 2012, Louis Bogemans est le dernier à siéger au Conseil. Au total, cela représente une perte de près de 1 000 voix entre les deux élections. « Les évolutions économiques et politiques impliquent des variations dans l’électorat. Et puis avec le boom démographique qu’a connu Anderlecht, les jeunes se tournent davantage vers la N-VA que vers le Vlaams Belang. » Malgré cette baisse de popularité, Louis Bogemans affirme de nouveau que le parti est ouvert à tous, et surtout aux jeunes.

Anderlecht possède donc un conseil communal qui arrive à cohabiter malgré leurs différences, à l’image de sa population.

Maureen HORLAIT, Éléonore LOISEL, Ophélie MAILLOT et Aurélie VANWELDE

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