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Un référendum étranger qui intéresse aussi les Turcs de Saint-Josse

Publié le 16-03-2017 par

D’après les statistiques, les habitants de Saint-Josse-ten-Noode sont près d’un sur deux à avoir des origines turques. Leur pays d’origine et son président  Recep Tayyip Erdogan font parler d’eux en Europe ces derniers temps. Le vote du référendum, la crise diplomatique avec les Pays-Bas, les propos osés du « Sultan » contre l’Occident… Que pensent les Turcs qui habitent à Saint-Josse ?

Les rues de la « Petite Anatolie » sont sereines, les habitants sont en paix mais loin, dans la terre d’origine de certains, l’approche d’un référendum fait monter la tension entre Orient et Occident. Certaines conversations que l’on peut entendre en se faufilant dans les ruelles de la petite commune font référence à ce référendum, un moment crucial qui déterminera l’avenir de tout un pays et celui de toute une communauté. Le président turc souhaite vivement changer la Constitution et le régime en place et pour cela, il aura recours à une consultation populaire le 16 avril prochain. Les Belgo-turcs aiment discuter de la politique turque.

Ramazan, un belgo-turc résident de Saint-Josse, annonce qu’il votera « non » au référendum parce qu’il est partisan d’un parti d’opposition. Mais le nombre de ceux qui voteront « oui » n’est pas à sous-estimer, parmi plusieurs personnes interrogées, seul cet homme fait part de son avis négatif.

« Oui » au référendum ne signifie pas forcément « oui par amour d’Erdogan »

L’administratrice d’une asbl turque située sur la chaussée de Haecht met l’accent sur l’amour de son pays d’origine. « Je voterai pour le « oui » mais ce n’est pas pour autant que je suis pro-Erdogan, je suis pro-Turquie ».  Un étudiant en relations internationales, belge d’origine turque, rejoint l’administratrice « Je suis pour le oui, c’est pour le bien de la Turquie, pas pour Erdogan. En juillet dernier, nous avons été menacé par un putsch, il faut rétablir l’ordre et ce ne sera possible qu’avec la nouvelle Constitution où 18 articles changent ».

Il n’y a aucun problème entre les Turcs et les Kurdes à Saint-Josse

Quelques mois après les attaques commises par les turcs pro-Erdogan contre l’institut kurde à Saint-Josse, les membres de la communauté turque affirment qu’ils n’ont aucun souci avec le peuple kurde. Le problème du PKK, la plaie saignante de la Turquie, ne sème pas la haine entre les deux communautés. L’administratrice de l’asbl souligne qu’il ne faut pas faire d’amalgames entre le « le groupe terroriste PKK et les kurdes », la femme poursuit « il n’y a pas de conflit entre les deux peuples, c’est avec le PKK qu’il y a un problème ». Béatrice Meulemans, l’échevine aux affaires néerlandophones, aux cultes et à la cohésion sociale de Saint-Josse-ten-Noode : « Nous au Collège, on ne cherche pas le débat, et les Kurdes et les Turcs ne vivent pas dans le même quartier : les Kurdes vivent plutôt autour de la place Saint-Josse, et les Turcs vers la chaussée de Haecht».

La crise diplomatique avec les Pays-Bas a aussi irrité les Turcs de Saint-Josse

Suite à la crise entre les Pays-Bas et la Turquie provoquée par l’interdiction de meetings de deux ministres turcs pour prôner le vote du « oui » au Pays-Bas, les Turcs de Saint-Josse sont majoritairement mal à l’aise. Une commerçante fan d’Erdogan pense que les évènements qui ont eu lieu sont inacceptables, elle parle d’atteintes à la liberté d’expression. L’administratrice de l’asbl, elle aussi, n’apprécie pas la position néerlandaise. Quant à Ramazan, ce sont surtout les propos d’Erdogan traitant les européens de « nazis et de fascistes » qui l’énervent.

Emir Kir est fort proche de la communauté turque

Le Bourgmestre Emir Kir, l’archétype du Belgo-turc,  ne manque pas de rendre visite à ses concitoyens. Il est le seul bourgmestre musulman d’origine turque en Belgique.

Crédits photo : @Commune de Saint-Josse

Celine Arnould, Busra Karaboga, Jamison Lins, Hugo Littow

 

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