La foi catholique ne semble plus toucher la jeunesse aujourd’hui. Pourtant, certaines associations de jeunes ou événements religieux regroupent encore des dizaines, voire des milliers de 15-35 ans. Les JMJ (les Journées mondiales de la jeunesse) organisées chaque année dans une ville différente par l’Eglise catholique enthousiasment des centaines de milliers de visiteurs. Un grand moment que nombreux décrivent comme « une reconnexion avec leur foi. » « Une période décisive » même, comme pour l’Abbé Emmanuel De Ruyver, qui ressenti l’appel de Dieu lors d’une de ces journées. Cette dimension collective, que lui a aussi offerte le scoutisme, l’a fait « grandir dans sa foi« , explique-t-il, et il n’est pas le seul. Se regrouper avec d’autres jeunes catholiques est, pour beaucoup, un réel moteur pour retrouver confiance en ses convictions religieuses. « Je me rends compte qu’au final, je ne suis pas toute seule, je ne suis pas folle ! » rigolait Blandine de l’aumônier d’Alma.
L’incompréhension et les doutes
Pour la plupart, leur religion, ils ne la vivaient, au début, qu’en suivant leurs parents à l’Église. C’est en parlant avec d’autres personnes de leur âge que ces jeunes ont pu vivre pleinement leur foi. » Avant, ce n’était pas simple de se revendiquer catholique, on ne faisait que suivre « , explique Blandine. Ils ont souvent été confrontés à une incompréhension de la part de leurs amis, mêlée à un soupçon d’étrangeté. Se retrouver avec d’autres catholiques pratiquants leur a permis de pouvoir parler de leur religion, de répondre à leurs questions, et finalement, en rassurer plus d’un sur leurs convictions. » Ce n’est pas facile de vivre sa foi tout seul, il nous arrive plus facilement de douter » exprimait Raphaëlla, 22 ans, de l’aumônier de Flagey. Aziza, la sous-directrice de Pôle Jeunes, association de jeunes catholiques, explique : « Quand on est tout seul dans un groupe à essayer d’affirmer une certaine idée, c’est très difficile. On doute plus facilement de soi quand on est en minorité. » A force de se sentir jugée, la jeunesse catholique semblait préférer la discrétion. Une situation qui a peu à peu évolué grâce à certains groupes de parole. Les catholiques arrivent plus facilement à affirmer leur religion. C’est le cas du groupe fondé par Mélanie, Flavio et Joachim, du cercle des Romanes à l’ULB. Pourtant, ensembles, ils représentent un cas particulier. Ces trois étudiants ont chacun une religion différente. Mélanie se convertit au Judaïsme, Joachim est de confession protestante, et Flavio croit en la religion catholique. Ensemble, ils échangent leurs points de vue et apprennent les uns des autres, ce qui n’a absolument pas pour effet d’amoindrir leur foi, bien au contraire.
“After-messe” au kot
Demandez à un catholique « pourquoi se réunir?« , il vous répondra : « un chrétien seul est un chrétien en danger. » Cette philosophie, on la retrouve dans les kots à projets catholiques de la Capitale belge et d’ailleurs. Ce sont des colocations dans lesquelles étudiants ou jeunes travailleurs se réunissent pour des temps de prières quotidiens, ou s’organisent afin de se rendre à la messe et à la paroisse. Plus qu’assister aux moments de cultes, ces « cokoteurs » les organisent activement. Entre chorale, psaume et « after-messe », il n’y a pas de quoi s’ennuyer. « La messe devient belle parce que tout le monde s’en occupe » s’enthousiasme Raphaëlla. Cette participation pro-active des jeunes croyants est l’une des raisons pour laquelle la messe devient alors plus attractive pour les moins de trente-cinq ans.
« Les kots à projets, » selon Martin, ancien cokoteur, « favorisent l’expérience communautaire avec d’autres jeunes sur le plan spirituel grâce au projet de porter une paroisse et une messe. » L’aspect spirituel se retrouve aussi dans la prière collective. Chez Raphaëlla, « il a été difficile d’instaurer la prière matinale pour des soucis de grasse matinée, » raconte-t-elle, « mais nous faisons la prière avant de manger. » Vivre entre jeunes catholiques, ce n’est pas seulement prier, c’est aussi se mettre chacun au service des autres, expliquait Martin. Une fois par mois, un assistant de la paroisse vient également les voir. Un moment pour la lecture des textes et pour le questionnement. Rentrer dans ces colocations demande un réel engagement. Les candidats doivent passer un entretien devant le prêtre pour montrer leur motivation. C’est en général une bonne expérience pour la plupart d’entre eux.
Malheureusement ce n’est pas toujours le cas. A Louvain-la-Neuve, au kot Don Bosco, tenu par des soeurs, l’ambiance n’est pas toujours au beau fixe. Thomas, ancien résident, raconte : « certains colocataires ont été obligés de partir. Par exemple, un gars touchait le CPAS et n’a plus été capable de payer, il a dû partir. Certains pratiquent la foi mais ne sont pas ouverts à d’autres visions. Je trouve qu’aider les gens devrait être une des priorités, ça ne l’était pas. Je suis parti pour toutes ces raisons. » Finalement cette expérience n’a pas changé la Foi de Thomas, mais il ne souhaite plus autant s’investir.
Pour une majorité de ces jeunes catholiques, la colocation a été, ou est encore, une expérience positive. Des amitiés durables s’y sont créées et régulièrement, les soirées y battent leur plein.