Les morts du commun

Nathan Barbabianca, Salwa Boujour, Leila Fery et Adrien Giraud

Les morts du commun

Les morts du commun

Nathan Barbabianca, Salwa Boujour, Leila Fery et Adrien Giraud
Photos : Leila Fery et Adrien Giraud
Enquête sur le coût de la mort

La mort c’est l’expérience ultime. Le climax d’une existence. Faudrait pas passer à côté. C’est le moment qui justifie tous les autres. Chanceux que nous sommes : nous allons tous mourir.

Egaux donc ? Et bien non. L’expérience est onéreuse. Pour soi, comme pour les proches, c’est bien souvent un investissement conséquent. Un budget qui part en fumée. Dès lors pour les gens du commun, la mort devient un luxe. Certains choisissent de sacrifier une part de leurs économies. D’autres, que l’on nomme indigents, font le choix d’y renoncer.

Le prix de l'au-delà

© Leila Fery

Nous serions tous égaux après avoir passé l’arme à gauche. Enfin, tous égaux, façon de parler ! Il faut compter entre 3000 et 5000 euros pour des obsèques sur le territoire belge. Trouver une telle somme dans les jours qui suivent la disparition d’un proche peut s’avérer difficile.

La mort, comme chaque composante de notre société, a un prix. Un prix qui évolue selon la capacité de la famille endeuillée à payer encore et toujours plus, pour des services complémentaires qui jouent sur l’émotion et l’envie de rendre un hommage décent à l’être aimé. Nous nous sommes rendus à l’État Civil de la commune d’Ixelles afin de déchiffrer les multiples frais que peuvent engendrer un décès. Les journalistes n’étant pas les bienvenus, en tout cas sur ce sujet, nous nous sommes fait passer pour une famille dont l’oncle, Fabrice, venait de mourir. Une fois au guichet, on nous explique sur un ton très concis, presque machinal : « Vous devrez payer 1200 euros pour ce qui est des services fixes. Ils comprennent le transport du défunt, les soins s’il y en a, les formalités administratives, la mise en bière ainsi que la location du corbillard. S’il s’agit d’une crémation, vous devrez rajouter 500 euros. » À cette somme se greffe ensuite tout un panel d’options payantes. Nous avons simulé ces coûts additionnels lors d’un entretien téléphonique de plus d’une demi-heure avec le Centre funéraire Dethier, à Liège.

Frais additionnels
Infogram

Il en va de la nécrologie (500 euros si elle est nationale, 250 euros en région), au bijou de mémoire (250 euros), en passant par la location du lieu de cérémonie (250 euros respectifs pour l’Église et le Centre funéraire). En optant pour la totalité des offres, l’addition se révèle salée : 2375 euros. Cette cascade de dépenses soulève selon nous une question de fond : y’a-t-il une hiérarchie sociale même chez les morts ? Il est évident que chacun veut ce qu’il y a de mieux pour un défunt proche, mais tout le monde ne peut pas s’offrir le moindre des services proposés.

 

L’au-delà a aussi ses VIP

En se perdant dans les allées du cimetière d’Ixelles, on remarque aisément des tombes plus belles que les autres. Au fur et à mesure que nous progressons sur le terrain, nous croisons des croix cassées au sol, de la moisissure sur les plaques ou des pierres fissurées. L’emplacement, la taille, l’entretien, la qualité du marbre ou encore le lettrage sont autant de caractéristiques qui font grimper l’addition. C’est ce que nous confie Jeannine, une octogénaire ixelloise venue rendre visite à son mari, décédé un an plus tôt : « J’ai dû attendre six mois pour offrir une pierre tombale décente à mon homme, et encore, je ne vous parle pas du prix des cercueils ! »

Ces propos, plutôt crus, nous poussent à franchir le seuil des pompes funèbres Michel, à Schaerbeek, le jour-même. Nous y sommes reçus chaleureusement par le gérant, Jean-François Michel. Il tient à nous détailler sa gamme : « Les prix de nos cercueils oscillent entre 1600 et 3600 euros. Notre produit le plus cher résiste beaucoup mieux dans le temps que l’offre classique. Nous nous efforçons avant tout de proposer des formules adaptées à toutes les bourses. » Des bourses qui rentrent dans la fourchette de vente malgré tout. La mort est, en effet, un business comme un autre, où l’argent seul définit les règles.

Le lendemain, non loin de là où nous nous étions quittés, c’est avec un grand sourire et une délicieuse odeur de crêpes que Jeannine, en véritable mamie gâteau, nous ouvre la porte de sa maison. Quelques galettes et un thé aux myrtilles plus tard, la veuve se livre : « Je n’allais plus rendre visite à mon mari, cela me faisait de la peine de voir sa tombe sans marbre. Heureusement que ma fille est présente pour m’aider car avec mes 1200 euros de pension, j’aurai sans doute été contrainte de brader la mémoire de celui avec qui j’ai été mariée plus de 60 ans. C’était tout bonnement inconcevable ! Maintenant, il faut encore payer pour le nettoyage et le droit de rester enterré à cet endroit. » Le forfait d’entretien de la tombe et le forfeit à l’emplacement sont d’autres aspects à prendre en compte. Les caveaux des mauvais payeurs sont fréquemment vidés et la terre retournée, comme s’ils étaient devenus de simples indésirables.

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Pour voir sa place assurée pendant 15 ans, il faut prévoir en moyenne 630 euros. 2450 euros pour 50 ans. Un caveau coûtera, lui, la modique somme d’environ 8350 euros. Et pour finir en beauté, un enterrement dans une commune où vous n’êtes pas domicilié vous vaudra une majoration spéciale allant de 100 à 200%. Génial, non?

En plus des coûts fixes, du prix du cercueil, des options additionnelles et de l’entretien, s’ajoute un aspect souvent méconnu : les frais administratifs. Ils varient en fonction des communes, que nous avons tour à tour contactées pour comparer les offres.

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Le panel est fort contrasté avec des prix qui vont de 0 à 202 euros, pour une moyenne de 90 euros. Ainsi, mieux vaut être pauvre à Evere, Ganshoren, Koekelberg ou Bruxelles-Ville plutôt qu’à Jette ou Woluwe-Saint-Lambert. La réalité est plus complexe qu’il n’y paraît, l’État Civil de Molenbeek nous avoue : « Chaque commune a une façon différente de faire les choses, ce qui rend difficile les comparaisons. » Si mourir à Jette s’avère être administrativement onéreux, les frais des obsèques à Bruxelles-Ville équilibrent la balance et vont même jusqu’à la dépasser. Vous l’aurez compris, le marché de la mort est un casse-tête difficile à visualiser de façon limpide. Une seule chose est sûre : il faut passer à la caisse !

© Adrien Giraud

C’est une plaine balayée par le vent. 
Au fond du cimetière d’Ixelles, loin des belles sépultures en granit. Les pauvres sont enterrés là.
 Plusieurs dizaines de tombes éparpillées dans un champ.
Nous descendons le chemin de terre. Une petite dame âgée remonte la pente dans notre direction.
 Elle pousse péniblement son chariot de course. Madame Bachy a 87 ans. Dès qu’il ne pleut pas, elle traverse le cimetière pour se rendre sur la tombe de son mari.

 

Pour une immersion totale au cimetière, lancez la vidéo en plein écran…

© Leila Fery (photographies) et Adrien Giraud (montage et photographies)

Des pauvres parmi les pauvres

© Leila Fery

Parmi les pauvres, il y a aussi des pauvres. Des plus pauvres, donc. Autrement appelés des « indigents ». Ils sont sans ressources ou alors disposent de ressources insuffisantes pour couvrir leurs besoins élémentaires.

Une fois n’est pas coutume, les indigents ont droit à un traitement de faveur. Une faveur postmortem inscrite dans la loi belge. Un petit tour sur le site du Moniteur belge nous en apprend davantage sur la législation en vigueur. En effet, l’article 15 de la loi du 20 juillet 1971 stipule que « La mise en bière et le transport des corps des indigents se font gratuitement et d’une manière décente ». Concrètement donc, si personne de la famille du défunt n’a les moyens financiers d’organiser les funérailles, l’autorité communale le fera à ses frais.

Les communes sont dans l’obligation légale d’enterrer gratuitement les indigents. Bien. Mais nous sommes en droit de nous poser les questions suivantes : les conditions sont-elles toujours dignes ? L’enterrement est-il au rabais ?

Pour répondre à nos interrogations, nous avons contacté le Centre Funéraire de Bruxelles qui assure que « ce ne sont pas des funérailles discount. Les prestations ne sont pas low-cost. On ne fait pas de distinction. On utilise les mêmes corbillards. Et aussi il y a un recueillement. Ce qui change, c’est la décoration. Vous voyez, les plaques funéraires, les fleurs, les pierres, tout ça. Il y en a moins. C’est plus sobre ».

 

Sur le terrain, un tout autre son de cloche.

Au premier coup d’œil, les cimetières regorgent souvent d’ornements. De grandes pierres tombales, des bouquets de fleurs, des portraits de défunts encadrées dans de jolis cadres dorés, à foison. Si l’on poursuit la marche dans les allées de gravier, si l’on ose s’aventurer encore un peu plus loin, alors l’on découvre, parfois sur un talus en pente, toujours à l’écart, le carré des indigents. Une parcelle distincte, à part, sur le côté. Une étendue de terre où se dressent des croix en bois. Certaines portent le nom du défunt, d’autres non. Ici, aucune fioriture. Simplement un coin de pauvres. Le stigmate, même dans l’au-delà. Et pourtant, des voix associatives (l’Association pour l’Inhumation et la Crémation, ainsi que le Collectif des Morts de la Rue) tiennent à rappeler que les cimetières publics sont tenus au principe légal de la neutralité : « Le propriétaire ou le gestionnaire public reste tenu […] d’observer une parfaite neutralité. Il lui est dès lors interdit d’orner les parties communes du cimetière de signes ou objets quelconques caractéristiques d’une conception religieuse ou philosophique ». Ainsi, pour ces associations, la neutralité ne doit pas uniquement être d’ordre religieux ou philosophique, mais doit également comporter la distinction sociale. Pas de coin d’infortune possible. Tout le monde devrait être logé à la même enseigne.

Nous poursuivons dans les dédales de notre enquête. Au détour d’un point d’eau, se trouve Eric, un râteau à la main. Il travaille dans un cimetière bruxellois. Il veille sur les morts, en quelque sorte. Sur sa vingtaine d’années d’entretien des allées du cimetière, Eric a assisté à des centaines d’enterrements d’indigents. Le tableau qu’il dépeint est bien différent du message des pompes funèbres.

« C’est un manque de respect, c’est tout. La personne est morte. Elle est pauvre, et alors ? Indigente, qu’on dit. Mais ça change quoi ? Elle a droit à être bien traitée. C’est ça, c’est un mauvais traitement ».

Eric fait également état d’une cérémonie impersonnelle, standardisée. Il poursuit : « Ca me rend triste. Vous savez, j’imagine parfois que quelqu’un de sa famille est encore vivant. Je pense à lui. Je me dis qu’il serait triste de voir que son cousin, ou je sais pas, sa tante… Enfin, il serait triste d’être là face à un tas de terre ».

 

Le vécu des proches

Justement, comment cela est-il vécu par les proches ? Le vécu de Pierre est un exemple éclairant. Il nous conte l’histoire d’un de ses amis. Décédé et indigent.

« Des dettes à n’en plus finir, puisque plus ou moins trois ans d’hospitalisation sans aucune intervention mutuelle et sans aucun revenu. Lors du décès, personne évidemment n’a voulu prendre la succession. Donc obsèques d’indigent, avec pour nous une difficulté supplémentaire : n’ayant aucun lien légal, et bien qu’étant les seuls à se soucier de lui, nous recevions les infos au compte-goutte ».

Une nouvelle difficulté surgit dès lors : si l’indigent n’a pas de famille, il semble qu’il ne puisse pas non plus faire valoir ses amitiés. Pas de lien familial, pas de possibilité d’obtenir des informations sur la mort d’un proche. Une dose de solitude supplémentaire. Une entrave au processus de deuil. Le cas de Pierre et de son ami finit par obtenir une issue plus ou moins favorable : « En définitive, nous avons quand même pu connaître les pompes funèbres en charge. Le gars était gentil, il était prêt à nous laisser l’organisation totale au coût « indigent », mais ça dépassait encore les 1000 euros. On n’a pas eu le choix du jour, ni de l’heure, mais on a pu faire une courte cérémonie dans la morgue du cimetière, et il était quand même entouré pour son dernier voyage ». Un petit soulagement. Un répit. Mais de courte durée seulement. Après l’enterrement et le deuil émerge encore la question du renouvellement de la concession. A condition d’avoir les moyens, une fois plus. « D’ici 2 ans et demi se posera la question de la suit : ossuaire ou nouvelle concession ».

L’inégalité persiste, jusqu’au dernier trépas. La discrimination continue de régner entre le commun des mortels et les indigents.

La mort des «sans»

© Leila Fery

Sans- abris, sans famille, sans amis, sans amour, sans argent. Comment meurt-on quand on est seul ou à la rue? Quel enterrement pour les « sans »? Un enterrement décent, c’est la quête que poursuivent l’Association pour l’Inhumation et la Crémation et le Collectif Morts de la Rue.

Des associations bruxelloises se sont donné pour mission de lutter contre l’indifférence, la ségrégation, afin d’offrir aux personnes les plus dénuées un enterrement dans la dignité. Pour le Collectif Morts de la Rue, la solidarité va au delà de la mort. Un apostolat: permettre aux sans-abris ou aux personnes anciennement sans-abris de bénéficier d’un enterrement digne.

« Nous refusons que les gens soient seuls et anonymes, même après la mort » indique Florence Servais, coordinatrice du Collectif Morts de la Rue.

Le Collectif s’informe de la mort des sans-abris qui décèdent en rue afin de communiquer la douloureuse nouvelle aux proches du défunt ou à son réseau informel, c’est à dire aux autres habitants de la rue ou aux secteurs d’aide aux sans-abris. Le Collectif profite d’un contact privilégié avec les services communaux, c’est ainsi qu’ils apprennent la mort des SDF. Parfois, ce sont les habitants de la rue eux-mêmes qui informent le Collectif d’une mort. Un Collectif d’ailleurs composé d’une multitude de profils: sans-abris, citoyens, travailleurs sociaux… tous y mettent corps et âme afin que les âmes parties trop tôt, partent dignement, même sans argent.

 

Seuls et sans-abris

Le Collectif épaule les familles en les mettant en lien avec des pompes funèbres sensibles à leur cause. Ces pompes funèbres proposent des tarifs réduits pour les gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir un cercueil de luxe pour une croisière sur le Styx. Pour les croyants, le Collectif prend soin de mettre en lien les familles avec des représentants religieux. Avec un maigre budget annuel de 1500 euros, le Collectif ne participe pas au financement des funérailles. Ils apportent toutefois leur contribution matérielle en offrant des bougies, un cadre photo, un café après l’enterrement… explique la Coordinatrice. Quand il n’y a personne, des bénévoles prononcent quelques mots, un poème, basés sur la personnalité des sans-abris décédés. Les membres du Collectif apporte leur présence, rendent son humanité à une cérémonie sans personne. Une cérémonie annuelle a également lieu à l’hôtel de ville. Un hommage à chacune de ces personnes restées en marge de la société afin de leur redonné une place dans la réalité.

Un parcours non-linéaire jusque dans la tombe, les SDF vivent des périodes très variables. Une fois la rue, puis l’hôpital et quelques lieux d’hébergement… en bref, un quotidien « sans » certitude. En 2016, le Collectif a recensé 72 décès, plus d’un décès par semaine, donc. Quarante de ces personnes avaient la rue comme domicile au moment de leur décès. Un chiffre qui bien-sur ne recouvre qu’une partie de la réalité, le nombre réel des décès demeurant inconnu. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la vie en rue n’est pas dangereuse qu’en hiver. Suicide, agressions, maladie, malnutrition… telles sont les conditions de vie des sans-abris. Des conditions de vie extrêmes faisant que les décès s’étalent sur toute l’année.

 

Motivations et revendications

« La motivation pour poursuivre cette quête? Ça remonte à 2004 lorsque la police a découvert les corps de deux personnes sans-abris à la Gare du Midi » raconte Florence Servais. Ces corps n’étaient plus identifiables, l’un en état de momification, l’autre de décomposition. Le dernier sans abris aurait attendu son heure auprès du corps de son compagnon après qu’il ait été frappé par la mort. Révolté, le secteur d’aide aux sans-abris descend dans les rues et crie au droit au logement. La coordinatrice du Collectif, se souvient d’un moment intense: les membres d’une association portaient un cercueil avec écrit « enfin un domicile fixe »

« Un groupe de personne avait réalisé une liste reprenant le noms des sans-abris décédés et l’a lue en public », poursuit-elle.

C’est là qu’une véritable prise de conscience a lieu: des gens meurent en rue et personne n’est au courant. « Il y en avait vraiment beaucoup, ce n’était plus des faits divers mais bien des faits de société » insiste Florence Servais. C’est donc une découverte macabre et des revendications sociales qui ont donné naissance au Collectif et à leur combat pour un enterrement et des funérailles dignes.

 

Un service minimum

L’Association pour l’Inhumation et la Crémation (AIC) oeuvre également dans le but d’offrir des prestations funéraires à prix réduits. D’après Monsieur Heirbrant, à la tête de l’ASBL, les personnes n’ayant pas les moyens de financer un enterrement représentent 30 à 35% de la population. En plus d’une entraide des amis, des voisins… qui peuvent réaliser une récolte de dons, l’AIC fait en sorte d’offrir un enterrement digne. Comment? Grâce à un réseau de connaissance dans le milieu permettant des services gratuits, tels que la bénédiction d’un curé, un cercueil des plus simples, un corbillard… Bref, un service minimum.

150 enterrements par an sont réalisés par l’intermédiaire de l’Association. « Ils sont tous différents, c’est chaque fois une autre famille, chaque fois un autre problème, une autre commune, explique M. Heirbrant ». Les requêtes de certaines familles sont parfois irréalisables.

« On ne peut pas répondre à toutes les demandes, on nous a déjà demandé une dispersion en mer mais c’est impossible car trop couteux et la procédure est fastidieuse. Il faut louer un bateau, remplir des documents etc », regrette M. Heirbrant.

Ils essaient néanmoins d’accéder aux derniers voeux, de permettre le rite choisi par la famille, le défunt. « On veut un enterrement digne! Un enterrement digne, c’est le nom sur le cercueil, une cérémonie catholique pour un catholique, et autre chose pour les autres croyances! C’est avoir le dernier adieu qu’ils veulent! », voilà la conception d’un enterrement dans la dignité selon Monsieur Heirbrant.

Une tâche laborieuse car aucun subside n’est octroyé par l’Etat. « Pas un radis !» insiste l’homme. C’est en effet avec un budget familial que les services sont prévus. « Mon père et moi y avons mis notre propre porte-feuille et de nos jours, ce n’est pas facile d’avoir des volontaires qui travaillent gratuitement », déplore-t-il. Lorsqu’on lui demande combien, M. Heirbrant reste peu loquace et murmure: « Ca, c’est privé mais pas beaucoup en tout cas ».

Il est donc possible d’aller à l’encontre du business de la mort. Malgré la solitude, l’isolement et le dénuement, des associations vous aide à avoir un enterrement décent. Sans- abris, sans famille, sans amis, sans amour, sans argent, un micro budget ultime pour un aller simple au royaume des morts.