La première étape de notre voyage culinaire nous a conduites jusque dans les cuisines de deux jeunes chefs français. Après être passés derrière les fourneaux, nous sommes allés à la rencontre d’un critique gastronomique. Portraits.
Fabien Mayer a travaillé pendant cinq ans pour le semi-gastro, l’Ogenblik, dans le centre ville de Bruxelles. Malgré son implantation dans la capitale belge, seul le plat du jour était parfois belge. Fabien l’explique : « ici, on recevait surtout des belges, et eux, ils viennent pour découvrir des plats venus d’ailleurs en général ».
Quelle que soit la qualité de l’établissement, dans les quatre cuisines bruxelloises dans lesquelles a travaillé le jeune français de 28 ans, la référence a toujours été la gastronomie française. Cependant, son nouveau patron des Halles Saint Géry lui a demandé, il y a quelques mois, de refaire la carte pour y mettre à l’honneur des stoemps, une spécificité belge. L’idée est de garder la recette classique mais d’y ajouter des ingrédients originaires du monde entier, on trouve donc des stoemps à l’asiatique, ou encore à l’espagnole.
Sébastien Lassu est arrivé il y a six ans en Belgique. Il a travaillé dans deux restaurants différents. Tout d’abord à Place de Londres, attirant de par sa position géographique de nombreux travailleurs de l’Union européenne, et depuis un an, Sébastien est chef cuistot au Pinpon sur la place du jeu de balles, dans le quartier des Marolles. Cette place est connue pour son attractivité touristique, cependant, la cuisine proposée au Pinpon est plus méditerranéenne que belge. Sébastien explique : « Les chefs ont toujours été français ici, ça a toujours été une référence ici ». Depuis peu, Sébastien essaye de remettre au gout du jour les plats belges en y ajoutant une touche de fraîcheur française, de quoi mettre d’accord les touristes en soif de découvertes culinaires belges et les locaux plus attachés à la nourriture d’ailleurs.
Depuis trois ans Fabrice tient un blog de critique culinaire. Passionné de gastronomie il commence à rédiger des critiques un peu par hasard : « Ça commence toujours par hasard, on poste une photo d’une assiette avec un petit texte et les gens apprécient alors on continue ». Sa particularité c’est qu’il est totalement indépendant, Fabrice refuse les invitations, il paye ses additions et a un métier sur le côté. La critique gastronomique c’est un passe-temps. Un passe-temps qui comptabilise pas moins de trente mille vues : « J’aime beaucoup quand on me dit j’ai lu ton article et j’ai réfléchi à deux fois avant d’aller là ou là. Dans les restaurants étoilés les menus sont à deux cents euros par personne il faut en avoir pour son argent ».
Sa pire expérience, le célèbre deux étoiles L’air du temps : « Je n’aime pas le stéréotype que les gens se font des restaurants gastronomiques. Il n’y a rien dans l’assiette, on sort de là en ayant faim,… Malheureusement à L’air du temps c’est une réalité. On n’en a pas pour son argent. »
Ce qui l’a vraiment poussé à faire ce blog, passion gastronomie, c’est le manque de critiques objectives des critiques professionnels : « Les journalistes culinaires se font inviter par les chefs, après c’est difficile de mettre une critique négative. Tout ce que je lis est toujours très complaisant et j’ai été souvent déçu par des restaurants très bien cotés. Quand j’ai quelque chose à dire de déplaisant, je le dis».
Quand on lui parle des expériences culinaires insolites de Bruxelles, il n’est pas très intéressé : « J’ai entendu parler de la Tram Experience et du Dinner in the sky, je trouve que ça n’a pas d’intérêt gastronomique. C’est bien joli de manger à cinquante mètres en hauteur mais avec le vent la nourriture est vite froide, ce n’est pas confortable. Trois cents euros pour ça c’est cher payé ».