Ce mercredi, ça fait presque une semaine que les étudiants du mouvement “Non à la hausse du minerval des étudiants étrangers hors union européenne” occupent le rectorat de l’ULB. A la pause d’un spectacle d’impro organisé par le cercle “Impro-vocation” de l’ULB, Hugo, l’un des étudiants à la base du mouvement, répond à quelques questions…

Comment ça fonctionne ici au jour le jour ?
Le mouvement s’est fort inspiré du fonctionnement de l’union syndicale étudiante (USE). C’est un syndicat étudiant qui fonctionne par affiliation, contrairement au bureau des étudiants administrateurs (BEA) et à la fédération des etudiants francophones (FEF) qui sont des délégations de représentation étudiante où tous les étudiants sont appelés à voter. Ils ont un système différent. Avec l’USE, n’importe qui peut se syndiquer, tout le monde est le bienvenu aux assemblées syndicales.
C’est plus ouvert donc, que le Bureau des étudiants (BEA) ou la fédération des étudiants francophones (FEF) ?
Oui. Et avec des poids dans les institutions qui sont moindre, avec des capacités financières moindre, mais plus proche du terrain, qui assume des actions plus fortes, des actions de blocage. On a aussi des liens avec les syndicats. Et puis, à travers l’association inter-cercles (AIC) –qu’on a créé- il y a aussi le lien avec tous les cercles culturels, sociaux et politique. Mais aussi du coup, à l’USE, ils ont un modèle de fonctionnement horizontal basé sur des assemblées générale, avec des mandats tournants, etc. C’est de leur fonctionnement que ce mouvement s’inspire.
Vous faites des assemblées générales tous les jours ?
Au moins une. Normalement il y en à deux. C’est la meilleure façon de faire passer l’information, que tout le monde soit au courant de tout. Et puis parce qu’il n’y a pas une personne qui est plus légitime que l’autre, il faut que tout le monde soit au courant et puisse participer aux décisions.
Et est-ce qu’il n’y a pas un risque de délitement, de perte du message initial avec cette structure très ouverte et participative ?
Non. Moi je pense que le message est clair pour tous, et qu’il n’est plus discuté. On a accepté depuis le début un message de solidarité vis-à-vis de ces étudiants étrangers et de demander un même minerval pour toutes et tous.
“On lutte contre la gestion néo-libérale de l’université”
Et puis on a accepté aussi d’exprimer des messages de solidarité vis-à-vis d’autres luttes, qui pour nous sont liées. Par exemple avec les travailleurs d’ISS, avec les sans papiers, par rapport aux liens entre l’ULB et McKinsey, le nouveau master à 50.000 euros. Pour nous il y a un lien entre tout ça. On lutte de manière plus large contre la gestion néo-libérale de l’université, contre les mesures stigmatisantes et racistes. Et donc par rapport à ça, il n’y a aucun problème sur le fond du message.
De quoi vous discutez pendant les assemblées générales alors ?
On parle des négociations : où est-ce qu’on en est. De l’action : quelle tournure on a envie qu’elle prenne. Des contacts politiques qu’on a, du mode de fonctionnement de l’occupation…
Et où est-ce que vous en êtes concrètement, au niveau des discussions avec les autorités de l’ULB?
Il y a cinq mois, il y avait une première rencontre où on avait demandé des chiffres [sur ces étudiants, leur nombre, ce que cela représentait sur le budget total de l’ULB].
“Les chiffres nous donnent raison”
Ils étaient parti pour nous les donner dans un mois, voire plus loin. Ce qu’on a obtenu là, c’est la note en conseil académique avec tous les chiffres, qui nous donnent raison.
Il y a 367 étudiants qui sont concernés sur la communauté ULB, ça représente 1 étudiant sur 70, donc c’est pas un coût, c’est pas une surcharge de travail pour l’environnement pédagogique. On a vu que ça rapporte aujourd’hui 0,1 % du budget. Si on mettait le même minerval pour tous, à terme, ça serait un manque à gagner de 0,5% du budget. Enfaite on est vraiment pas entrain de parler du refinancement de l’enseignement supérieur, comme le rectorat a voulu le présenter.
Ca prouve qu’il y a une prise en compte de vos revendications, de votre mouvement ?
Oui, clairement. Ils flippent à mort. On est tout le temps dans la presse. Et puis on avait aussi obtenu –il y a déjà quelques semaines- le fait qu’ils n’aillent pas au-delà des 4175. Il faut dire que l’année passé ils ont modifié le décret pour permettre d’aller jusqu’à 12 000 euros de frais d’inscriptions. Avec toute la mobilisation qu’il y a eu jusqu’à présent, ils ont décidé de rester à 4175. C’est une première victoire, mais on conteste toujours ces 4175 euros, parce que c’est impayable pour plein d’étudiants !
La principale revendication, c’est quoi ?
Nous ce qu’on revendique c’est un même minerval pour toutes et tous. Pour nous, c’est injuste, ça exclu plein d’étudiants et puis ça ne rapporte quasi rien à l’université. Il n’y a aucune raison que ça soit justifié. C’est une brèche dans le financement de l’enseignement supérieur.
“Un même minerval pour toutes et tous”
Ce qu’on voit c’est qu’en Angleterre, ils ont fait ça, ils ont augmenté le minerval des étudiants étrangers, puis le minerval de tout le monde. C’est parmi les trucs les plus élitiste. Nous on ne veut pas aller dans cette direction là.
Donc vous ne sortirez pas du rectorat avant…
Avant d’avoir des avancées sur ces questions ! Là, il y a peut-être un rendez-vous qui va être fixé avec les recteurs et le ministre pour mardi prochain, à voir.