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Sur les traces des « chasseurs » de pédophiles

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Sur les traces des « chasseurs » de pédophiles

Sur les traces des « chasseurs » de pédophiles

Publié le 28-03-2021 par , , et

L’avènement d’Internet a élargi le terrain de chasse des pédophiles. Des citoyens décident de les traquer sur les réseaux sociaux. On a enfilé leur casquette le temps d’un article.

Un âge, un pseudo, une adresse mail. C’est tout ce qu’il faut pour se créer un profil sur les sites de rencontres pour adolescents. Rencontre-ados.net, Nodaron.fr, les forums de discussions ont fleuri un peu partout sur le web. Problème : les adolescents sont loin d’en être les seuls utilisateurs. De nombreux pédophiles s’inscrivent et cherchent à entrer en contact avec de jeunes enfants. Pour traquer ces délinquants sexuels,  des associations citoyennes se constituent. Après les avoir contactées, on a imité leurs méthodes pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. 

 

Une création de profil presque trop facile
Les jeunes se retrouvent souvent seuls face à leur ordinateur. © Lola Buscemi

Depuis les années nonante et l’arrestation de Marc Dutroux, l’opinion publique belge reste sensible au problème de la pédocriminalité. Pour lutter contre la pédophilie qui s’est développée sur le web, des associations se sont formées: Argus, Team Moore et Wanted Pedo. Ils sont souvent décrits comme des “chasseurs” de pédophiles, même s’ils réfutent le terme et lui préfèrent celui “d’intercepteurs”. Lors de la création de faux profils, tous s’appliquent à créer celui d’un adolescent ordinaire, avec des centres d’intérêts classiques. Concernant les photos, Steven Moore, de la Team Moore, explique choisir des photos de lui petit, ou alors modifier des photos actuelles avec des filtres rajeunissants. Le but est de créer le profil le plus crédible possible pour ne pas éveiller les soupçons.

Steven Moore : un des premiers intercepteurs européens 

Steven Moore est l’un des premiers intercepteurs d’Europe. Il visionne, il y a deux ans, le documentaire Zandvoort : les fichiers de la honte de Karl Zéro, qui dévoile l’existence d’un réseau de pédophilie international. Ce père de famille décide donc lui aussi d’agir. Après avoir démarré seul, il a depuis monté son propre groupe, la Team Moore, notamment connu depuis son passage dans l’émission de télévision française Envoyé Spécial.

Armées de ces informations, nous débutons notre enquête. On commence par imaginer deux profils, une fille et un garçon. Léna et Tom, treize ans tous les deux. Leurs photos de profils sont des photos libres de droits et à l’apparence lambda. On met en ligne nos faux adolescents sur deux sites qui se proclament “premier site de rencontre pour ados” : rencontre-ados.net et nodaron.fr.
Premiers hics : les sites sont destinés aux ados, pourtant, ils sont ouverts aux personnes de douze à vingt-cinq ans. Des jeunes en âge d’être au début du secondaire et d’autres, étudiants ou déjà dans la vie active, sont donc réunis au même endroit. De plus, lors de l’inscription, rencontre-ados.net demande de renseigner son orientation sexuelle et sa silhouette.

 

Formulaire pour créer un compte sur « Rencontre-ados.net » © Capture d’écran de « Rencontre-ados.net »

Étonnant pour un site de rencontres amicales. Aucune vérification de l’identité n’est effectuée lors de l’inscription. Il est alors très simple de mentir sur son âge, son nom et ses intentions. En quelques clics, on peut s’inscrire et directement discuter avec des inconnus.

La pédophilie : un trouble sexuel

La pédophilie est une déviance sexuelle, selon le DSM-V, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Cette déviance sexuelle est définie comme “des fantasmes sexuels […] impliquant des adolescents prépubères […]; il n’est diagnostiqué que si les sujets ont 16 ans ou plus et s’ils sont âgés de 5 ans de plus que l’enfant qui est la cible des fantasmes ou des comportements”. Le manuel estime que cela concerne entre 3 et 5 % de la population générale, une statistique probablement sous-estimée selon le psychiatre Samuel Leistedt. Comme il l’explique, cette orientation sexuelle peut s’accompagner d’une souffrance personnelle et de difficultés familiales, professionnelles et sociales. Cependant, les critères juridiques peuvent être différents des critères psychiatriques.

Des messages qui ne se font pas attendre
Le smartphone est une porte d'entrée idéale pour les prédateurs. © Lola Buscemi

Une fois les profils créés, les “réactions” sont d’une rapidité impressionnante. En seulement cinq minutes, le compte de Lena reçoit des dizaines de demandes d’amis de garçons majeurs. Tandis que la messagerie de Tom reste vide.

Demandes d’amis pour le profil de Léna 5 minutes après la création du profil.
© Capture d’écran de « Rencontre-ados.net »

Dans la rubrique “Messages”, même constat. Toutes les dix secondes, Lena reçoit de nouveaux messages, plus ou moins explicites. Tom, toujours rien.
La grande majorité des messages reçus par Lena provient de comptes d’individus majeurs. Beaucoup sont à caractère sexuel, prenant parfois la forme de propositions, sans préambule. “Hey, tu veux me voir éjaculer pour toi”, “Tu es plutôt dominante ou soumise ?”. Léna a reçu de nombreux compliments. Il s’agit du processus de “grooming” (préparation) durant lequel les pédocriminels tentent d’établir une connexion avec l’enfant. Ils se rapprochent de lui, le complimentent, dans le but d’obtenir quelque chose en retour.

Conversation avec un homme de 21 ans sur « Nodaron.fr »
© Capture d’écran du site « Nodaron.fr »

Conversation avec un homme de 20 ans sur « Rencontre-ados.net »
© Capture d’écran du site « Rencontre-ados.net »

En Belgique, un adulte n’a pas le droit d’échanger de contenu à caractère sexuel avec un enfant de seize ans ou moins sous peine d’être condamné pour attentat à la pudeur. Même sans proposer de rendez-vous, les pédocriminels risquent donc des poursuites. L’objectif des groupes de “chasseurs” est de recevoir des messages. Wanted Pedo se définit comme un “rempart” et déclare : “ Le but n’est pas de jouer les cow-boys, mais d’intercepter les pédophiles.” Ils entretiennent une conversation normale avec les pédocriminels, pour ne pas être accusés de les “tenter”, mais surtout pour ne pas se faire démasquer. La finalité est de récolter des preuves. Cette étape représente énormément d’heures de travail pour les groupes de « chasseurs ».

Les chasseurs de pédophiles ? Il n’y en a pas.

Durant notre immersion, nous avons parfois été démasqués en rappelant notre âge trop rapidement, ou même en employant un langage peu adapté à la tranche d’âge concernée. Les réactions sont immédiates : “T’es un gros fake*, ça dégage.” En effet, la pratique des “chasseurs” commence à être connue, et les faux-profils sont de plus en plus nombreux. Le groupe Wanted Pedo, lui, préfère ne pas dévoiler son processus puisqu’il “fonctionne plutôt bien.” Quoi qu’il en soit, c’est un travail de longue haleine qui nécessite beaucoup de patience.

Les groupes de “chasseurs” pointent la responsabilité des sites internet en cause. Nous cherchons à entrer en contact avec eux afin d’en apprendre plus. Rencontre-ados.net n’affiche aucune coordonnées sur son site. Seul un formulaire générique est disponible. Les administrateurs du site auraient entre quatorze et vingt ans d’après leurs profils, et sont anonymes. Ils sont recrutés au sein de la communauté d’utilisateurs. Nous les avons questionnés sur les chasseurs de pédophiles présents sur leur site, ainsi que sur les mesures de sécurité. La réponse de l’un d’eux : “Les chasseurs de pédophiles ? Il n’y en a pas. Pour le reste, nous gardons nos mesures de sécurité secrètes.”

Face à ce retour, nous lui expliquons le déroulé de notre enquête et l’interrogeons sur les protocoles mis en place pour éviter aux enfants les mauvaises rencontres. Une réponse beaucoup plus technique nous est alors donnée, nous renvoyant vers les conditions d’utilisation du site. Le site a mis en place un système de “pourcentage de fautes”. Chaque membre commence avec 0 %, et ce nombre augmente à chaque faute signalée, jusqu’à 100 % qui se traduit par le bannissement de l’utilisateur. Il n’y a aucune autre information sur le fonctionnement de ces pourcentages. Les modérateurs sont avertis de chaque mauvais comportement et jugent de la gravité de l’acte.


NoDaron.fr affiche un slogan prometteur : “Le site de rencontre interdit aux adultes”. Même si lors de la création, l’âge renseigné est obligatoirement en dessous de 20 ans, les comptes ne sont pas supprimés lorsque les utilisateurs atteignent cet âge. Résultat : de nombreux comptes de personnes de 18 à 25 ans sont présents sur le site. Nous avons également tenté d’obtenir une interview avec les administrateurs, mais ils n’ont pas donné suite à notre demande. 

* terme anglais utilisé pour désigner les faux profils sur Internet

 

L'étape délicate de la confrontation
Après la prise de contact sur le Net, les intercepteurs tentent une prise de rendez-vous réel. © Lola Buscemi

Même si nous ne sommes pas allées jusque-là, lorsqu’ils y parviennent, les “chasseurs” de pédophiles donnent rendez-vous aux pédocriminels, qui pensent alors rencontrer des enfants. Les groupes peuvent ainsi récolter des preuves supplémentaires, et même potentiellement les arrêter en flagrant délit, si les autorités sont impliquées. Cela donne parfois lieu à des dérives, notamment quand les “chasseurs” se montrent violents. Beaucoup de blogueurs et youtubeurs tentent également de faire le buzz avec des vidéos se voulant sensationnalistes.

Gary Ducran menace un pédophile présumé avec un taser
© Capture d’écran de la chaîne Youtube

T’as pas honte d’envoyer des messages à une fille de douze ans ? […] Je vais te déchirer sur place.

C’est le cas de Gary Ducran, blogueur belge, qui se filme en agressant violemment un pédophile présumé, allant même jusqu’à le brutaliser avec un taser. Selon les groupes d’intercepteurs, ces types de vidéos sont des mises en scène destinées à faire un maximum de vues, mais incitent certains à reproduire ces actes. Le 5 mars dernier, à Anvers, neuf “chasseurs” ont été interpellés en possession d’un véritable arsenal de guerre (poings américains, armes à feu, armes blanches, matraques), alors qu’ils étaient sur le point de piéger des pédocriminels. Pourtant, comme l’explique Lambert Argus, ces rendez-vous ont déjà permis l’arrestation de dangereux prédateurs. À plusieurs reprises, son association et les autorités ont travaillé ensemble sur des arrestations cruciales.

Un cadre légal flou
À plusieurs reprises, il arrive que des policiers collaborent avec les intercepteurs. © Lola Buscemi

La plus grosse interrogation reste d’ordre juridique. Les chasseurs de pédophiles ont-ils le droit d’exercer leurs activités ? Si oui,  jusqu’où peuvent-ils aller ?

Nos différents interlocuteurs n’arrivent pas à se mettre d’accord. Pour Child Focus, fondation belge pour la protection de l’enfance, les intercepteurs de pédophiles “ne sont pas admis en Belgique. Ils violent la vie privée et exécutent le travail de la police.” Alors que pour Argus, association d’intercepteurs déclarée, “la seule limite est de ne pas commettre un attentat à la pudeur.”

Ces groupes seraient les seuls à travailler en amont, pour empêcher une agression. Une cellule de la police fédérale belge est dédiée à la pédopornographie. Cependant, ces unités se concentrent sur l’analyse des images d’abus sexuels sur mineurs pour identifier des lieux, les victimes ou les auteurs. Ils n’interviennent donc qu’après la commission d’une infraction.

La pédophilie dans le code pénal
La pédophilie est une circonstance aggravante des infractions d’attentat à la pudeur et de viol (Articles 372 à 378). De plus, depuis une loi de 1989, les relations sexuelles entre un majeur et un mineur de moins de 14 ans sont automatiquement considérées comme des viols. Le mineur n’a alors plus besoin de prouver son absence de consentement, celle-ci est supposée par la différence d’âge. 

C’est l’équivalent d’une milice (…), ils se sentent comme des héros.

Les relations des groupes de “chasseurs” avec les autorités se révèlent parfois complexes. Ils sont souvent accusés d’interférer avec le travail de la police. Barbara Pycke, inspectrice au service jeunesse de la police de Bruxelles, considère que la chasse au pédophile ne doit pas être encouragée. “Je me demande dans quelle mesure ils vont rester dans le cadre légal.” Pour elle, la police est l’entité la plus compétente en la matière.

La sexologue Françoise Louis-Morin, fondatrice de CIPREA (Centre provincial d’Information et de Prévention pour le Respect de l’Enfant et de l’Adolescent)*, est contre ces groupes d’intercepteurs. Selon elle, il ne faut pas se substituer aux forces de l’ordre. “C’est l’équivalent d’une milice, dit-elle, ils se sentent comme des héros.” Elle doute des intentions de ces groupes, et trouve la démarche voyeuriste.

Latifa Bennari, fondatrice de l’association française L’Ange bleu, qui accompagne et soutient des pédophiles désirant se soigner, est du même avis. Elle considère qu’on ne peut pas permettre à des personnes non formées de “chasser” des pédophiles, et estime que cette méthode est “perverse”. Elle va même plus loin : “Il y a un risque d’anarchie totale si tout le monde commence à se faire justice.” Latifa Bennari préfère ne pas se subsituer à la police. Elle explique avoir rapporté de nombreux cas de pédophilie à la police. Les méthodes de l’association sont toutefois contestées, et une enquête a été ouverte en mai dernier pour “non-dénonciation de crime commis sur mineurs de (moins de) 15 ans”.

De son côté, Lambert Argus assure que chaque dossier monté par son association a été examiné par la police. En fonction des cas, les intercepteurs sont plus ou moins impliqués dans le processus d’enquête. Quand certains participent à une arrestation aux côtés de la police, d’autres sont écartés dès le dépôt de dossier. Pour Steven Moore, les débuts ont été plus chaotiques. Il a été menacé de poursuites judiciaires et ne s’est pas senti soutenu. À l’époque il a été qualifié de “hors la loi” par les autorités. Ces groupes estiment leur travail nécessaire.

La limite de ce qu’ils sont autorisés à mettre dans leurs messages est cependant très claire.  L’article 383 bis du code pénal dispose notamment que : “Quiconque aura sans droit exposé, (…) du matériel pédopornographique ou l’aura produit (…) sera puni de la réclusion de cinq ans à dix ans et d’une amende de cinq cents euros à dix mille euros. Même dans l’objectif de piéger des pédophiles, les associations n’ont pas le droit d’utiliser des photos “d’un mineur se livrant à un comportement sexuellement explicite (…) ou représentant les organes sexuels d’un mineur à des fins principalement sexuelles” sous peine d’être condamnées.

* devenu depuis le OPENADO (Orientation Prévention Enfants et Adolescents)
A la recherche de réponses adaptées
L’association L'Ange bleu accompagne et soutient des pédophiles désirant se soigner. © Lisa Rouby

Les groupes Argus, Team Moore, et Wanted Pedo déplorent unanimement le manque de sanctions à l’égard des pédocriminels une fois entre les mains de la justice. D’après eux, beaucoup sont multirécidivistes et écopent seulement de peines de prison avec sursis. Certains cas hantent toujours Lambert Argus, comme celui d’un chef d’entreprise que la police a intercepté grâce à son association. Condamné à de nombreuses peines de prison pour viols sur mineurs depuis les années 1980, il est pourtant aujourd’hui en liberté.

Autre cas, celui d’un homme âgé d’une soixantaine d’années. Il aurait été arrêté grâce au travail de l’association, mais libéré à la condition de porter un bracelet électronique. Son matériel informatique a été saisi, mais il a immédiatement racheté un ordinateur et tenté de contacter le faux-profil d’enfant de l’association.

En Flandre, une personne qui s’inquiète de ses sentiments ou comportements sexuels envers les enfants peut appeler anonymement et gratuitement un numéro d’aide. Cela devrait également être le cas en Fédération Wallonie-Bruxelles en juin 2021. Par ailleurs, les unités de psychopathie légale (UPPL) de Namur, Tournai et Liège proposent une aide spécialisée. Samuel Leistedt précise que ces centres n’acceptent cependant que des pédocriminels. Il faut donc qu’il y ait eu un passage à l’acte et une condamnation en justice. Cette approche pluridisciplinaire rassemble des médecins, des psychologues, des travailleurs sociaux pour mettre en place des barrières de protection contre la récidive. 

Beaucoup de pédophiles (…) belges me contactent. Certains sont addicts à la pédopornographie et ne trouvent pas d’aide pour se sevrer”, témoigne Latifa Bennari de L’Ange bleu. Les potentiels prédateurs belges peuvent contacter la police de leur propre chef, mais leurs fantasmes sexuels ne sont pas répréhensibles en tant que tels. L’autre possibilité est de faire appel à l’aide d’un psychiatre. Mais comme l’explique la sexologue clinicienne Françoise Louis-Morin, suivre un pédophile est un travail constant. “Il faut presque être disponible 24h sur 24h au cas où ils seraient tentés de déraper. On ne peut pas en suivre dix en même temps.

Quel suivi thérapeutique pour les pédophiles ?

La castration chimique, un traitement hormonal inhibiteur de libido qui vise à anéantir les envies sexuelles, est possible. Par un mécanisme immédiatement efficace après une injection ou la prise d’un médicament, le cerveau croit à une surproduction de testostérone, ce qui neutralise les fonctions érectiles et les pulsions sexuelles. La castration n’est pas une sanction pénale mais une voie thérapeutique volontaire. Elle ne peut pas être imposée et la vérification de son exécution dépend également de la bonne volonté du concerné. Ce traitement est cependant temporaire. À son arrêt, la véritable testostérone revient et réveille le désir sexuel. Le traitement médical est donc couplé avec un travail psychologique nécessaire pour lutter efficacement contre la déviance sexuelle qu’est la pédophilie.

Latifa Bennari et Françoise Louis-Morin s’accordent sur un point : la démarche des intercepteurs de pédophiles serait contre-productive.  “Il faut proposer une aide aux pédophiles, il n’y a pas que la répression qui marche !”, s’énerve la présidente de L’Ange bleu. Françoise Louis-Morin va plus loin. “On ne peut pas faire de la prévention chez des gens qui n’en veulent pas et qui sont obligés.” Pour elle, c’est auprès des enfants qu’il faut agir, dans leur éducation. “La prévention ne peut se faire qu’en apprenant aux enfants ce qui peut être dangereux.” Elle estime, par exemple, qu’un enfant de moins de quatorze ans ne devrait pas avoir accès à un ordinateur, sans contrôle parental, dans sa chambre. “Il faut que les parents sachent à quel point c’est facile de rentrer en contact avec des mineurs sur Internet.

Pour ces mineurs, les conséquences peuvent être dramatiques. Les traumatismes infligés par une agression sexuelle subie dans l’enfance ont des répercussions sur le développement des victimes. Clara*, victime d’un viol à 9 ans, a eu beaucoup de mal à dépasser cette épreuve. “Après ce qui s’est passé, j’étais dans le déni, à tel point que j’ai fini par oublier ce qui s’était passé. C’est à la suite d’un nouveau traumatisme, qui n’était pas sexuel, que j’ai retrouvé la mémoire. Ça a été très difficile, j’étais dans ma première année d’études supérieures et j’ai dû arrêter. J’ai été suivie pendant plusieurs années par un éducateur et une psychologue. Aujourd’hui, surtout grâce à ma famille et mes amis, je vais bien mais ça restera en moi pour toujours.

Les victimes sont régulièrement absentes du débat qui entoure la légitimité des “chasseurs” de pédophiles, souvent réduit à une opposition entre intercepteurs et autorités judiciaires. Néanmoins, elles sont les premières concernées : les agressions pédophiles subies durant l’enfance façonnent la vie sexuelle des victimes. Déjà en 1997, Françoise Louis-Morin expliquait dans Le Soir que plus de 50 % d’anciennes victimes devenaient agresseurs à leur tour.

* prénom modifié pour des raisons d’anonymat
#adolescents #cybercriminalité #internet #pédophilie

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