L’idée d’un référendum sur le regroupement familial n’est pas neuve. Le leader du parti Les Républicains ne semble pourtant pas s’être renseigné sur les modalités de ce droit : décryptage.
1. L’explosion démographique que connaît l’Afrique qui va doubler de population en 30 ans (…) fait que nous ne pourrons plus, de mon point de vue, accepter l’automaticité du regroupement familial pour les étrangers non communautaires.
Oui mais…
La première partie de l’affirmation est vraie. D’après un rapport de l’ONU, l’Afrique connaît effectivement une explosion démographique et verra sa population doubler d’ici 2050.
La deuxième partie de l’affirmation quant à elle, est fausse. Le regroupement familial n’a jamais été un droit « automatique ». Il y a plusieurs conditions à remplir afin d’y accéder (notamment au niveau des ressources et du logement). Carla Mascia, du Groupe de Recherche sur les relations Ethniques, les Migrations et l’Egalité à l’ULB, confirme les propos : « Ce n’est pas automatique puisqu’il faut rentrer dans des critères. Depuis les années 2000, il y a toujours plus de critères à remplir pour pouvoir rejoindre sa famille ou se faire rejoindre, donc c’est loin d’être automatique. Il y a pas mal de conditions.»
2. Le regroupement familial a été inventé en 1974, pour faire venir les familles des Portugais et des Espagnols dans un pays, le nôtre, où il n’y avait pas de chômage.
Faux
Tout d’abord, 1974 n’est pas l’année de l’invention du regroupement familial. En juillet 1974, le gouvernement restreint l’immigration au regroupement familial. Et ce n’est qu’en 1976 qu’un décret fixe les conditions de ce regroupement.
Ensuite, le flux migratoire ne se limite pas aux familles portugaises et espagnoles dans les années 70 : Marocains, Algériens, Tunisiens et Turcs sont également concernés.
Enfin, le taux de chômage en 1974 est inférieur à 5%. La fin des Trente Glorieuses est néanmoins significative d’un plein emploi qui peine à se maintenir. En effet, la croissance économique est au ralenti et le chômage s’enracine dans la société française.
Temese Nottet et Charlotte Rabatel