15 heures. Place du Jeu de Balle, dans le cœur des Marolles à Bruxelles, des personnes sont regroupées et discutent. Sorties de nulle part, deux voitures de police commencent à encercler la place. Dans l’interphone accroché à l’une des voitures bleues et blanches, on entend une femme ordonner : « Allez, on se sépare, et on se lève des bancs…”. Lentement, les gens s’éloignent les-uns des autres.
Ces personnes délogées par les forces de l’ordre, ne sont autres que les sans-abri résidant à l’hôtel Barry.
Dès le début du confinement, l’hôtel Barry a pris l’initiative de contacter la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés, qui vient en aide aux personnes réfugiées vivant dans la rue. Objectif : accueillir des personnes sans-abri.
« On avait beaucoup d’ouvriers, des employés qui étaient au chômage. Cela nous permet de faire travailler le personnel et en même temps de venir en aide aux réfugiés. Donc, on est gagnants des deux côtés”, explique le responsable de l’hôtel qui souhaite rester anonyme.
En quelques jours, l’hôtel a dû radicalement changer sa façon de travailler. « On ne pensait pas que ça serait si compliqué”, poursuit le responsable. Avec le Covid-19, c’est une toute nouvelle organisation qui est mise en place, avec un nouveau protocole.
Ainsi, à l’entrée, le personnel a installé un grand bidon d’eau pour se laver les mains, du gel désinfectant, ainsi que des masques et des gants en cas de suspicion de maladie. Le réfectoire de l’hôtel a, quant à lui, été transformé en salle ouverte pour une distribution de nourriture très stricte. Pas plus de trois personnes en même temps dans la salle. Du coup, exit le petit déjeuner habituellement servi à tous les clients. même si l’établissement continue d’en proposer aux personnes vivant en rue. Les clients, eux, ont toujours la possibilité d’aller à la boulangerie située juste en face de l’établissement. « Ce sont de réels changements pour les employés, mais qui en valent le coup, car cela leur permet de continuer à travailler”, affirme encore le responsable.
250 places supplémentaires
Avec la crise, près de 250 places supplémentaires ont été mises à disposition des sans-abri à Bruxelles. Parallèlement, La Région bruxelloise a mis des hôtels à contribution, des maraudes sont toujours organisées le soir dans les rues et l’association Médecins sans frontières (MSF) travaille au hub humanitaire ainsi que sur le site de Tour & Taxis.
« Depuis la semaine dernière, ces deux dispositifs ont été mis sur pied par la Région. Les personnes sans-abri, qui habituellement fréquentaient les abris de nuit, sont aujourd’hui réorientées vers ces nouveaux lieux », confie Christine Vanhessen, directrice de la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA).
Dans les grandes villes, la plupart des abris de nuit ont fermé, faute de travailleurs en suffisance et d’espace pour respecter la distanciation sociale dans les structures. « A Bruxelles, il y a pour le moment une saturation dans tous les services, y compris dans les restaurants sociaux. Des gens qui étaient avant dans des centres en journée se retrouvent dans la rue », poursuit Christine Vanhessen. Une coordination a donc été mise en place entre tous les opérateurs afin de répondre à cette crise du sans-abrisme.
De son côté, AMA essaie de mettre en place des centres de jour. Ces centres sont nécessaires car ils permettent d’accueillir des sans-abri en journée, de leur fournir un repas et de l’eau chaude pour se laver. Comme dans ce centre installé dans une auberge de jeunesse non loin du Botanique. « Pour le moment, l’acte de réquisition de nos bâtiments nous a bien été notifié« , confirme Frank Parrod, gérant de l’auberge de jeunesse Van Gogh-C.H.A.B. La Croix Rouge et d’autres organismes doivent encore venir visiter les lieux, comme le stipule l’arrêté ministériel. Le gérant précise toutefois qu’il faut encore définir un cadre précis : « En effet, qui allons-nous loger ? Des hommes seuls, des familles, des femmes seules, des personnes malades ou pas ? Comme vous le voyez, l’accueil de personnes précarisées n’est pas encore effectif chez nous. »
Qu‘il s’agisse d’un sans-abri ou d’un migrant, l’idée est vraiment que tout le monde puisse se retrouver dans une institution et encadré.
Pour le public déjà hébergé en maison d’accueil, toutes les précautions et mesures de prévention liées au confinement sont prises. S’il y a des personnes qui ont des symptômes ou qui sont suspectées d’avoir le coronavirus, les centres font appel aux médecins. Et quand une maison d’accueil a la possibilité de mettre la personne en quarantaine, elle va le faire au sein de sa structure.
Mais, selon Christine Vanhessen, ce n’est pas toujours possible. « Certaines maisons d’accueil, ce sont des dortoirs. Isoler quelqu’un dans un dortoir, c’est plus compliqué. » Raison pour laquelle, tant en Wallonie qu’en Région bruxelloise, des dispositifs ont été mis en place pour permettre d’orienter les personnes qui doivent être isolés.
Concrètement, la Région identifie des lieux potentiels dans les différentes communes et demande ensuite au bourgmestre concerné d’exécuter un arrêté de réquisition. Ce dernier prévoit que propriétaire et bourgmestre se mettent d’accord pour qu’un hôtel, par exemple, devienne temporairement un refuge pour les sans-abri. « Cela a été le cas pour deux hôtels ces deux dernières semaines, rapporte Hammich Wafaa, porte-parole de Philippe Close, bourgmestre socialiste de la Ville de Bruxelles. Chacun a une centaine de lits, donc cela fait environ 200 lits pour ceux dans le besoin.”
Par ailleurs, que ce soit via des gardiens de la paix ou des agents de prévention, le travail d’aide aux personnes vulnérables se poursuit dans la rue. Ces derniers tentent de les guider au mieux vers les institutions adéquates. « Qu‘il s’agisse d’un sans-abri ou d’un migrant, l’idée est vraiment que tout le monde puisse se retrouver dans une institution et encadré”, conclut Hammich Wafaa.
« Tour & Taxis » transformé en centre d’hébergement
C’est dans ce contexte que Médecins sans frontières, accompagnée du Samusocial et de la Plateforme Citoyenne, ont rapidement mis en place sur le site de Tour & Taxis, à cheval entre Molenbeek et Bruxelles-Ville, un centre d’accueil pour les personnes sans-abri et les réfugiés.
Celine Ronquetti, attachée de presse de MSF Brussels en explique l’objectif : « Ensemble, on a voulu monter une structure où les gens qui n’avaient pas de maison pouvaient s’isoler, voire se confiner. À Tour & Taxis, certains halls vides ont été mis à notre disposition. On a estimé que c’était pour le moment la meilleure solution pour mettre 50 à 150 lits, tout le matériel nécessaire, ainsi que des toilettes, des douches, etc, tout en prenant en compte les distances sociales à respecter. »
Sur le « front » de la solidarité
Si la période de confinement perturbe depuis maintenant plusieurs semaines les habitudes quotidiennes des Belges, les ASBL et centres d’hébergement pour sans-abri ne sont pas non plus épargnés. Maraudes, ouverture de centres spécialisés, distributions de nourriture maintenues, les associations restent extrêmement actives. Déjà présentes auprès des sans-abri avant la crise sanitaire, elles connaissent très bien le terrain. Mais aujourd’hui, leur priorité n’est plus seulement de proposer des solutions de logement ou d’alléger le quotidien des plus démunis. Elles sont en effet en première ligne sur le « front » de la solidarité. Objectif premier : éviter que la crise ne se propage à la vitesse grand V chez les SDF.
Cependant, il y a toujours de nombreux sans-abri dans les rues de Bruxelles. Les associations n’ont pas la capacité de proposer des logements à toutes les personnes dans la rue, seuls celles qui présentent des symptômes sont accueillies dans les centres spécialisés.
Face à la gestion de la crise, les systèmes d’aide sont bouleversés et affaiblis. C’est ce que déplore Benoît qui travaille à Bruss’Help, le centre d’appui au secteur bruxellois d’aide aux sans-abri. « La situation actuelle trouble la chaîne de solidarité traditionnelle. » Et, pour lui, les mesures prises sont « nécessaires mais malheureusement insuffisantes. »
Beaucoup d’actions de solidarité ne se font plus car les petites structures ou les actions citoyennes spontanées n’ont pas les moyens d’investir dans les équipements de protection.
Les associations surchargées sont contraintes de changer totalement leur mode de fonctionnement habituel, quitte à parfois improviser. L’ASBL Infirmiers de rue, par exemple, se concentrait avant essentiellement sur la recherche de logement pour les sans-abri. Elle a dû aujourd’hui laisser de côté ses activités. Désormais, la distribution de nourriture est son principal objectif.
Avec le confinement, les bénévoles se font également plus rares. Plusieurs actions de solidarité, notamment les distributions, sont annulées par mesures de précaution. Pour continuer à fournir des repas, il faut prendre des mesures de sécurité sanitaire supplémentaires. Mais se protéger du coronavirus a aussi un coût : il faut des masques et des gants. « Beaucoup d’actions de solidarité ne se font plus car les petites structures ou les actions citoyennes spontanées n’ont pas les moyens d’investir dans les équipements de protection », déplore encore Benoît.
Un nouveau public
Les maraudes représentent pour un grand nombre d’ASBL, l’une des actions les plus importantes pour venir en aide aux sans-abri. Tous les jours, des bénévoles vont ainsi à la rencontre des plus démunis pour leur apporter une aide alimentaire, sanitaire ou matérielle tout en retissant un lien social.
Elles se font maintenant plus rares ou changent complètement de philosophie. C’est le cas de l’ASBL bruxelloise l’Îlôt qui tente au maximum de répondre aux besoins des sans-abri par un accompagnement individuel tout en cherchant une solution à long terme de réinsertion. « Nous n’organisons plus de réelles maraudes, nous distribuons désormais de la nourriture à partir de notre centre d’accueil de jour. Nous fonctionnons avec un système de tickets qui permet de prendre gratuitement un plat à emporter. Depuis le début de la crise, notre nombre de petits déjeuners et de repas a doublé. Il n’y a pas assez de repas pour tout le monde, ce qui cause parfois quelques débordements qui se règlent malheureusement par l’intervention de la police », témoigne Chloé Thôme, responsable de la communication.
Un nouveau type de public se présente maintenant, ce sont les personnes travaillant habituellement sans être déclarées.
La porte-parole souligne dans le même temps que la situation sur le terrain est « déplorable » et la fermeture de nombreux centres provoquent d’énormes répercussions. « En plus des usagers habituels, des SDF d’autres communes viennent aussi. Un nouveau type de public se présente maintenant, ce sont les personnes travaillant habituellement sans être déclarées. Leurs activités se sont stoppées nettes par l’arrêt de l’Horeca ou du bâtiment qui sont des secteurs habitués à ne pas déclarer leurs employés. Ces gens n’arrivent plus à payer leur loyer. Se nourrir devient impossible pour beaucoup d’entre eux. »
Lutter en faveur des sans-abri dans cette période de pandémie demande des moyens, mais aussi beaucoup d’énergie. « Nos équipes sont surchargées de travail et surmenées », raconte encore Benoît de l’ASBL Bruss’Help. Les associations doivent apprendre sur le terrain et sur le tas à gérer une pandémie : « Personne n’était vraiment préparé à cela. »
C’est dur tant physiquement que psychologiquement. Certains employés habituellement affectés en cuisine, par exemple, se retrouvent aux contacts des sans-abri alors qu’ils n’ont jamais suivi de formation pour ce type d’accompagnement. Certaines ASBL ont renvoyé des bénévoles à risque comme les personnes âgées ou celles qui présentaient déjà certains symptômes.
Moins de passage, moins de nourriture
La routine des sans-abri est complètement chamboulée. Ils ont généralement pour habitude d’aller dans un unique centre d’hébergement pour se laver, manger et dormir le soir. Ils n’ont maintenant, pour la plupart, plus l’envie de s’y rendre par peur d’être eux-mêmes contaminés par le virus dans les douches ou dortoirs proposés.
Les rues de Bruxelles sont vides. Le peu de liens sociaux qu’avaient les sans-abri a disparu. « Il y a moins de passage ici, donc je reçois moins de nourriture », déclare un sans-abri anonyme devant un supermarché à Bascule (Uccle). Les personnes qui survivent grâce à la mendicité peinent à récolter quelques euros. Toujours d’après Benoît, « les gens ont peur de donner et de s’approcher des SDF. Avec l’épidémie, de moins en moins de pièces circulent, beaucoup de magasins refusent désormais les paiements en liquide par peur de contamination. Il y a donc moins de monnaie qui s’échange, et le peu de personnes qui circulent encore à Bruxelles n’ont pas de pièces. »
Les sans-abri tentent, tout de même, de se placer devant les supermarchés pour espérer recevoir quelques euros ou de quoi se nourrir.
Les gens ont peur de donner et de s’approcher des SDF.
Beaucoup d’ASBL comptent, dès lors, sur le geste des commerces qui distribuent, parfois gratuitement, leurs produits invendus. Mais le mouvement de panique et l’achat impulsif d’aliments du début du confinement ont souvent laissé vides les rayons des grandes surfaces.
La collaboration entre ASBL est primordiale. Par exemple, Bruss’Help a pu trouver des fournisseurs livrant des masques et du matériel hygiénique. Le tout, ensuite, dispatché aux associations.
On l’a compris, l’appel aux dons est crucial en cette période de Covid-19. Mais les gels et masques faits maison sont aussi les bienvenus.
Pour l’ASBL Solidarité Grands froids, les gros donateurs, via leur campagne de communication, ont permis de maximiser les dons. « Notre système de communication fonctionne sur des événements, des actions courtes, mais chocs. Nous nous différencions des campagnes de publicité habituelles des autres associations avec toujours à peu près le même type de photos. Pour ce faire, nous avons créé le site « NotFairbnb » il y a trois ans. Il fonctionne comme le vrai site Airbnb mais avec des photos chocs qui sensibilisent les personnes désirant faire un don. Des personnalités ont également participé à quelques-unes de nos maraudes comme Eric Boschman, célèbre sommelier, qui en est ressorti totalement bouleversé. Tout cela nous a permis d’équiper des ambulances spécialement pour les SDF, ou de mettre en place des centres réservés aux malades Covid-19. Vous savez, chaque don compte, peu importe sa valeur. Un gel par exemple ne coûte que 1,5 € et un repas 3 € », assure Cynthia Simpson, la présidente de l’association.
Pas de sécurité complète
La ville de Bruxelles et les associations ont été très réactives depuis l’annonce du confinement. Mais les mesures en place ne garantissent pas une sécurité complète pour les personnes les plus démunies.
Et pour accéder au centre de Médecins sans frontières, il faut présenter des symptômes. Seulement, beaucoup de personnes sont asymptomatiques et continuent donc de fréquenter les structures traditionnelles d’hébergement et d’accueil d’urgence. D’autres préfèrent les squats.
lI y a plein de logements vides à Bruxelles et je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas offrir à tous un lieu de confinement.
Quentin, jeune homme vivant en squat, déplore qu’il « y a encore des personnes qui dorment dehors. La Ville aurait pu réquisitionner ou ouvrir plus de lieux pour accueillir les gens. Il y a plein de logements vides à Bruxelles et je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas offrir à tous un lieu de confinement. »
Les femmes SDF encore plus vulnérables
S’il n’existe pas de chiffres précis sur la question, on estime généralement qu’entre 33 et 40% des sans-abri sont des femmes en Région bruxelloise. En 2014, un rapport de La Strada, centre d’appui au secteur bruxellois d’aide aux sans-abri, pointait déjà l’augmentation croissante des femmes dans les rues de la capitale.
Ces femmes, on les oublie souvent, encore plus que leurs homologues masculins. L’asbl Job Dignity, elle, ne les oublie pas. Même en temps de Covid-19, l’association continue de les aider.
Awatif Majid, fondatrice de Job Dignity, précise que l’ASBL fonctionne sans subventions : « Mais nous nous sommes adaptés bien avant l’arrivée du coronavirus pour héberger des femmes âgées et épuisées par des années de rue et ce, au sein de foyers d’amis, de familles qui ont accepté de les loger. Nous essayons par ailleurs de trouver des produits d’hygiène, de lessive ainsi que de la nourriture pour alléger les charges des personnes qui prêtent gracieusement une chambre ou un canapé. »
Face à la crise sanitaire, il a donc fallu que l’association se réorganise. « Dès le début, nous nous sommes arrangés pour fabriquer des masques avec les machines à coudre et les chutes de tissu des donateurs. Par contre, impossible de se procurer du gel hydroalcoolique. Mais nous avons fourni du savon à tous les hébergeurs. »
Cependant, pour Awatif Majid, les difficultés que rencontrent les femmes, malgré les dispositifs mis en place pour lutter contre le virus, restent les mêmes. « Les femmes dans la rue font face à un risque élevé de se faire violer, agresser, piller. Cela arrive très fréquemment. »
La police en rue pour informer
Différents dispositifs ont donc été mis en place afin que les sans-abri puissent, eux aussi, lutter contre la crise du Covid-19. A la fin de l’année 2019, la revue scientifique Brussels Studies publiait les chiffres du nombre de personnes sans-abri et mal logées en Région bruxelloise : 4 187 personnes.
Alors que le chiffre a doublé en dix ans, c’est aujourd’hui face à la pandémie du coronavirus qu’il faut aussi faire face. Pour cela, il faut « rester chez soi ».
On ne sait pas quoi en faire.
Selon la police de Saint-Gilles, la situation est très compliquée. « On ne sait pas quoi en faire », explique une policière. Suite à la fermeture de nombreux centres, il n’y a pas moins de sans-abri dans les rues. « La seule chose qu’on peut leur dire, c’est de respecter les mesures de distanciation et de les informer sur les dispositifs qui ont été mis en place. Mais beaucoup refusent », poursuit la policière. « Les rumeurs selon lesquelles les sans-abri reçoivent des amendes sont complètement fausses. Comment serait-ce possible sans adresse ni argent ? ».
De manière générale, pour la police, il semble que déloger les sans-abri ne serve à rien. « Ils savent qu’ils reviendront ». Malgré cela, gare du Midi à Bruxelles, les matelas autrefois occupés sont aujourd’hui vides.
« La police est passée, comme il y a la maladie, ils m’ont dit qu’on ne pouvait pas rester comme ça, sans bouger. Du coup, je suis parti, et je suis revenu un autre jour », raconte, fataliste, un sans-abri qui souhaite rester anonyme.
Et après la crise ?
Et après le Covid-19, que deviendront ces dispositifs ? « Il y a une mesure qui devrait rester par la suite, c’est le maintien d’une cellule de crise, qui est, pour le moment, coordonnée par Bruss’help. Il était prévu que cette cellule voit le jour avant même qu’il n’y ait la pandémie. Cela faisait partie des missions et des objectifs en 2020”, explique Christine Vanhessen, directrice de la fédération AMA.
Une cellule de crise permettrait de mobiliser différents acteurs en fonction précisément du type de crise via des associations ou autres. Si on parle d’une crise sanitaire, il faut pouvoir aller chercher les acteurs de la santé, comme Médecins sans frontières par exemple. « Pour le reste, cela va dépendre des besoins sur le terrain », précise Christine Vanhessen. La directrice n’estime cependant pas qu’un centre d’urgence ou qu’un centre de tri ait besoin de perdurer si la crise sanitaire est finie. « Par contre, est-ce qu’on va pouvoir s’appuyer sur des choses qu’on a imaginées ici, pour peut-être repenser notre manière de travailler ? Cela fera en effet partie des évaluations possibles. »
Avec quel argent ?
La question budgétaire n’est évidemment pas à négliger. Y aura-t-il des moyens budgétaires supplémentaires pour pouvoir poursuivre certaines missions ?
« On a débloqué des budgets pour la crise, un instant finalement très court, puisqu’il y a des prolongations de dispositifs jusqu’en mai. Mais en imaginant que la crise se poursuive au-delà, les budgets suivront-ils ? Ils sont tout même importants, puisqu’on parle ici de centaines de millions d’euros débloqués pour Bruxelles. Serons-nous capables de maintenir ces budgets après ? », s’interroge Christine Vanhessen.