Près de 2,6 milliards de personnes se voient contraintes de rester chez elles en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19. Soit un tiers de la population mondiale.
Internet semble être l’alternative choisie par un grand nombre de ces personnes. Smartphones, tablettes, ordinateurs, tous les supports sont mobilisés pour maintenir des liens sociaux.
Les réseaux sociaux, les applications de visio-conférence et les plateformes de streaming n’ont jamais été autant sollicités. Valentin Lecocq, 22 ans, étudiant en journalisme à l’Université libre de Bruxelles, a remarqué qu’il passait deux fois plus de temps sur Internet : « Pour garder le contact avec mes amis, j’ai réinstallé Skype, une première depuis 2012. Je consulte aussi très souvent les applications des grands médias belges et français. Ma consommation de films et documentaires a aussi explosé. J’ai également installé de nouvelles applications sur mon smartphone, notamment de petits jeux en ligne comme Plato pour passer le temps. »
Je traîne beaucoup sur Youtube, Netflix et Snapchat pour me divertir et communiquer
Valentin n’est pas le seul à avoir les yeux rivés sur les écrans. Juliette Ruyer, 21 ans, étudiant en soins infirmiers, se retrouve dans une situation similaire : « Je passe beaucoup plus de temps sur les réseaux sociaux depuis le début du confinement. Je suis souvent sur Instagram, certaines vidéos me font rire et me permettent de rester positive. Je traîne aussi beaucoup sur Youtube, Netflix et Snapchat pour me divertir et communiquer avec mes proches. Mais parfois, j’ai l’impression de tourner en rond, on voit souvent la même chose, donc j’essaie de m’en détacher un peu plus. »
Les habitudes de consommation des utilisateurs du Net semblent donc peu à peu évoluer dans ce contexte sanitaire exceptionnel. Mais certains réseaux sociaux comme Facebook, Instagram ou encore WhatsApp, qui enregistre d’ailleurs une hausse de 40% de son utilisation, connaissaient déjà un engouement mondial avant la crise.
Le numérique ne chôme pas
Si la pandémie froi ou empêche le travail de nombreuses personnes dans le monde, elle ne frappe pas partout avec la même intensité. En effet, le secteur numérique, géant qui englobe l’e-commerce, les télécommunications, le streaming vidéo, les réseaux sociaux et l’industrie du divertissement en ligne, se nourrit par contre des effets de la crise. Confinement oblige.
Quels changements observés en matière de consommation numérique, certains réseaux sociaux génèrent-ils un trafic plus important que d’autres, que disent les chiffres concernant le streaming vidéo sur YouTube ou Netflix, quid de la décision de brider ce streaming durant le confinement, le risque de saturation du réseau est-il bien réel ? Et après…
Autant de questions auxquelles Xavier Degraux, consultant et formateur en marketing digital, tente d’apporter des réponses.
https://www.youtube.com/watch?v=EwXB8GFpBQg&feature=youtu.be
En résumé, selon Xavier Degraux, plusieurs tendances se dégagent. Si les réseaux sociaux connaissent une forte croissance, notamment Facebook qui regagne du terrain, les applications de messageries instantanées comme WhatsApp, Messenger ou Snapchat sont véritablement en train d’exploser.
L’expérience client avant tout
Une tendance à la hausse que connaissent également les plateformes de streaming vidéo, malgré le manque de chiffres précis sur le sujet. Preuve, certaines entreprises comme Netflix et YouTube ont choisi de brider leurs services. De son côté, Disney+ a même reporté à plus tard son lancement en France.
Pour notre expert, ces mesures semblent justifiées pour assurer le bon fonctionnement du réseau en cette période de crise, tout en garantissant une « expérience client » positive tout aussi importante pour les plateformes : une mauvaise connexion équivaut à une mauvaise expérience et au final, à une mauvaise publicité.
Autre tendance observée par Xavier Degraux : même s’il gagnait déjà du terrain auparavant, le format vidéo est privilégié par les utilisateurs. Par ailleurs, puisqu’ils ont davantage de temps aujourd’hui, de plus de gens délaissent les courtes vidéos, qui étaient la norme sur les réseaux sociaux, pour se tourner vers des formats plus longs notamment sur YouTube.
Simples tendances ou changement réel des mentalités ?
Pour notre expert, cela fait déjà deux années que ces tendances s’observent. Mais pour lui, ce qui est important à noter, c’est la croissance exponentielle qu’elles connaissent depuis l’éclatement de la crise Covid-19. Une crise, on le sait à présent, appelée à durer voire à perdurer. Et donc, difficile d’imaginer que « cette période dorée pour le numérique » ne va pas profondément transformer le paysage actuel et surtout changer définitivement nos habitudes de consommation en ligne.
L’art de placer sa promo
De leur côté, les télécoms profitent de l’occasion pour faire leur promotion : datas offertes, chaînes supplémentaires, appels gratuits et même apparition de la 5G.
En discussion depuis de nombreux mois, sa mise en route soudaine en pleine pandémie, a surpris plus d’un bourgmestre comme à Ottignies, Louvain-La-Neuve ou Wavre.
Et provoquer une vague de contestations de nombreux citoyens s’inquiétant des risques potentiels pour la santé, dans un contexte qui plus est de confinement. Tout en dénonçant des infrastructures et une législation non encore adaptées à la 5G.
Un trafic en hausse de 70%
Donc, les échanges virtuels se multiplient depuis les mesures de confinement prises par les différents gouvernements mondiaux. Tout comme le désir de communiquer et le besoin d’augmenter ses rapports sociaux malgré la distance.
L’étude Omdia, décortiquée dans un article paru le 26 mars dernier sur le site SiècleDigital, met des pourcentages sur ce désir et ce besoin. Pour ce faire, elle prend trois éléments en compte : le trafic internet, le streaming vidéo et le commerce électronique. Ainsi, elle démontre que l’utilisation des réseaux sociaux a augmenté de 61%. Elle constate aussi que le trafic Internet est en hausse de près de 70% dans les régions du monde au sein desquelles la politique de confinement est à son apogée, comme en Europe. Les plateformes de streaming enregistrent quant à elle une augmentation de 12%. Toujours selon Omdia, les revenus de l’e-commerce devraient quant à eux augmenter de 5%.
Mais comment et pourquoi le confinement affecte-t-il les contacts humains, tout en boostant les liens virtuels ?
Pour Jean-Samuel Beuscart, sociologue, « Internet sert à énormément de choses, il a changé les pratiques culturelles […] Il n’y a rien qui empêche les personnes d’intensifier d’une part leurs relations sociales, d’autre part leurs pratiques culturelles, et troisièmement leurs pratiques d’information. »
Il semble par ailleurs peu convaincu par le fait que des personnes privilégient certaines activités plutôt que d’autres.Iil précise : « Les pratiques changent, certes, mais tout le monde est dans la même situation […] Je ne crois pas qu’il y ait des gens qui se replient spécifiquement sur eux-mêmes et d’autres qui s’ouvrent. »
Multiplication des échanges culturels
Lors de la première semaine de confinement en France, les échanges de biens culturels se sont aussi multipliés : livres en ligne, films, émissions ou podcasts. C’est réellement cette mise en avant de la gratuité et le partage à grande échelle qui permet à chacun de surmonter cette épreuve. « Avec un ou plusieurs réseaux sociaux, on reconstitue ce qu’on ne peut plus avoir au quotidien, le « hors ligne » et le « en ligne » s’entremêlent. Pour ceux qui vivent seuls ou qui sont malades, les réseaux sociaux restent le seul moyen d’être en contact avec les autres« , analyse Valérie Jeanne-Perrier, responsable de formation en journalisme au CELSA, l’Ecole des hautes études en sciences de l’information et de la communication, dans une interview accordée au média français 20 Minutes. « Désormais, la majeure partie des individus s’adresse aux autres non pas pour se mettre en valeur, mais pour humblement solliciter un contact ou conforter un lien humain. »
Le « hors ligne » et le « en ligne » s’entremêlent
L’absence de chaleur humaine
Le besoin d’interactions sociales semble être la préoccupation principal sur la toile. Mais pour Sarah Steils, psychologue, les liens virtuels ne remplaceront jamais les contacts physiques : « Dans les relations virtuelles, l’absence de langage non verbal engendre une communication manquant de contenu. Il faut également souligner l’absence de chaleur humaine, les relations virtuelles sont très impersonnelles. Elles sont tout aussi importantes mais elles représentent une forme relationnelle complètement différente. »
Dans le cadre de sa profession, elle reste mitigée à propos des téléconsultations et de leur faisabilité : « Lorsque l’on parle d’entretien par téléphone ou de vidéoconférence à nos patients, ils sont moins preneurs car ce qui est important pour eux, c’est la présence physique et cette chaleur humaine. »
Son avis est partagé par le centre CPS (Consultations Psychologiques Spécialisées), situé à Louvain-la-Neuve, et spécialisé dans la prise en charge des personnes souffrant de troubles émotionnels. Selon l’équipe du CPS, « cette situation est problématique car les patients préfèrent attendre la reprise des consultations « normales », ce qui pourrait entraîner une accentuation des troubles mentaux pendant la période du confinement. »
D’autre part, pour les interventions psychologiques en ligne, ils déconseillent fortement Skype en raison de l’enregistrement des conversations et de leur stockage sur un serveur, « une atteinte au secret professionnel. »
62 millions de téléchargements en une semaine
Si les réseaux sociaux, les applications de visio-conférence et les sites de streaming ont le vent en poupe, c’est parce que la plupart des échanges se font désormais via les écrans.
Des applications telles que Zoom, Microsoft Teams, Hangouts Meets, plutôt réservées au travail, ou encore Houseparty pour partager un moment convivial avec ses amis, ont ainsi été téléchargés 62 millions de fois en seulement une semaine.
Les réseaux sociaux continuent d’être utilisés, malgré une préférence pour les plateformes de messageries instantanées telles que Messenger ou WhatsApp, sans conteste la plateforme préférée à travers le monde.
Mais l’accroissement du nombre d’utilisateurs ne garantit pas pour autant une rentabilité accrue. En effet, les marques sont de plus frileuses et sceptiques à l’idée de dépenser de l’argent sur les réseaux sociaux en pleine crise sanitaire.
Confinement et inégalités
Le confinement dû au Covid-19 renforce les inégalités sociales, déjà préexistantes. Même si l’ensemble de la population se trouve confinée chez elle, les habitudes et pratiques sociales perdurent et vont intensifier ces inégalités entre les individus.
L’exemple concret du sociologue Jean-Samuel Beuscart, sur les différentes pratiques d’information le démontre : « Je pense que ceux qui s’informaient beaucoup sur des sources variées, le font encore plus. Et les gens qui s’informaient peu ou qui laissaient juste l’information venir à eux via Facebook, typiquement les gens peu diplômés de plus de 35 ans, doivent continuer à lire des informations qui circulent sur Facebook, mais juste plus intensément. » Dans ce cas, ce sont les habitudes du quotidien, le suivi des médias, qui vont accentuer le fossé des inégalités. Mais cette fracture sociale, touche tous les domaines « que ce soit les pratiques de sociabilité, les pratiques culturelles et les pratiques d’information. »
L’enseignement fait partie des domaines où l’inégalité est la plus flagrante. Même si l’école tente d’apporter un enseignement pour tous, il n’est pas adapté à chaque enfant, à chaque difficulté personnelle. Mais l’école reste un lieu de savoir commun, où des bases de réflexion peuvent être présentes. Cependant, avec le confinement, les élèves se retrouvent dans leur milieu familial avec pour chacun, des pratiques culturelles et sociales différentes .
« Quand je regarde Twitter, Facebook et les infos avec mon regard de sociologue », poursuit Jean-Samuel Beuscart, « c’est bien identifié par tout le monde : le confinement accroît formidablement les inégalités scolaires, entre les parents qui ont le capital culturel pour aider les enfants, et au contraire les autres parents qui ont du mal à les aider, et à prendre le relais. »
Les plateformes à la rescousse des enseignants
Pourtant, de nombreuses plateformes sont à disposition des professeurs et des élèves pour tenter de poursuivre un enseignement correct à distance.
Des classes des tout petits jusqu’à l’université, les professeurs modifient et adaptent leurs méthodes pédagogiques.
Marie-Agnès, professeur des écoles, enseignant en maternelle, France :
« Je prépare tout à distance, c’est une autre manière d’enseigner, mais ça ne convient pas. J’envoie chaque matin un mail. Au niveau pédagogique, j’essaye de me mettre à la place des parents qui ne sont pas enseignants, je détaille tout. Mais la limite : je n’ai pas le retour des élèves, seulement quelques dessins, mais je ne sais pas s’ils ont compris ou pas. Je n’ai pas le retour de tous les parents. Il n’y a plus d’interactions entre les enfants et ça, c’est le plus important en maternelle, surtout en petite et moyenne section. J’ai l’impression de naviguer dans le brouillard. »
Janick, professeur d’éducation physique et sponsor, dans un lycée agricole, France :
« On a reçu des consignes du ministre de l’Agriculture, c’est-à-dire des règles de sécurité, comme faire des activités physiques uniquement dans un lieu clos, uniquement sur une surface de trois mètres carré. J’ai reçu plusieurs vidéos donc à partir d’elles, j’ai fait un cycle pour les quatre semaines restantes pour mes différents niveaux : collège et lycée. Je propose un bloc de quatre jours, avec différentes activités de 30 à 40 minutes, comme du renforcement musculaire, du stretching, une partie cardio. Je n’ai pas beaucoup de contact ni de retour avec mes élèves, alors que je suis titulaire d’une classe. C’est difficile pour certains, car ils n’ont pas forcément accès à un ordinateur. D’ailleurs, ils paniquent, surtout les élèves qui ont un examen à la fin de l’année. »
Jeanne, professeur de français, dans un collège , France :
« Le meilleur indicateur, c’est quand je suis dans la classe, les retours des élèves, cela permet un ajustement, une évolution de mes cours, de ma pédagogie. Maintenant, il faut imaginer un travail pour l’élève et non plus pour la classe. »
« Quand on commence dans l’enseignement, c’est encore plus compliqué car on a moins de repères. Dans la situation actuelle, tout change, déjà en amont. Il faut que ça soit pensé pour que ce soit à distance, en prenant en compte les différences des élèves. »
« Les disparités sont déjà existantes, mais la distance va les renforcer, c’est cela le danger. Et c’est contre ce danger que l’on essaye de lutter avec la continuité pédagogique. »
« Très peu de retours la première semaine, car les élèves n’étaient pas investis. Mais après, quand on s’est rendu compte que la situation allait durer et qu’il fallait bien faire quelque chose, là, j’ai eu plutôt des messages de parents et d’élèves paniqués parce qu’ils n’avaient pas pris la mesure de ce qu’il fallait faire. C’est là que c’est devenu un peu compliqué en termes de communication. »
Un sentiment d’impuissance se dégage de ces différents témoignages. Malgré la présence d’Internet et d’une possible communication permanente entre les professeurs et les élèves, la continuité pédagogique ne se fait que partiellement. Certains élèves ne peuvent pas avoir accès à un ordinateur, ou bien le milieu socio-culturel familial peut être un obstacle pour l’apprentissage.
L’enseignement traditionnel ne prend pas en compte ce genre de situation inédite. Les professeurs doivent faire évoluer leurs pratiques de communication. Comme le démontre ce témoignage de Jeanne, notre professeur de français dans un collège, qui a commencé à communiquer avec ses élèves à partir des outils et plateformes voulus par l’Éducation Nationale française, pour finalement évoluer vers de nouveaux outils.
Jeanne
« Je me suis demandé quel outil j’allais utiliser. Au début, j’ai voulu utiliser l’ENT, mais qui était très dysfonctionnel, on ne pouvait pas joindre les élèves, les parents non plus et puis il y en avait qui n’avait pas leur code… On a l’avantage d’avoir un logiciel qui s’appelle Pronote dans lequel, en tant que prof, on a le devoir de remplir un cahier de texte, expliquer jour après jour le contenu du cours et les devoirs à faire. Donc, j’ai dit à mes élèves que tous les jours, j’allais noter une activité à faire, et qu’il fallait aller voir. »
« Je me suis aperçue que ce n’était peut-être pas suffisant, car cela donne une communication unilatérale. Je leur propose des activités, je me casse la tête pour donner des consignes les plus claires et précises possibles pour qu’il n’y ait pas trop de questions, et que ça n’engendre pas trop de problèmes. Mais il suffit d’aller dans une classe au collège avec trente élèves pour se rendre compte que c’est impossible qu’il n’y ait pas de questions. »
« Les élèves, par leurs questions, nous aide à affiner nos cours. Mais là, je n’avais pas de retour et donc je n’étais pas satisfaite. Mais je ne me voyais pas faire une groupe Facebook pour parler à mes élèves. Parce que je partais du principe que l’Éducation Nationale nous a donné des outils pour assurer la continuité pédagogique et donc, je voulais utiliser ces outils-là. J’ai alors entendu parler de Discorde. Je ne connaissais pas du tout, mais en effet, c’est un système de chat simple, qui permet une interaction rapide entre le prof et ses élèves. Pour répondre à des questions, ça peut être bien de se donner des petits rendez-vous. Sinon, j’ai beaucoup travaillé par mail pour échanger avec mes élèves. »
« Quoi qu’il en soit, pour le futur de l’enseignement, et par rapport à ce type de situation exceptionnelle, il faudra réfléchir à un vrai dispositif commun, une vraie mise en place de quelque chose de commun, pour ne pas tous partir dans tous les sens. »
Les plus vulnérables trinquent
Si l’enseignement est touché par des inégalités, le réseau social dans son ensemble également. Les gens communiquent plus sur les réseaux sociaux et prennent des nouvelles de leurs proches via téléphone ou plateformes de visioconférence.
Ainsi, sur un échantillon de 450 personnes, il nous est revenu que 29% des gens estiment appeler beaucoup plus leurs proches et 43,5% les appellent un peu plus.
Pourtant, une autre partie de la société est délaissée pendant ce confinement. Toujours d’après le sociologue Jean-Samuel Beuscart, « quand on voit la situation dans les Ephad (maisons de repos en France NDLR) ou en psychiatrie ou dans les endroits où les travailleurs sociaux avaient l’habitude d’intervenir, dans tous ces lieux, le confinement génère de véritables catastrophes. »
Pour ces personnes plus vulnérables, le confinement est bien réel et total. Elles ne peuvent ou ne veulent pas sortir de chez elles au risque d’être contaminées.
Rolande, retraité vivant à la campagne, France :
« On reste plus à l’intérieur, ça nous prive de la marche, donc on fait autre chose, on lit plus, on fait des jeux comme Triomino par exemple. C’est vrai qu’on a changé nos habitudes. Moi, j’aimais bien sortir, aller boire mon café chez des amis. Ça nous pèse énormément, il n’y a plus de bruit, les voitures ne s’arrêtent plus, plus personne ne s’arrête d’ailleurs. C’est un isolement ! Mais on est quand même heureux, on est tous les deux ! Non, non, je ne sors plus, on me fait mes courses, même pour le pain, on ne sort jamais et ça me coûte de ne plus faire ce que je veux. Mais ça me fait peur de sortir. »
Un moment d’expérimentations
Et lorsque le confinement sera terminé, quelles seront nos nouvelles habitudes de communication, quels seront nos futurs rapports au travail, aux gens, au monde ?
À titre indicatif, sans valeur scientifique donc, d’après le questionnaire réalisé pour cet article, plus de 40% des 450 participants pensent que le confinement va permettre par la suite de renforcer les contacts humains déjà préexistants. Et peut-être même de créer de nouveaux liens.
Par contre, 30,8% pensent que le confinement ne va rien changer et que tout redeviendra comme avant.
Même s’il n’est pas possible de prédire l’évolution à venir des relations entre les gens, le sociologue Jean-Samuel Beuscart pense que la situation de crise actuelle « va peut-être renforcer les liens et donc apporter une certaine durabilité de ceux. »
Parallèlement, pour lui, certaines habitudes prises actuellement en confinement pourront par la suite perdurer lorsque la vie reprendra son cours.
Et de conclure : « C’est inédit comme situation. Ce que je peux dire, c’est que c’est un moment d’expérimentations et de nouvelles pratiques pour les individus. Donc, il est raisonnable de penser qu’il va en rester quelque chose. Peut-être que l’on fera davantage d’échanges vidéo, du type les « Sky-péro » par exemple. Comme il y aura sans doute de nouvelles formes de pratiques culturelles et sponsors. »