Le maire de Londres dit oui au Brexit : décryptage

Boris Johnson, le maire de Londres se positionne contre le Premier ministre britannique, David Cameron. Johnson se prononce en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il veut toujours plus de pouvoir à l’Etat-nation et une Union Européenne moins souveraine.

Après deux jours de négociations lors du sommet européen à Bruxelles, David Cameron est rentré avec un accord en poche. Il espère que cet accord convaincra les eurosceptiques britanniques. Le Premier ministre organisera un référendum pour le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il aura lieu le 23 juin 2016. Certains politiciens ont déjà fait part de leur point de vue sur le sujet, dont Boris Johnson, maire de Londres et membre du parti conservateur. Il s’est exprimé samedi devant les médias en disqualifiant l’accord obtenu par le Premier ministre.

Je pense que personne ne peut prétendre que [cet accord] est une réforme fondamentale de l’UE ou de la relation de la Grande-Bretagne avec l’UE.

Partiellement vrai

Boris Johnson est partisan du Brexit. Ce qui laisse entendre une instrumentalisation dans les propos du maire de Londres, selon Régis Dandoy, politologue à l’ULB. Pour Johnson, la réforme ne répondra jamais complètement aux exigences des Britanniques. « Dans le domaine de la crise migratoire, la concession prise par l’Europe n’est pas satisfaisante pour le Royaume-Uni. » explique le politologue. En effet, David Cameron demandait un moratoire de quatre ans pour les ressortissants de l’UE au Royaume-Uni candidats aux aides et aux logements sociaux. Ce qu’il n’a pas obtenu. L’UE lui a accordé une clause de sauvegarde de sept ans sur certaines aides sociales pour les nouveaux migrants. Cela ne permet donc pas au Premier ministre britannique de prendre une décision d’accorder un délai ou une suspension volontaire des aides sociales des nouveaux arrivants. « Du point de vue politique, cette réforme ne change pas les principes qui sont à la base de l’Union européenne : les principes d’intégration européenne, l’organisation des insitutions (parlement, commission, conseil), la prise de décision, etc. » conclut Régis Dandoy.

Je souhaite une nouvelle relation [avec l’UE] davantage fondée sur le commerce, la coopération, avec beaucoup moins de contenu supranational.

Oui, mais…

« Il y a énormément de contenu supranational. Depuis la création de l’UE, toute une série de législations ont été décidées (directives, prises de position). Elles ont, petit à petit, eu un impact grandissant sur la législation nationale. Selon certains politologues, actuellement, entre 70 et 80% des thématiques débattues au niveau national sont des thématiques déjà régulées au niveau européen », détaille Régis Dandoy. « Ce qui est décidé à Westminster (le parlement britannique) est en grande partie dirigé par Bruxelles, la législation qui est votée oriente la politique en termes de migration, d’économie et de relations étrangères, etc. Au plus l’intégration européenne augmente, au moins le Royaume-Uni a une marge de manœuvre. Mais ce n’est pas spécifique au Royaume-Uni, cela vaut pour tous les autres pays de l’Union. Il y a même moins de contenu supranational pour le Royaume-Uni par rapport aux autres membres, puisqu’il n’est pas dans l’espace Schengen, il n’a pas l’euro, et il bénéficie d’exceptions sur toute une série de matières. En effet, le poids de l’Union est grandissant pour les 28 et pas uniquement pour le Royaume-Uni. » N’étant pas dans l’espace Schengen, le Royaume-Uni ne participe pas à la législation européenne sur l’asile et l’immigration. Le pays peut décider de ne pas participer à la répartition des réfugiés dans l’UE contrairement aux autres membres. Marianne Dony, professeur de droit européen à l’ULB explique : « environ 95% des textes qui sont adoptés au Parlement ou au Conseil européen le sont avec un large consensus. Le Royaume-Uni participe à l’élaboration de ce contenu supranational, rien ne leur est donc imposé. »

Anne-Sophie Depauw, Yoris Bavier, Mathilde Ridole