Dans quel contexte s’inscrit cette déclaration ?
Si le 21ème siècle a pu être surnommé “l’ère de la migration”, depuis maintenant plus de 3 ans l’Europe fait face à ce qui est communément surnommé la “crise migratoire”. Selon les chiffres de l’agence Frontex, on comptait 500 000 migrants aux portes de l’Europe sur la seule période du 1er janvier au 1er septembre 2015, tandis qu’il y en avait 280 000 pour l’ensemble de l’année 2014.
Valérie Pécresse affirme que la région « est saturée », il y aurait « énormément de migrants économiques » et « 130 bidonvilles ». Combien de “migrants économiques” sont présents ? Y a-t-il vraiment 130 bidonvilles ?
Il y a énormément de migrants économiques.
Abus de langage
Le terme « migrant économique » est souvent employé de manière abusive. La préfecture de Police d’Île-de-France, de Paris, ainsi que la Région Île-de-France, la Ville de Paris et la DIHAL (Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement) n’ont pas su apporter de réponse à cette question, n’ayant pas à la fois de statistiques à ce propos et ne voyant pas où ces chiffres pourraient être disponibles. Il apparaît donc difficile de pouvoir dire qu’il y a “énormément de migrants économiques”.
Camp installé Porte de la Chapelle, Paris – Crédit photo Flickr
On a 130 bidonvilles recensés dans la région
Approximation
La Région Île-de-France a répondu à cette question par l’envoi d’un article de FranceTvInfo. Cet article date du 1er Mai 2015 où 151 bidonvilles étaient recensés par la Dihal qui s’occupe de l’accès au logement pour les personnes sans-abri ou mal-logées. Dans ce même article, la Ligue des Droits de l’Homme avait à l’époque recensé 135 bidonvilles. Si le nombre de 130 avancé par Valérie Pécresse semble réaliste comparé à 2015, il reste tout de même approximatif et non prouvé. D’après Rom’Europe, il y aurait 123 bidonvilles en Île-de-France.
Il semble y avoir une confusion entre le terme de camps et bidonvilles. Selon Jean-Marie Fardeau, directeur de VoxPublic, “les bidonvilles sont habités par des Roms depuis plus de 20 ans, qui sont ballotés au gré des expulsions. La plupart des migrants de 2014-2016 ne vivent pas en bidonville, ils vivent soit dans des camps récents, dans la rue ou arrivent à accéder à des foyers d’hébergement plus au moins précaires. Ce sont deux phénomènes tout à fait différents. »
Le camp Stalingrad a d’ailleurs été évacué à Paris le 4 novembre 2016. Près de 3 000 personnes ont été déplacées dans des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) un peu partout en France.
Ce jeudi 10 novembre, le centre humanitaire pour migrants proposé par Anne Hidalgo ouvre par ailleurs ses portes à Paris, Porte de la Chapelle. Il pourra accueillir jusqu’à 600 personnes d’ici la fin de l’année. Une région qui ne semble pas tant que ça “saturée” au final.
Pauline Poudou et Chloé Richard