Fin septembre, un nuage de ruthénium 106 est détecté en Europe. Plus de deux mois après, on ne connait toujours pas la provenance exacte de ces émissions.
Le ruthénium 106 c’est quoi ?
C’est un produit de fission artificiel utilisé dans l’industrie nucléaire et dans les traitements médicaux.
Selon un rapport de l’institut de radioprotection et de sécurité nucléaire, il proviendrait d’une zone située entre la Volga et l’Oural au sud de la Russie près de la frontière Kazakh.
Détection de #ruthénium 106 en France et en Europe fin septembre 2017 : résultat des investigations de l’IRSN et information actualisée sur la zone de rejet la plus plausiblehttps://t.co/fYkPBgache pic.twitter.com/MHl4kdhImL
— IRSN France (@IRSNFrance) 9 novembre 2017
Sergio Urossov, doctorant à l’ULB et expert de la Russie, nuance : « Cet incident est mineur mais significatif. Il est courant qu’il y ait des incidents de ce genre mais qui n’arrivent pas sur nos radars. Cependant, il n’y a pas de danger pour nous. C’est la population locale et l’environnement qui en souffrent le plus. Les taux de cancer et de leucémie dans cette région sont anormalement supérieurs à la normale. »
Les taux détectés en Russie l’agence russe de météorologie Rosguidromet sont très élevés. Un taux près de 1000 fois supérieur au taux habituel a été enregistré par la station de météorologie d’Arguaïch situé à 30km du complexe nucléaire Mayak ou une catastrophe nucléaire avait eu lieu en 1957. Le site est toujours en exploitation.
Le complexe nucléaire Mayak est peu connu. Pourtant en 1957, une catastrophe nucléaire a lieu. Le silence est gardé sur cet évènement jusqu’en 1976. Selon M. Urossov la Russie a toujours été dans une politique de déni environnemental. Le pouvoir central n’a que peu de contrôle sur les régions éloignées. Rosatom est une entreprise d’Etat à fin militaire, leur reconnaissance en demi-teinte ne peut pas être prise au sérieux.
Karatchaï est le lac plus pollué de Russie. On y déverse les déchets de Mayak depuis les années 50, il est rebaptisé « réservoir d’eau V-9 ». Dans les années 90, son niveau de radiation était suffisant pour tuer un homme en une heure.
Des moyens d’actions limités
Pour lutter et sensibiliser, des ONG russes font face aux responsables. Les associations de victimes et autres organisations sont cependant marginalisés par le gouvernement et ne touchent pas d’aides financières.
Greenpeace Russie demande une enquête pour dissimulation d’accident nucléaire et appelle Rosatom le conglomérat nucléaire public Russe à publier des données sur les évènements de Mayak. Cependant Rosatom a assuré le 21 novembre qu’elle n’avait aucun incident ni panne sur ses installations.
crédit photo : Ecodefense, Heinrich Boell Stiftung Russia, Alla Slapovskaya, Alisa Nikulina