Nouveau rebondissement pour le Royaume-Uni. Dans l’épisode intitulé « Période de transition du Brexit », les principaux acteurs du feuilleton britannique ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente.
D’un côté, Michel Barnier, négociateur de l’UE. Il affirme que le Royaume-Uni perdra le passeport financier s’il quitte le marché unique. De l’autre, David Davis. Il déclare, au nom des Britanniques, vouloir quitter l’ « accord douanier » tout en maintenant la relation commerciale la « plus fluide possible » avec l’UE. Décryptage.
« Quand le Royaume-Uni quittera le marché unique, il perdra son passeport financier ». Michel Barnier
Visiting European Banking Authority @EBA_News today.
Preparedness for #Brexit is key. All competent authorities and market operators have to prepare now. When the UK leaves the single market, the financial passport is gone. pic.twitter.com/owwN2RmKcv
— Michel Barnier (@MichelBarnier) 5 février 2018
Michel Bernier, négociateur de l’Union européenne, a déclaré sur Twitter que le Brexit entraînerait la perte du passeport financier pour le Royaume Uni. Il s’agit dun droit pour des entreprises de l’Espace économique européen de vendre des produits et des services à l’intérieur du bloc européen.
Toutefois, Maria Tomasik, attachée de presse chez Eurogroupe, (commerce et développement) affirme qu’« il est prématuré de parler de perte du passeport financier, car la question n’a pas encore été réellement discutée, il n’y a pas de position formelle, ni de mandat ».
Ce passeport représente gros pour le Royaume-Uni, sa perte laisserait d’importantes failles dans l’économie britannique.
Notons également que des alternatives restent possibles. Le Royaume-Uni pourrait se rabattre sur le régime des équivalences, ce qui permettrait aux pays tiers de proposer librement leurs services dans l’Union européenne, sous la seule supervision de leur régulateur local. Le passeport financier est donc une ressource considérable pour l’économie britannique, sa suppression aurait des conséquences financières et humaines importantes.
« Le Royaume Uni va quitter l’accord douanier. Nous souhaiterions pouvoir signer des accords commerciaux avec le reste du monde et conserver, une fois le Brexit acté, la relation commerciale la plus fluide possible avec l’UE ». David Davis
David Davis a rétorqué, lors des négociations, que son pays allait quitter « l’accord douanier » pour pouvoir signer des accords commerciaux avec le reste du monde. Il souhaiterait aussi conserver, une fois le Brexit acté, la relation commerciale « la plus fluide possible » avec l’UE. Les Britanniques seront en effet bien plus libres : « Ils pourront signer des accords bilatéraux avec le reste du monde », explique Élodie Lamer, correspondante pour le site d’information en ligne lesoir.be. Pas certain pour autant que les relations restent « fluides » : « Les Européens seront plus durs en négociations, car il s’agit aussi de décourager tout autre pays de l’UE qui serait tenté de claquer la porte », affirme Élodie Lamer.
En quoi l’accord douanier consiste-t-il ?
« L’union douanière permet d’éliminer tous les droits de douane et les contrôles aux frontières intérieures de l’UE. La marchandise transite donc bien plus vite que lorsqu’elle provient d’un pays tiers. L’impact sur la compétitivité est donc significatif », explique Élodie Lamer. Pas de quotas sur les échanges non plus. Cela pourrait en revanche être le cas dans le futur sur la viande, avec le Mercosur.
Quels seraient les avantages des Britanniques à quitter l’accord douanier ?
« Le Royaume-Uni ne sera plus soumis à la politique commerciale commune », poursuit Élodie Lamer. Les Britanniques pourront négocier des accords bilatéraux. Les Britanniques n’auront pas pour autant la latitude de négocier directement un accord avec un pays X. Par exemple, si des échanges s’intensifient avec la Chine et que le Royaume-Uni souhaite établir un accord avec le pays, les Britanniques devront attendre que l’UE se mette d’accord sur un mandat de négociation qui convienne à tous les états membres de l’UE. Par ailleurs, l’impact n’est pas le même quand un pays commerce seul. Lorsque l’Europe frappe à la porte d’une grande puissance, elle a plus de poids car elle est appuyée par 28 états et représente un marché de 500 millions de consommateurs.
Est-ce que les Britanniques seront réellement plus libres ?
Les Britanniques seront bien plus libres mais s’ils veulent conserver un accord avec le marché européen, ils seront toutefois obligés d’appliquer les règles établies par l’UE.
Comment dès lors conserver une relation commerciale « fluide » avec le Royaume-Uni, une fois le Brexit acté ?
« On envisage un accord similaire au CETA pour la période post-Brexit. Cet accord devrait, dans les prochaines années, supprimer la quasi-totalité des droits de douane sur les échanges », poursuit Élodie Lamer. En tout état de cause, « les Britanniques n’auront jamais les mêmes avantages qu’un membre de l’UE. » conclut Élodie Lamer.
L’UE tirera-t-elle avantage de cet accord final?
Le Royaume-Uni est un partenaire important. Il est donc logique que l’UE conserve une relation étroite avec le Royaume-Uni. Cette relation peut s’illustrer dans certains domaines comme la diplomatie et la défense par exemple.
Le fog s’épaissit sur le Brexit. Les désaccords s’expriment des deux côtés, la transition est loin d’être acquise et… la sortie du Royaume-Uni annonce encore quelques passages nébuleux…
Céline Van Hemelryck – Ewa Kuczynski
Crédit photo : Creative Commons CC0.