Interdire mondialement les expériences animales pour les cosmétiques ? Une volonté de l’Europe

L’expérimentation animale pour les produits cosmétiques est interdite en Europe depuis 2013. Vous trouverez dans cet article tous les enjeux liés à ce phénomène.

L’Union européenne veut étendre l’interdiction de l’expérimentation animale dans la production de cosmétiques. Malgré cette interdiction, certaines entreprises réalisent des tests sur des animaux dans des pays hors UE pour ensuite les vendre dans la zone euro. Cependant, le nombre d’animaux tués en Europe et en Belgique est en constante baisse.

« Lapins, hamsters, souris, plusieurs millions d’animaux sont tués chaque année dans les laboratoires du monde entier, alors que pour les cosmétiques, plus rien ne le justifie », déclare l’eurodéputée fédérale Frédérique Ries.

A NUANCER

En effet, rien qu’en Europe, ce sont plus de 11 millions d’animaux (essentiellement des rongeurs) qui ont été tué à des fins expérimentales en 2011. Ce chiffre provient du septième et dernier rapport en date de la Commission européenne. Pour cette année 2018, il y aurait déjà plus de quatre millions d’animaux tués dans les laboratoires européens, selon le site Planetoscope.
Dans ses propos, Frédérique Ries mélange le nombre d’animaux tués dans les laboratoires avec le nombre d’animaux tués pour les produits cosmétiques. En Europe, il est interdit depuis 2013 de faire des expérimentations sur les animaux pour les ingrédients et les produits cosmétiques. Entre 1996 et 2011, le nombre d’animaux tués à pour des tests concernant les produits cosmétiques est passé de 1960 à 90, toujours selon les chiffres du rapport de la Commission européenne.
Par conséquent, il y a bel et bien plusieurs millions d’animaux tués chaque année en Europe et dans le monde, mais ils servent majoritairement d’expérience scientifique, pas à des fins cosmétiques puisque c’est interdit en Europe depuis 5 ans.

Animaux tués Belgique
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Sur ces deux graphiques ci-dessus, nous voyons à la fois que le nombre total d’animaux tués dans les laboratoires sont en baisse, mais aussi que certaines espèces d’animaux sont plus utilisés pour les expériences qu’auparavant. Par exemple, les lapins et les volailles sont de plus en plus utilisés à des fins expérimentales.

 

Animaux tués, pour quoi ?
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Dans la catégorie « Autres objectifs de recherche » du graphique ci-dessus, nous retrouvons par exemple 90 animaux tués pour les cosmétiques en 2011. Officiellement, cela était interdit depuis 2009, mais certaines autorisations ont été attribuées pour faire des tests sur les animaux pour les produits cosmétiques entre 2009 et 2011.

« Des méthodes de tests alternatives existent, qui sont souvent moins chères, plus rapides et plus efficaces », dit l’eurodéputée fédérale Frédérique Ries.

VRAI

« Il est déjà possible de substituer aux tests sur animaux des méthodes alternatives pour des tests d’irritation, de corrosion et de sensibilisation de la peau et de l’œil », certifie Elisabeth Berggren, responsable scientifique de la Commission européenne. Pour l’instant, différentes techniques sont en cours de développement :

  • Les expériences in vitro : c’est la création d’une culture de cellules humaines sur des puces électroniques qui permettent d’observer et de comprendre la structure et le fonctionnement des organes.
  • La modélisation informatique (in silico) : le corps humain est informatisé en 3D. Les chercheurs peuvent simuler la biologie humaine et voir la progression des maladies.
  • La recherche à l’aide d’humains volontaires : des personnes volontaires atteintes de maladies font office de test pour voir la réaction de nouveaux médicaments sur le corps humain.
  • Les simulateurs de patient humain : ce sont, en quelque sorte, des robots qui réagissent de la même manière qu’un être humain.


Quelle est la réglementation européenne sur les tests animaux dans l’industrie cosmétique ?

Le Règlement cosmétique européen (n°1223/2009) interdit officiellement la mise sur le marché de tout nouveau produit cosmétique testé sur des animaux après mars 2013, y compris pour les produits importés.

La Cour de Justice de l’Union européenne a tranché dans un communiqué : « Le droit de l’Union protège le marché européen contre des produits cosmétiques dont les ingrédients ont fait l’objet d’expérimentations animales. Lorsque ces expérimentations ont été menées hors de l’Union pour permettre la commercialisation du produit dans des pays tiers et que le résultat de ces expérimentations est utilisé pour prouver la sécurité du produit, la mise sur le marché de l’Union de ce produit peut être interdite. »

En dehors de l’Union européenne, plusieurs pays ont également banni les tests sur animaux pour les cosmétiques. Parmi eux, l’Inde, la Turquie, la Nouvelle-Zélande, Israël et la Norvège.

Source de la ligne du temps: la petite noisette

 

Pourquoi des cosmétiques testés sur des animaux sont encore en circulation en Europe?

Malgré la réglementation européenne de mars 2013, de nombreux produits cosmétiques sur le marché peuvent avoir été testés sur des animaux.

Voici pourquoi :

  • Les produits et ingrédients testés sur les animaux avant mars 2013 sont toujours sur le marché et continuent à être commercialisés.
  • L’interdiction de test sur les animaux est valable uniquement pour des produits utilisés à des fins cosmétiques. Et les cosmétiques peuvent contenir des ingrédients qui sont utilisés dans d’autres secteurs, pour lesquels les tests sur les animaux ne sont pas interdits. On peut donc retrouver ces ingrédients dans des produits de beauté.
  • La réglementation REACH oblige à tester sur les animaux les ingrédients chimiques utilisés à plus d’une tonne par an en Europe, pour protéger la santé et l’environnement. Les tests peuvent alors être faits sur des ingrédients purement cosmétiques.

 

Qui contrôle l’interdiction des tests animaux ?

Le contrôle du respect de la réglementation européenne est de la responsabilité de chaque état membre pour son territoire.

La Commission européenne oblige les industriels du cosmétique à avertir l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) si des tests sur les animaux sont effectués.

De plus, la commercialisation de chaque produit cosmétique est accompagnée d’un Dossier d’information produit (DIP), qui regroupe toutes les informations du produit, afin de contrôler si un produit a été testé ou non sur des animaux.

 

Comment savoir si un produit cosmétique a été testé sur un animal avant de l’acheter ?

De plus en plus de consommateurs sont préoccupés par la question du bien-être animale. Il existe désormais divers labels qui permettent d’identifier plus facilement si les produits de beauté ont été testés ou non sur les animaux.

En voici quelque uns :

  • Leaping Bunny de « Cruelty Free International » : un logo en forme de lapin qui atteste du non usage de test sur les animaux.
  • One voice : le label one voice de couleur bleu garantit que le produit est bio et sans ingrédients d’origine animale (sauf ingrédients de la ruche), et qu’aucun test animal n’a été effectué ; le label de couleur orange garantit la même chose que la couleur bleue tout en certifiant que le produit est bio.
  • Labels bio : ils ne garantissent pas qu’un produit n’a pas été testé sur les animaux.

 

 

Crédit Photo: Pixabay/Tiburi