Elle s’appelle Coline*, elle a 24 ans et vient de terminer un master en langues à l’Université Libre de Bruxelles. Comme beaucoup de jeunes, elle se sent ignorée. Elle n’a voté que trois fois et pourtant, elle n’y croit déjà plus.
Le 14 octobre, elle a voté pour le PTB (Parti des Travailleurs Belges) « pas tellement par conviction profonde mais disons que pour moi c’est le moins pire ». Le choix du moins pire semble désormais l’argument le plus souvent mis en avant par les électeurs. À défaut de se reconnaître dans l’incarnation politique actuelle, ils et elles espèrent au moins éviter le « pire » comme on a pu encore le voir en France en 2017. Pareil pour sa commune, Coline a « surtout voté contre la liste du bourgmestre actuel ».
Une victoire en demi-teinte
Le PTB a obtenu d’excellents résultats et pourtant le parti ne sera pas présent à Liège où Coline a voté. « Je me sens un peu flouée, un peu déçue, j’ai un peu du mal à me retrouver dans ce qui se passe et à me dire qu’on est vraiment dans une démocratie parce qu’au final c’est le jeu des politiques entre eux qui font copain-copain et pas la voix des personnes. »
En fait, dans les deux seules communes où le PS n'avait pas la majorité absolue et était en négos avec le PTB, il s'est envolé avec le #MR. Et ce alors qu'une coalition progressiste était possible… sans le #PTB! #JeuDeDupes
— Raoul Hedebouw (@RaoulHedebouw) November 1, 2018
Les citoyens vraiment écoutés?
Coline ne pense pas que l’opinion des gens soit prise en compte : « Elle l’est superficiellement pour des motifs électoraux mais quand les gens sont vraiment pas d’accord avec une mesure qui est importante pour le pouvoir ou pour le monde financier, les gens vont manifester dans la rue et ça ne change rien. » Ce ras-le-bol se traduit également par une abstention assez forte pour un pays où le droit de vote est obligatoire, surtout en Wallonie, comme le montre notre carte interactive :
Elle nous avoue croire de moins en moins à la démocratie actuelle. « Moi j’ai le droit de vote depuis pas très longtemps puisque j’ai que 24 ans et j’ai essayé d’influencer un peu les choses mais je remarque que je suis quand même souvent déçue par la tournure des événements. Et surtout, en Belgique, avec le système des coalitions, c’est pas de la démocratie. »
La jeune diplômée a peu d’espoir en l’avenir et conclut : « Je vois que la société dans laquelle je voudrais vivre devient de plus en plus une utopie. »
*Prénom d’emprunt