C’est du moins ce que soutient Bernard Bayot, directeur du réseau Financité, producteur d’analyses sur le financement solidaire. Invité dans l’émission « Au bout du Jour », il considère les banques éthiques comme un meilleur pari pour l’avenir. Justement… parce qu’elles parieraient moins.
Sur une période de 10 ans (2007-2017), les banques éthiques ont une rentabilité moyenne annuelle de pratiquement 4% contre 1,2 % pour les banques systémiques
Vrai
La Fondation finanzaetica a publié en 2019 un rapport comparant la stabilité et la rentabilité des banques éthiques et des banques dites systémiques. La rentabilité moyenne est calculée en reprenant le ROE (Return On Equity/Rendement sur capitaux propres) qui révèle le rendement pour chaque investissement. Dans le rapport, ce rendement moyen pour 2017 est de 3,98 % pour les banques éthiques contre 1,23 % pour les banques systémiques.
« Le ratio de levier de 2017 des banques éthiques est de 11%, celui des banques systémiques est de 6%: les banques éthiques sont donc deux fois plus stables que les banques classiques. »
Vrai
On peut expliquer le ratio de levier comme une sorte de coussin de protection qui empêche les banques de prêter trop d’argent par rapport à la somme dont elles disposent. Le plafond est désormais fixé à 3%. Cela signifie que pour prêter 100€ une banque doit détenir 3€.
Selon le rapport de finanzaetica, les banques éthiques avaient, en 2017, un ratio de levier moyen de 11,03% contre 5,93% pour les banques systémiques. Ce ratio permet de mesurer la stabilité des banques, on peut donc admettre que les premières sont presque deux fois plus stables que les deuxièmes. On voit également qu’en 2006, les banques systémiques avaient un ratio moyen de 3,62% contre 10,81% pour les banques éthiques. Cette très faible stabilité des grosses banques explique qu’elles n’aient pas su amortir la crise financière de 2008.
« En 2017 (…) la partie des investissements dans l’énergie représente, pour le fossile, 59% ; et était en croissance en 2017 par rapport à 2016. »
A nuancer
En effet, ces chiffres sont ceux du dernier rapport « World Energy Outlook 2018« . Celui-ci est une production de l’OCDE, Organisation de Coopération et de Développement Économiques. On retrouve également la trace de la croissance de ces investissements dans le « Fossil Fuel Finance Report Card 2018 » de diverses ONG environnementales.
Ces chiffres peuvent toutefois être remis en perspective. Puisque selon ces mêmes rapports, les investissements dans les énergies fossiles étaient en baisse depuis 2014, malgré un léger retour à la hausse depuis 2017.
Bernard Bayot en est le directeur. Ce réseau belge regroupe des citoyens, mais aussi des syndicats et des ONG. Ils cherchent à mettre en place des outils pour développer une finance plus innovante et solidaire.
Les banques systémiques sont des banques qui « …de par leur taille, pourraient en cas de chute faire basculer l’économie et le secteur financier belge. » C’est ce qu’explique Dominique Liesse, journaliste spécialisée dans le secteur bancaire, dans un article de l’Echo. Ces banques sont déterminées à partir de leur taille, mais aussi de leur complexité, leurs interconnexions et de la manière dont d’autres industries peuvent reprendre leurs services.
Les banques éthiques se reconnaissent à travers le respect d’une charte bien particulière : la “FEBEA Ethical Charter”. Cette charte comprend notamment le soutien d’énergies renouvelables et du commerce équitable ou encore la poursuite d’un impact social à côté du profit financier.
Suite à la crise financière de 2008, le Conseil de Stabilité Financière et le G20 se sont accordés pour mettre en place les accords de Bâle III. Ceux-ci ont notamment mis en place le ratio de levier à 3%, obligatoire depuis janvier 2018. Les banques doivent dès lors, chaque fois qu’elles prêtent de l’argent, disposer d’une somme minimum de 3% du montant prêté, en comptabilisant les intérêts.
Simon Cornée, chercheur au Centre de Recherche en Économie de Rennes, explique que ce ratio permet d’éviter que les banques ne grandissent trop. Car lorsqu’elles s’effondrent, comme lors de la crise de 2008, les gouvernements sont obligés de renflouer les caisses.
D’après une étude de Simon Cornée et Ariane Szafarz, les banques éthiques entretiennent de meilleures relations avec leurs emprunteurs grâce à leur transparence qui induit un rapport de confiance et donc de stabilité.
Un petit peu de lexique avant d’aborder la suite : on appelle « actifs » l’argent que la banque détient en comptabilisant son capital propre, ainsi que ce qu’elle a prêté et les intérêts qu’elle peut en attendre. Les « fonds propres » par contre, sont uniquement les fonds effectivement détenus. Ils servent à couvrir les risques.
Dès lors, moins l’investissement est risqué, moins il faut investir de fonds propres. Or les banques éthiques ont en règle générale des actifs plus sûrs. En effet, elles s’engagent à ne pas spéculer dans le monde financier. Elles préfèrent viser moins haut, mais s’assurer de ne pas pâtir trop directement des conséquences d’un krach boursier; d’ailleurs, elles n’ont pas eu besoin de l’aide des états lors de la crise de 2008.
Une banque publique est l’idée d’une banque régulée un niveau fédéral. Une particularité essentielle est implication des citoyens dans la prise de décisions et le contrôle des activités bancaires. On peut voir un exemple à travers la banque allemande KfW.
Pour Mikael Petitjean, professeur de finance à la LSM (Louvain School of Management), ce serait une perte économique énorme pour le pays. Aline Fares, ancienne professionnelle du secteur bancaire, initiatrice de la campagne « Belfius est à nous » est d’un tout autre avis. Selon elle, une gestion fédérale des institutions bancaires permettrait une stabilité financière »indispensable à mettre en place depuis les catastrophes de 2008 ! ».
Il s’agit de NewB, dont parle Bernard Bayot. C’est une probable future banque belge qui se veut coopérative et éthique. Elle a introduit une demande de licence en janvier 2019.
Crédit photo : Mondiaal Nieuws/Richard Law