Anne Morin, au coeur du Conseil communal

Dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles, être le plus proche possible des électeurs est la priorité des élus. Pour cela, ils veillent à incarner au mieux les spécificités de la population. Mais, la tâche n’est pas toujours aisée. Nous avons rencontré Anne Morin, une jeune conseillère communale à Saint-Gilles.

Anne Morin est une jeune française de 31 ans passionnée de politique. Il y a neuf ans, la conseillère communale en devenir venait s’installer à Saint-Gilles, l’une des dix-neuf communes bruxelloises. Un changement déterminant, auquel Anne Morin ne s’attendait pas forcément.

Intéressée par la politique depuis toujours, Anne Morin entreprend des études d’histoire et d’anglais avant de suivre un master en études européennes en Pologne. Elle effectue ensuite un stage en commission européenne et obtiendra un poste fixe dans les affaires européennes au sein du PS.

Encore aujourd’hui, elle est très impliquée dans le PS français, un parti dans lequel plusieurs députés étrangers sont représentés. Elle a dirigé la campagne d’un candidat français qui réside en Belgique. Ensemble, ils demandent aux Français, habitant en Belgique, de s’inscrire à la fois au consulat de France pour les élections françaises et à la commune belge. Par la suite, Anne Morin devient conseillère communale de la commune de Saint-Gilles, cinq ans après son arrivée en Belgique. Son but est de rappeler aux étrangers résidant en Belgique qu’ils peuvent eux aussi voter lors des élections et s’impliquer dans la vie locale. Alors âgée de 27 ans, elle est l’une des plus jeunes conseillères de son parti.

Des femmes sous-représentées, la responsabilité des électeurs engagée

Dans la commune saint-gilloise, les femmes représentent un tiers des élus. Le système de la tirette, qui permet l’alternance parfaite hommes-femmes sur les listes électorales, sera d’application pour 2018 et pourra palier de manière légale au manque de parité. Selon Anne Morin, cette inégalité n’est pas due uniquement au fonctionnement politique. « La commune de Saint-Gilles pratique une parité quasi parfaite, mais si peu de femmes sont élues, c’est parce que peu de gens votent pour elles ». En effet, pour Anne Morin, les électeurs ont une grande responsabilité dans le fait que les femmes ne soient pas assez représentées. « Les gens votent par habitude ou suivent leurs idées préconçues, ils préfèrent donc voter pour des hommes ». La jeune élue soulève également un autre problème : « Les femmes se présentent peut-être moins car il peut être difficile de gérer sa vie de famille ou sa profession avec les réunions tardives du conseil ou les gros dossiers à analyser ».

Une commune multiculturelle

On retrouve un large échantillon de nationalités différentes à Saint-Gilles. 130 pour être exact. La majorité des étrangers résidant à Saint-Gilles vient du Maroc, du Portugal, d’Italie, de France, de Grèce et de Grande-Bretagne. Près d’un habitant sur deux est étranger. Le bourgmestre de la ville, Charles Picqué, met un point d’honneur à maintenir cette diversité. Il confie à la  RTBF que la mixité culturelle et sociale sont importantes puisqu’elles permettent d’empêcher le repli sur la communauté.

Le Conseil communal a donc voulu être au plus proche des citoyens en plaçant sur ses listes des candidats étrangers, comme Anne Morin par exemple. Grâce à cette stratégie, le Conseil espère représenter au mieux la population mais aussi capter les voix d’un maximum de personnes de nationalité différente. Si Anne Morin a eu la chance d’être élue aux élections communales de 2012, ce n’est pas le cas de tous les candidats étrangers qui s’étaient présentés. L’élue française explique « S’il y a peu de candidats étrangers qui sont élus, c’est parce que beaucoup de résidents étrangers ne votent pas, soit par manque de volonté, soit par peur de perdre leurs droits de vote dans leur pays d’origine, soit parce qu’ils ne savent tout simplement pas qu’ils y sont autorisés. Il y a alors plus de belges qui votent pour des candidats belges ». Elle ajoute « Si tout le monde s’inscrivait et votait, le Conseil serait beaucoup plus représentatif ».

Conseillère communale, mais pas que

Anne Morin travaille dans les affaires européennes puisque la fonction de conseiller communal n’est pas une activité à temps plein. « Il est important que les élus exercent des professions diverses afin d’être le plus représentatif possible de la population ».  Seulement, la majorité des élus fait partie des catégories socioprofessionnelles  3 et 4, reprenant les cadres d’entreprise et les enseignants alors que la population est principalement composée de catégories 5 et 6, c’est-à-dire les ouvriers et les employés. Anne Morin relativise : « Au Conseil communal de Saint-Gilles, il y a des retraités ou même par moment des personnes qui cherchent un emploi ». Les élus de Saint-Gilles tendent donc à se rapprocher au maximum de leurs électeurs afin de les représenter au mieux.

Domitille Masse, Elodie Métral, Mathilde Mettens, Maud Wilquin.

Crédit photo : Party of European Socialists