Le cinéma bruxellois vit ces dernières années des heures sombres. Les tarifs sont en constante augmentation et le public est de plus en plus séduit par la concurrence. Gros-plan sur une industrie culturelle en pleine transformation.
Tous les cinéphiles l’auront constaté : le prix d’une place de cinéma dans la capitale belge n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Entre 2006 et 2015, selon le rapport de l’observatoire des prix du SPF Économie, le prix de la place de cinéma en Belgique a augmenté de 33% par an en moyenne. Bruxelles compte aujourd’hui dix salles de cinéma. Celles-ci proposent des tarifs allant de 7 à 12,5 € pour un ticket standard. Il faut donc compter 9,6 € en moyenne pour un ticket de cinéma dans la capitale.
Sources : Rapport de l’observatoire des prix du SPF économie
Si le prix du billet est élevé, il faut noter que plusieurs composantes entrent en jeu (taxes communales, part des distributeurs, droits d’auteurs…). À noter également que le prix, bien qu’il soit fixé par les salles de cinéma elles-mêmes, peut varier en fonction de plusieurs facteurs comme l’importance de la concurrence, la taille des infrastructures (multiplexes ou cinéma de quelques salles seulement), le lieu d’implantation ainsi que la filière commerciale ou non de l’établissement, comme le note le rapport du SPF Économie. Aucune salle de cinéma ayant eu recours à une augmentation de tarif n’a souhaité nous communiquer les raisons de cette hausse.
Un prix élevé, quel impact sur la fréquentation ?
À l’augmentation du prix du billet, il faut ajouter une chute constante de la fréquentation des salles obscures depuis 2015. L’année 2016 fut également une année noire pour les salles de cinéma belges.
Sources : Fédération des cinémas de Belgique
Selon Thierry Laermans, secrétaire général de Fédération des Cinémas de Belgique, le prix ne serait toutefois pas le seul facteur de baisse de la fréquentation des cinémas de la capitale : “ En 2016, c’était catastrophique ! Le contexte des attentats a eu un impact direct sur le nombre d’entrées et les gens sont restés chez eux. C’était pareil cet été avec la Coupe du Monde, tout le monde avait les yeux rivés sur les prestations de nos diables rouges et donc il y avait un peu moins de monde. » Selon le secrétaire général, une légère reprise est toutefois perceptible depuis la canicule et tendrait à se poursuivre. « En septembre, on remarque déjà une belle reprise. Et vu la programmation de la saison à venir, on peut espérer un bon nombre d’entrées ces prochains mois ! » termine-t-il.
Miser sur une programmation originale
Seuls le cinéma Galerie et le cinéma Stockel n’ont pas touchés à leurs prix. Bram Sneyers, responsable du cinéma Galeries explique : “Nous n’avons pas augmenté nos prix pour une raison sociale. Nous travaillons avec des écoles et des CPAS et essayons que nos tarifs soient accessibles aux plus modestes. Hors de question pour nous de restreindre notre public. Nous avons bien entendu souffert de la baisse de fréquentations de 2016 mais augmenter nos prix n’aurait pas été cohérent avec notre engagement.” Selon lui, le public reste plus sensible à la programmation qu’au tarif des tickets. C’est donc par la qualité des films sélectionnés que le cinéma Galerie à choisi de se démarquer. Un choix payant puisque le petit cinéma a connu une hausse des fréquentation de 12% en 2017.
Augmentation des prix, choix de programme alléchants, aléas de l’actualité, succès des produits proposés, concurrence, autant de variables que les cinémas devront considérer pour continuer à exister. La reprise annoncée pour l’année en cours laisse entrevoir une meilleure fréquentation des salles de la capitale. Reste à espérer que cela ne profite pas qu’au portefeuille des exploitants.