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CETA version Magnette: une fierté wallonne mal placée

Publié le 10-11-2016 par
Depuis le début des négociations pour le CETA, la Wallonie et Paul Magnette s’opposent à cet accord de libre-échange avec le Canada, le Ministre-Président de la Wallonie avançant surtout des arguments protectionnistes régionaux.

Le 28 octobre dernier, Paul Magnette, Ministre-Président de la Wallonie, s’est exprimé sur Europe 1 sur les raisons de son opposition à l’accord de libre-échange avec le Canada. Le principal détracteur au CETA répond aux questions de Jean-Pierre Elkabbach en affirmant que le traité ne présentait aucun avantage à la Wallonie. Il avance également que le TTIP, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement avec les Etats-Unis, ne sera désormais jamais mis en place. Reste à démêler le vrai du faux de ces déclarations résolument catégoriques.

On n’avait absolument aucun intérêt régional, aucun intérêt local dans cette affaire.

PAS VRAIMENT

Marianne Dony, présidente de l’Institut d’études européennes de l’ULB, précise cependant que « pour certains points, en particulier la protection des agriculteurs wallons, il s’agissait plus d’intérêts locaux ». Dans un entretien avec Le Monde, Paul Magnette avait lui-même dénoncé les inconvénients que cela pourrait avoir sur le plan régional. Sa peur étant que l’arrivée de produits canadiens en masse sur la Wallonie pourrait déstabiliser tout le secteur.

Mais Pascale Delcomminette, la responsable de l’Awex (l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers), est persuadée que le marché canadien présente une réelle opportunité pour la Wallonie. Le Canada est en effet le 12ème client de la Wallonie hors UE et le 4ème client américain. Les produits exportés sont surtout pharmaceutiques et militaires. Le marché wallon au Canada pourrait donc s’étendre à bien d’autres domaines. Des possibilités d’améliorer et d’augmenter les exportations qui sont, selon elle, à ne pas refuser.

En effet, les chiffres de la BNB démontrent qu’en 2016, les exportations wallonnes vers le Canada représentent 10,5% des exportations belges vers ce pays nord-américain, ce qui est plutôt peu à l’échelle de toute la Belgique (89% pour la Flandre). La Wallonie avait alors tout intérêt à négocier pour le CETA pour augmenter ses exportations.

 

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 Le TTIP, le Traité avec les Américains, est mort et enterré. Les Américains n’accepteront jamais les conditions sociales, environnementales, la protection des appellations d’origine, etc. [mises en place par le nouveau CETA].

C’ÉTAIT DÉJÀ LE CAS AUPARAVANT

Paul Magnette affirme ici que le CETA est désormais la référence en matière de négociations de traités. Que sans les nouvelles adaptations qui ont été réclamées, le TTIP aurait pu être conclu. Or le TTIP était dans l’impasse totale bien avant. « Les Etats-Unis sont une puissance d’une force égale voire supérieure à celle de l’Union. Depuis le départ, ils ont adopté une position beaucoup plus agressive que le Canada dans les négociations. Ils ne veulent pas accepter les normes européennes, ou encore ouvrir leurs marchés publics locaux. Il est vrai qu’à partir du moment où l’UE décide de prendre comme « standard » le CETA, toute perspective d’accord s’éloigne encore plus. Mais c’était déjà vrai dans la version initiale du CETA. De plus, du côté américain, le projet d’accord sera cette fois réellement enterré par l’élection de Donald Trump, qui souhaite un retour à un plus grand protectionnisme des Etats-Unis », affirme Marianne Dony.

Chadaporn Phayakhuan et Sonia Romero Ruiz

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