Qui étaient ces autres candidats ?
- Gary Johnson
Gary Johnson était le candidat libertarien de cette campagne électorale. Homme d’affaire actif dans le monde politique, il a notamment été gouverneur au Nouveau-Mexique.
Peu connu du grand public, un épisode l’a toutefois sorti de l’ombre bien malgré lui : lors d’une interview dans une chaine new-yorkaise, il a affirmé n’avoir aucune idée de ce qu’était « Alep » et était incapable de citer des noms de dirigeants étrangers. Ces lacunes abyssales en politique étrangère ne l’ont évidemment pas avantagé.
- Evan McMullin
Ancien agent de la CIA, Evan McMullin a travaillé dans le secteur de la lutte anti-terroriste de 2001 à 2011. En 2012, c’est dans le secteur bancaire qu’il s’investit en travaillant pour Goldman Sachs. Ce n’est que depuis 2013 que McMullin est actif dans le monde politique. Son expérience dans le domaine n’est donc pas des plus riches. Néanmoins, ce républicain aux positions plutôt conservatrices avait ses chances dans l’Utah, majoritairement puritaine et mormone.
- Jill Stein
Jill Stein était en fait la deuxième femme à participer à la course présidentielle. Elle représentait le mouvement « vert » aux Etats-Unis et militait donc fondamentalement pour des principes environnementaux. En guise de plus-value, elle a revendiqué ses vingt-cinq ans d’expérience dans le domaine de la médecine qui aurait permis, selon des propos recueillis par La Tribune, de « prendre conscience des liens entre la santé des personnes et la qualité de leur environnement ».
Bernie has officially conceded his delegates to Hillary. Do. Not. Give. Up. The revolution has a home with the Green Party. #DemsInPhilly — Dr. Jill Stein (@DrJillStein) 26 juillet 2016
Quelles étaient leurs promesses de campagne ?
Crédit photo: Wikimédia et Globe Gazet
- Gary Johnson
Le programme de Johnson reposait sur les principaux axes du parti libertarien, à savoir une réduction significative des impôts ainsi que de l’intervention étatique dans plusieurs secteurs (social, éducatif, …). Il visait également à faciliter l’obtention de visa aux étrangers, légaliser la marijuana, et autoriser l’avortement et le mariage homosexuel.
Ce qu’il ne voulait plus en revanche, c’était la présence militaire américaine à l’étranger : pour lui, le retrait des troupes en Afghanistan, en Libye et en Iraq, était impératif. Un autre élément important de son programme était la volonté de réduire la dette publique américaine, pour le moins vertigineuse, puisqu’elle s’élève à 200.000 milliards de dollards…
En bref, fidèle aux principes libertariens, Gary Johnson avait pour ambition une plus grande liberté que ce soit sur le plan individuel, commercial ou encore éducatif.
- Evan McMullin
Le programme de McMullin était principalement fondé sur des valeurs républicaines et plutôt conservatrices classiques telles l’opposition à l’avortement et au mariage pour tous, mais de façon plus nuancée. Par exemple, il considérait qu’il fallait faire un travail de fond pour réduite les interruptions volontaires de grossesse plutôt que de les interdire formellement.
De la même manière, il se dit plutôt traditionnel en ce qui concerne le mariage, et que donc ce type d’union se doit d’être entre un homme et une femme, mais n’est pas contre une « évolution » sur le sujet.
De confession mormone, il est pour la liberté de culte et prend de ce fait le contrepied des propos de Trump à l’égard de la communauté musulmane. Un autre clin d’œil à Trump était son positionnement contre l’expulsion de 11 millions d’immigrés en situation irrégulière.
- Jill Stein
Jill Stein avait principalement fondé son programme sur des principes environnementaux. Sa principale proposition était ce qu’elle appelait le « Green New Deal ». Ce projet avait pour objectif de « créer des millions d’emplois grâce à une transition énergétique durable à 100% d’ici 2030, investir dans les transports en commun, dans l’agriculture durable et dans la protection de l’environnement », dit-elle sur son site de campagne.
Mais l’environnement n’était pas sa seule préoccupation: elle portait également un grand intérêt au domaine social. Elle militait pour la protection des minorités et dénonçait par la même occasion les bavures policières à l’encontre des afro-américains, par exemple.
Dans le secteur académique, elle proposait d’aider les étudiants dans le financement de leurs études et permettre un accès gratuit à l’école, et ce dès la maternelle.
Par ailleurs, elle proposait que les entreprises paient également leurs taxes, et souhaitait imposer un salaire minimum à tout salarié. Enfin, à l’instar de son homologue libertarien, elle tenait une position ferme en faveur du retrait des troupes américaines à l’étranger.
Quel a été le résultat du scrutin électoral ?
Ce n’est évidemment plus un scoop : Donald Trump a remporté les élections présidentielles avec à peu près 47% de vote populaire. Hilary Clinton, quant à elle, a essuyé un échec avec 48% de voix.
Concernant nos trois candidats indépendants, voici leurs résultats : Gary Johnson a récolté 3% du vote populaire, soit à peu près 4 millions d’électeurs. Ce qui s’apparente à un résultat décevant pour beaucoup est en fait, une nette amélioration par rapport au scrutin en 2012. En effet, le résultat en 2016 représente le triple de son score en 2012. Il n’en est pas moins qu’il s’agit d’une défaite significative pour le parti libertarien, qui n’atteint pas les 5% requis pour atteindre le seuil leur permettant une présence « officielle » (impliquant entre autres des subventions étatiques).
Jill Stein a quant à elle récolté 1% du scrutin populaire. Ce qui est loin d’être satisfaisant pour les « verts ». Sa campagne, pas très bruyante d’ailleurs avait pour pilier les enjeux environnementaux. Or, il était clair que ce n’était pas le sujet de prédilection de cette campagne. C’est en Floride que la candidate a malgré tout réussi à grignoter quelques voix.
Alors qu’il a donné du fil à retordreà Trump dans l’Etat de l’Utah, Evan McMullan n’a pas su s’imposer : il engrange à peu près 0.30% de voix. Contre toute attente, le candidat qui représentait la menace la plus probante des trois candidats indépendants, est celui qui a engrangé le moins de vote.
A eux trois, ils ont récolté 4.6% des voix. Cela, il va s’en dire, n’a pas été pas suffisant pour se frayer une place parmi les grands…
Quel avenir pour les électeurs indépendants ?
Une fois encore, les électeurs indépendants se positionnent loin derrière les deux principaux candidats démocrates et républicains. Alors qu’ils misent constamment sur un troisième choix des américains, qui voudraient éventuellement se distancier d’un bipartisme imposé, le résultat est toujours le même, depuis 50ans : les américains choisissent parmi les deux grands. Bien que cela semble être une constante de l’équation électorale américaine, il n’en est pas moins qu’à chaque campagne, des candidats « sans étiquettes » se présentent.
Alors que leur poids électoral laisse à désirer, certains démocrates avancent qu’ils ont même contribué à la chute de Clinton lors des dernières élections.
The numbers don’t lie: If you voted for Gary Johnson or Jill Stein, you voted for Trump. You were told. Don’t ever tell yourself different. — Rachelle Lefevre (@RachelleLefevre) 9 novembre 2016
Obama avait d’ailleurs lui-même avancé cette hypothèse lors d’une intervieuw retranscrite par un média américain: «Si vous ne votez pas, c’est un vote pour Trump. Si vous votez pour un candidat des petits partis qui n’a aucune chance de gagner, c’est un vote pour Trump ». Autant dire que la popularité des candidats indépendants reste à prouver…
Toutefois, d’élection en élection, ils grignotent de plus en plus de voix par-ci par-là. Et puis, et surtout, le système électoral américain a une particularité qui peut s’avérer être un atout pour ces candidats : pour gagner une élection, les candidats se doivent en priorité de gagné la confiance d’Etats clefs, les «swing states». Ces derniers sont des Etats qui peuvent littéralement faire basculer les élections. Et ce, d’une part parce qu’il s’agit d’Etats parmi les plus peuplés des Etats-Unis et d’autre part, parce qu’ils sont considérés comme indécis. En effet, ils ne se positionnent pas clairement, contrairement aux autres Etats, comme démocrates ou républicains.
Il ne suffit donc pas d’avoir une majorité de vote populaire (ce n’est d’ailleurs même pas nécessaire, Donald Trump en est la preuve), mais plutôt d’obtenir la voix des grands électeurs de ces Etats. Ces Etats en questions sont en l’occurrence la Floride, l’Ohio et la Pennsylvanie.
Le défi pour ces petits candidats est donc de séduire ces « swing states » et de prouver qu’ils sont plus que des leviers affaiblissant ou renforçant l’un ou l’autre camp, mais qu’ils sont eux même, de potentiels dirigeants…