Près de 280 000 étrangers sont devenus belges entre 2008 et 2016. De quelles nationalités proviennent-ils majoritairement et où sont-ils répartis sur le territoire ? Focus sur la naturalisation en Belgique.
Jusqu’en 1985, les naturalisations concernaient essentiellement les italiens, les marocains et les turcs. Récemment, de nouvelles nationalités ont intégré le classement.
En 2008, les marocains constituent pour près de la moitié des personnes naturalisées. Suivent ensuite les turcs (18%), les russes (15%), les congolais et les italiens (10% chacun).
Quatre ans plus tard, pas de changement au niveau des nationalités, mais on remarque une part plus importante d’italiens naturalisés belges (18%), toujours après le Maroc.
En 2016, outre les marocains toujours en tête et les italiens (qui ne représentent plus que 11%), la majorité des naturalisés proviennent de pays qui n’apparaissaient pas auparavant dans les cinq premiers (Roumanie, Pays-Bas et Pologne).
Mais comment le nombre de naturalisations a-t-il évolué depuis 2008 ? Et existe-t-il des écarts entre les régions belges ?
Ce graphique montre un profil de courbe similaire entre les trois régions de Belgique. Pour Ilke Adam, chercheuse à l’institut des études européennes de la VUB (Vrije Universiteit Brussel), la forte hausse des naturalisations survenue en 2012 s’explique par la nouvelle loi réformant le Code de la naturalisation. « Tout le monde savait qu’il y allait avoir des restrictions donc il y a eu un pic avant l’entrée en vigueur de la loi », explique-t-elle. La baisse drastique des naturalisations par la suite s’explique donc de la même manière. En effet, le processus du dépôt de dossier était « beaucoup plus coûteux, demandant plus de documents justificatifs et exigeant de nouveaux critères ».
Les trois régions diffèrent cependant de par l’ampleur des chiffres. C’est en Flandre qu’on compte le plus grand nombre de naturalisations, quelle que soit l’année d’étude. On note pour la région Bruxelles-Capitale et la Wallonie des taux de naturalisations relativement similaires.
Pour Chloë Ange, chercheuse en relations ethniques, migrations et égalité, la Flandre naturalise davantage grâce à son parcours d’intégration. D’après elle, « la Flandre est plus assimilationniste. Elle veut une adaptation totale à la culture belge. C’est différent en Wallonie et à Bruxelles qui se basent plus sur la cohésion sociale. Mais cette intégration en Flandre garantit la naturalisation. » Les candidats suivent alors des cours qui les habituent aux conditions d’acquisitions et qui constituent des preuves d’intégration sociale.
Selon Chloë Ange, des efforts d’harmonisation de la politique d’intégration entre les régions pourront être observées au cours des prochaines années. Mais d’autres facteurs, comme le Brexit ou les politiques migratoires européennes pourraient influencer les demandes et attributions de naturalisation sur le territoire.