Les conditions de détention en Belgique sont régulièrement dénoncées par des associations. Elles notent aussi des inégalités devant les tribunaux.
Petit pays, tes prisons sont surpeuplées. Selon les derniers chiffres de Prison Insider le taux d’occupation actuelle en Belgique est de 112%. Sur les 38 établissements pénitentiaires belges 11 connaissent un taux de surpopulation supérieur à 25 %.
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“Cela conduit à une impasse sur les plans tant de l’efficacité, de la dissuasion, du coût financier que la désintégration sociale des détenus” dénonce l’Observatoire Internationale des Prisons (OIP). Le nombre élevé de détenus signifie que la Belgique est une terre de délinquance ? Selon l’OIP cette surpopulation endémique s’explique plutôt par 3 autres facteurs :
- L’allongement des peines
- Un recours tardif et moindre à la libération conditionnelle
- L’augmentation du recours à la détention préventive. En Belgique, entre 35 et 40% des détenus sont en détention préventive, un des taux les plus hauts d’Europe.
Harold Sax, avocat au barreau de Bruxelles, nous explique les conditions législatives de la détention préventive :
«Il y a trois conditions possibles : si l’individu est un risque à la sécurité publique, s’il peut récidiver ou s’il peut se soustraire à la justice. Pour les personnes en séjour illégal, les juges considèrent plus souvent les risques de récidives et de fuite »
Les étrangers surreprésentés en prison
En 2017, les détenus étrangers représentaient 43,8% de la population carcérale et 63% d’entre eux étaient sans titre de séjour. Harold Sax explique : “Généralement les juges ont tendance à condamner plus sévèrement, le risque est plus important car ils ont moins d’ancrage”
Une fois en prison, les étrangers ont droit à un interprète. Seulement cette règle d’ordre intérieur est bien souvent peu respectée, comme le confirme Harold Sax : “La direction de la prison considère que c’est à vous de venir avec un interprète”
La précarité encourage l’incarcération
Même quand les accusés parlent français ou néerlandais, la langue peut être une barrière. L’OIP note depuis plusieurs années que le taux d’analphabétisation atteint 30 % chez les détenus alors qu’il est de 10 % dans l’ensemble de la population belge. Les personnes précaires et peu instruites sont surreprésentées dans les prisons.
Selon l’OIP, le détenu « type » en Belgique est donc « un homme jeune, ayant une formation limitée, issu d’un milieu social défavorisé et ayant commis un vol« . L’organisation dénonce une surveillance renforcée de certains quartiers et donc de certains individus. Tout ces facteurs entraînent une inégalité de traitement devant la justice.