Le conseil communal d’Etterbeek n’est composé que de 37% de femmes, dont seulement deux échevines. Afin d’éclairer ce manque de parité au niveau local, nous avons rencontré Petra Meier. Professeure à l’université d’Anvers, elle travaille sur la question du genre et s’intéresse à la diversité en politique.
1- Comment expliquez-vous le manque de parité hommes-femmes au niveau local ?
Les raisons sont multiples. On trouve en général plus de femmes dans les grandes villes que dans les plus petites communes. Elles sont aussi plus présentes au sein des partis qui disposent d’un grand nombre de sièges qu’au sein des partis qui en ont très peu. Les femmes ne sont donc pas automatiquement obligées à des postes inférieurs.
2- Comment expliquez-vous que seules deux femmes sont bourgmestres sur les 19 communes bruxelloises ?
Les femmes ont été très longtemps sous-représentées en politique et ce beaucoup plus au niveau local qu’au niveau fédéral. En Belgique, au niveau local, c’est le nombre de voix de préférence qui définit si on est élu ou pas. Cela joue en partie pour devenir bourgmestre car celui-ci doit être porté par une grande partie de la population. D’autres éléments importent également : il faut avoir fait ses preuves en politique locale ou ailleurs, etc.
3- Quel rôle la « clause parité » a-t-elle joué dans l’accession des femmes au pouvoir ?
Cette clause a beaucoup joué : depuis sa mise en application, aucun gouvernement ne peut être composé uniquement de membres du même sexe. Malgré son nom, elle n’appelle donc pas vraiment à la parité : la présence d’une seule femme suffit pour que la clause soit respectée. Avant son entrée en vigueur, une part importante des exécutifs locaux étaient entièrement masculins. La loi les a ainsi obligés à intégrer au moins une femme et une fois qu’il y en a eu une, il y en a eu une deuxième, etc.
4- Comment les partis se positionnent-ils par rapport à cela ?
Traditionnellement, les partis de gauche – et je parle d’Ecolo plus que du PS – ont plus mis en avant l’égalité hommes-femmes alors que le MR estime que cette problématique ne nécessite pas beaucoup de mesures. Outre l’idéologie par rapport à l’égalité des sexes, l’idéologie par rapport à la manière de gérer un parti importe aussi : certains partis ont mis en place des quotas, d’autres défendent des buts moins précis. Les uns imposent des mesures de manière centrale tandis que les autres décentralisent.
5- Est-il possible d’établir une corrélation entre âge et sexe ?
Une telle corrélation est intéressante à deux niveaux. Il faut d’abord souligner que quelqu’un qui a déjà été actif en politique a plus de chances de se faire élire qu’un novice. Les hommes, parce qu’ils accèdent plus facilement à des postes, disposent donc d’un avantage. D’autre part, les partis plus jeunes, comme Ecolo, ont tendance à accorder plus d’importance à l’égalité hommes-femmes que les autres partis.
Sarra El Massaoudi, Natacha Fayt, Lola Fourt, Aurian Lurquin