Dimanche dernier, Elio Di Rupo et les très nombreux militants du PS wallon se sont réunis à Namur. Le président du Parti socialiste en a profité pour se féliciter de la croissance économique en Wallonie. Décryptage.
“Entre 2003 et 2016, la croissance économique de la Belgique, située entre celle de la France et de l’Allemagne, a été supérieure à celle de la zone euro.”
Le graphique ci-dessus démontre, comme l’affirme le président socialiste, que la croissance économique de la Belgique a bien été supérieure à celle de la zone euro entre 2004 et 2016. En effet, la croissance économique d’un pays peut se mesurer à l’aide du produit intérieur brut (PIB). Cependant, il est important de constater que, durant les années 2006, 2015 et 2016, la tendance s’est inversée; la croissance économique de la zone euro était plus élevée que celle de la Belgique.
D’après Gilles Van Hamme, professeur en géographie économique de la Belgique et de l’Europe à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), bien qu’il y ait eu des problèmes financiers en Belgique durant la crise économique, ils ont été beaucoup moins intenses que dans d’autres parties de la périphérie. « Ce qui coule la zone euro pendant et après la crise c’est la dégringolade des économies du sud de l’Europe et une partie des économies est-européennes” explique-t-il. Il affirme que, puisque la Belgique n’a pas été touchée de la même manière que la Grèce ou l’Espagne par la crise, elle se retrouve donc au dessus de la moyenne européenne et ce, quelque soient ses performances.
En comparaison avec d’autres pays européens, le taux de croissance de l’emploi en Wallonie a été très soutenu… La vérité de ces chiffres est dure à entendre par les séparatistes.
Contrairement à ce que prétend la NVA, la Wallonie est en plein essor. Le taux de croissance de l’emploi a été très soutenu, quasi égal à celui de la Flandre entre 2000 & 2015. La vérité de ces chiffres est dure à entendre pour les séparatistes mais la vérité a ses droits !
— Elio Di Rupo (@eliodirupo) 24 février 2019
(Source : Institut des comptes nationaux)
Cette affirmation est à nuancer. En effet, si on analyse le graphique présenté ci-dessus, nous pouvons remarquer que le taux d’emploi de la Wallonie est supérieur à celui de la zone euro de 2008 à 2013. Cependant, concernant les autres années, le taux d’emploi de la Wallonie est inférieur à celui de la zone euro. Elio Di Rupo joue sur les mots, car le taux d’emploi de la Flandre est supérieur à celui de la Wallonie, et ce depuis 2011.
(Source : Institut des comptes nationaux)
Le taux d’emploi varie également selon les régions. Il est moins élevé à Bruxelles et en Wallonie qu’en Flandre. Serges Fraikin, chargé de communication et chef de projets au Forem, explique que les grandes villes enregistrent généralement de moins bonnes performances que les zones rurales. La contribution des régions à l’emploi est stable et se répartit comme suit : 15% pour Bruxelles, 58% pour la Flandre et 27% pour la Wallonie. “L’emploi de chaque région a néanmoins été impacté différemment par la crise en 2008 et le double creux qui a suivi” ajoute Serges Fraikin.
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Qu’en est-il du taux de chômage en Flandre et en Wallonie ?
La Flandre avec un taux de chômage de 4,4%, affiche un des taux de chômage les moins élevés en Europe. La Wallonie quant à elle, possède un taux de chômage de 9,8%. Dans ses prévisions les plus récentes, le Bureau du Plan prévoit que 81.000 emplois seront créés en Wallonie d’ici 2023. Néanmoins, 200.000 emplois seraient créés en Flandre. La Wallonie, qui a du mal à rattraper les chiffres de la Flandre, a tout de même connu une légère amélioration quant à son taux de croissance de l’emploi. Nous avons également pu observer une baisse du taux de chômage dans la Région wallonne.
En ce qui concerne le taux de chômage de la Belgique, la performance est meilleure que la moyenne européenne, à 7,1 % de sa population active en 2017, mais moins bien que la Suède, le Danemark, et surtout que les Pays-Bas et l’Allemagne, caractérisés par des taux de chômage de respectivement 5 % et 4 %. Le résultat de la Belgique est lié notamment aux difficultés structurelles d’intégration des groupes à risques sur le marché du travail.
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Quels sont les secteurs de l’emploi où il y a le plus de travailleurs en Wallonie ?
Les secteurs les plus importants en termes de volume de main-d’œuvre en Wallonie sont : l’ administration publique, la défense, l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale (35 %), le commerce de gros et de détail, les transports, les hôtels et restaurants (21 %), les activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien (17 %) et l’ industrie manufacturière, industries extractives et autres (12 %).
En Wallonie, comme dans le reste du pays, la grande majorité des travailleurs exercent leur activité comme salariés : 82 % contre 18 % comme indépendants ou aidants.
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Quelles parties de la population sont les plus impactées par le risque de pauvreté en Belgique ?
Le taux de risque de pauvreté représente le pourcentage de la population qui vit dans un ménage dont le revenu disponible équivalent est inférieur à 60 % du revenu médian national (seuil de pauvreté).
Les familles monoparentales, qui représentent 39,7 % de la population belge, sont beaucoup plus exposées à la pauvreté que les membres d’une famille composée. C’est également le cas pour les chômeurs (49,1 %) qui courent un risque plus élevé à la pauvreté monétaire que la population active (5 %). Idem pour les locataires (36,4 %) par rapport aux personnes qui sont propriétaires de leur logement (8,8 %). Le fossé entre les personnes les moins éduquées, qui disposent uniquement d’un diplôme de l’enseignement secondaire inférieur, et celles qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur se creuse de plus en plus. Les premières affichent un taux de pauvreté monétaire de 27,2% contre 6,4 % pour les plus éduquées.
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Quelles sont les prévisions économiques pour la Belgique ?
Depuis un pic de conjoncture en 2017, on assiste à un ralentissement qui touche également l’économie belge. La croissance économique qui était encore de 1,7 % en 2017, est retombée à 1,4 % de croissance. Le Plan n’attend pas d’amélioration en 2019 et 2020.