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Le rap belge a la frite

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Le rap belge a la frite

Le rap belge a la frite

Publié le 18-05-2017 par
Immersion O Quartier

Un air d’été et de festival plane sur la place communale de Molenbeek. Une piste de danse a été posée sur le parterre de pavés, entourée de chaises occupées par des passants curieux. Des enfants jouent, d’autres dessinent à la craie sur le sol de la place, sous un soleil de feu. Et au milieu, des rappeurs. Ils « slament », réalisent des freestyles, se passent le micro en continu. Avec comme matériel une table de mixage et des énormes enceintes crachant un son audible depuis la sortie de métro.

Cet évènement atypique, c’est « O Quartier ». Il a généralement lieu dans une salle de concert, le VK, et accueille jusqu’à 400 personnes, mais se tient cette semaine sur la place communale, en raison de Molem-Ma-Belle. Le but est « d’être libre de faire ce que tu veux en t’inspirant des autres », explique Marta, une des organisatrices. Elle a une vingtaine d’années et a créé cette initiative avec Farid, il y a un an. Il a désormais lieu tous les 3èmes mardis du mois. « C’est un évènement très convivial, c’est ouvert à tout le monde et entièrement gratuit. On met à disposition du matériel professionnel et chacun peut venir s’entrainer, danser, rapper, il faut juste que tu attendes ton tour, qui que tu sois. Tout le monde est sur le même pied d’égalité » affirme Clara, la jeune photographe de l’évènement.

« Tout le monde peut s’exprimer »

La petite équipe n’obtient aucun subside pour ses concerts. « On est tous bénévoles, et c’est du matériel de potes », explique Marta. C’est parti d’une envie de créer une structure libre pour chaque personne animée par l’art, la musique, la danse. Et ça finit toujours en une énorme fête où chacun exprime sa personnalité par la forme qu’il veut : « les rappeurs font de la danse, les danseurs font du rap, tout le monde s’inspire de l’autre », se réjouit Marta. Et le succès est au rendez-vous. Ils ont également créé « Freestyle O », un événement qui a lieu tous les trois mois, en face de Tour & Taxi. Entièrement gratuit lui aussi, il propose 30 minutes de rap et/ou de danse à chacun, avec des DJ résidents. Ils ont ainsi réussi à se faire un beau nom dans le milieu.

Kavena, le timide au grand sourire

Parmi ces rappeurs venus échanger à Molenbeek, Kavena Gomos. Le jeune chanteur de 20 ans prétend être d’une grande timidité mais garde toujours un énorme sourire aux lèvres. Il poursuit des études de puériculteur, mais sa passion, c’est le rap, le slam, la danse. « J’ai commencé à écouter ce genre-là en 2006, avec un son de Youssoufa, c’était un délire entre potes. En 2010 on a commencé à écrire des textes en freestyle, mais j’ai ensuite laissé tomber », explique-t-il.

Il s’est ensuite tourné vers le slam en 2013, avant de revenir également à ses amours des débuts, le rap. Un mélange entre la danse, le slam et le rap qu’il

retrouve aussi à « O Quartier ». « Ici ça respire vraiment le hip-hop, ce mouvement qui regroupe tout. Il ne manque plus que les graffeurs », rit-il, encore et toujours. Mais Kavena est incapable de dire comment il a commencé à y participer. Il compare sa relation avec « O Quartier » comme un « gars qui est avec sa meuf depuis 20 ans, et qui ne sait plus comment il l’a connue, car c’est comme s’il la connaissait depuis toujours ». Une véritable histoire d’amour pour le jeune homme.

Jay MNG, le rap flamand avec talent

L’amour fait d’ailleurs partie des messages qu’il tient à exprimer dans ses chansons, ainsi que la détermination et la conviction. Des sentiments très positifs donc, à l’instar de leur créateur, toujours souriant. Il tient alors à présenter son ami Jay, dit MNG dans le milieu, également rappeur. Lui n’a que 19 ans, et à la différence générale des autres, il réalise du rap flamand. Il parle très bien français mais préfère le pratiquer dans sa langue maternelle, par facilité pour trouver les mots plus rapidement. « Il y a moins de mots qu’en français, c’est très fermé, il n’y a que quelques règles. Tu ne peux pas ouvrir le rap comme tu le voudrais, les gens écoutent surtout le flow, pas la technique des paroles en rap flamand », révèle Jay.

Plus réservé que son ami francophone, Jay ne manque néanmoins pas de talent. Il a gagné le 3ème prix d’un concours de freestyle à la place de la Monnaie qui lui a rapporté pas moins de 10 heures d’enregistrement en studio avec… Phasm, encore. « En fait j’ai gagné le 2ème prix, mais j’ai dit aux organisateurs que la récompense ne m’intéressait pas, du coup ils m’ont donné celle de la 3ème place », explique Jay. Il avait d’ailleurs été invité à passer plusieurs jours aux Pays-Bas avec Phasm et Roméo Elvis, notamment, il y a deux ans. C’est avec eux qu’il s’est mis à vraiment faire du rap. « Je ne comprends rien à ce qu’il m’arrive », confie-t-il. Il commence également à réaliser des productions et veut apprendre le piano. Il existe aussi un groupe, Stikstof, dans lequel « ils sont en train de rassembler une grande famille », affirme Jay. La famille du rap belge qui s’élargit et prend de plus en plus de place, derrière les écrans comme sur le devant de la scène.

 

Projecteurs sur les rappeurs
Le monde rap est devenu hétérogène. Ces dernières années, il s'est ouvert et s'est diversifié tant au niveau du public qu'au niveau des artistes qui proviennent de différents milieux socio-économiques.

Venlo

François Lovens, ou Venlo MC à l’envers, son nom de scène, est également un jeune rappeur tout droit sorti de la province liègeoise. Mais sa trajectoire se démarque de celle d’Absolem, qui est aussi son colocataire. A vrai dire, rien ne le prédestinait au rap.

« J’écoutais pas vraiment ce genre de musique quand j’étais jeune. C’est venu vers mes 16-17 ans, c’était juste un truc de potes à la base », révèle-t-il, avachi dans son fauteuil, dans une désinvolture détachée. « On improvisait ça dans des parcs, quand on était tous saouls. Mais personnellement ça m’a beaucoup plu. La majorité de mes potes ont arrêté depuis, mais moi j’ai continué à écouter beaucoup de sons, à aguerrir mon oreille et ma façon d’en faire. » Le sérieux l’a donc rattrapé, lui qui pensait n’en tirer qu’une plaisanterie, une fois l’alcool vidé. « Au début c’est un truc que tu fais par plaisir, dans ta chambre. Je ne voulais le montrer à personne », révèle-t-il, comme une honte cachée. « Mais à partir d’un moment, tu le fais tout le temps, t’as une certaine pression et tu te mets des conditions. Il faut que ce soit bien, technique, tu dois pas dire des conneries. Parfois ça te prend la tête, c’est pas toujours facile, t’as pas l’inspiration. Et c’est tellement prenant, le rap, que tu t’y pètes la tête », soupire Venlo. Sa persévérance s’est pourtant montrée payante : à 21 ans à peine, il enregistre également chez Phasm, au studio 87. Son premier projet professionnel devrait sortir à la rentrée prochaine, en septembre. « Ca me permet de me former, je suis fier de beaucoup de choses là-dedans » admet-il modestement. « Et puis j’ai envie de bien travailler la communication et de faire de beaux clips, c’est très important ».

Paroles, Paroles, Paroles

Un besoin qui l’a poussé « de façon inconsciente » à entreprendre lui aussi des études en communication, à l’IHECS. Là-bas, il touche à tout, apprend à faire des vidéos et du son, même si finalement il ne réalisera pas lui-même ses clips ni son instru. « Moi j’écris exclusivement le texte, c’est vraiment ce que j’aime dans le rap. C’est là-dedans que j’estime que je suis assez bon, et j’essaye de me contenter de ça », confie-t-il, encore dans une modestie presque gênée. Les paroles prennent donc une dimension très importante dans sa musique. Son dada, c’est de jouer avec les techniques du rap, comme les multisyllbabiques. « Si je veux prendre le mot « cendrier », pour moi ça ne rime pas avec « février » mais avec « sanglier », par exemple », explique-t-il alors que les rimes lui viennent dans une simplicité déconcertante. « J’aime aussi quand c’est subtil, quand ça évoque des choses aux gens, je ne veux pas qu’ils comprennent directement, ou qu’on comprenne tous la même chose. Tu peux interpréter mes paroles », affirme-t-il. Une réelle poésie laissée donc libre à l’imagination de chacun.

Une simplicité bien belge

Quant aux messages que sa musique transmet, la modestie frappe aussi à la porte. « Je n’ai pas de message particulier, je ne me considère pas comme un messie qui a la vérité inculquée en lui. J’essaye juste de ne pas dire des conneries. Je décris un peu mon quotidien, ce dont on rit, nos frustrations, nos satisfactions… C’est juste le quotidien d’un jeune qui vit entre Liège et Bruxelles, sans prétention. Je fais surtout attention à la forme, que ce soit beau à l’écoute », résume-t-il en toute simplicité. Une attitude bien belge que confirme Venlo. « En Belgique il y a beaucoup d’auto-dérision, ce qui manque dans le rap français. J’ai toujours l’impression qu’ils se prennent vraiment trop au sérieux. Ils ont une putain de tâche divine autour d’eux alors qu’ici t’as une ambiance plus relax. Personnellement je ne suis pas non plus partisan du rap humoristique, même si parfois j’aime aussi, mais je n’ai pas envie d’en faire car je préfère le style sérieux, introspectif », déclare François. Il signale également une meilleure ambiance entre les rappeurs, qui se ressent dans leurs sons et génère un esprit de compétition saine, ponctuée d’entraide. « Ceux qui sont connus nous donnent de la force sans même que l’on crée des sons ensemble. Mais ils sont sympas et demandent où nos projets en sont, ils restent intéressés », admet-il, un grand respect dans les yeux pour ces véritables mentors et pionniers.

Il ne faut pas confondre une hype du rap belge et une hype de quelques artistes

Quant à l’engouement nouveau autour du rap belge, Venlo prend du recul et reste critique. « Il ne faut pas confondre une hype du rap belge et une hype de quelques artistes », prévient-il. « Au final, tous les articles de presse sur la question citent toujours les 4 mêmes noms : Roméo, Caballero, JeanJass et Damso. Alors qu’il existe d’autres artistes qui réalisent des choses très intéressantes, ils sont confirmés mais pas cités ». Mais Venlo reste tout de même optimiste : il voit les choses bouger à Bruxelles, les rappeurs s’entraider, se donner de la force, entraînant la création d’un véritable mouvement. Que la force soit donc avec vous, diront certains.

Isha

« J’ai le trac pour vendredi, c’est ma 5ème scène depuis que j’ai recommencé, en février. Je suis un peu tendu, j’avoue. » Isha se produira devant une salle comble au Botanique ce 19 mai, en première partie de Caballero & JeanJass. Mais le stress des débuts est toujours là.

Isha a commencé le rap vers ses 15 ans. Il a terminé des études qu’il n’aimait pas, en imprimerie à Don Bosco. Il considère avoir été mal aiguillé et n’est donc pas allé plus loin, une situation vis-à-vis de laquelle il a quelques regrets. Le rappeur congolais, né en Belgique, s’est donc consacré à sa musique. Il a été actif jusqu’à 22 ans avant de mettre le rap en « stand-by ». « Il n’y avait plus d’engouement à l’époque, or ce sont les rappeurs qui donnent envie aux autres de créer », explique-t-il. Il n’a pourtant jamais arrêté le rap. « J’ai toujours continué à écrire, on appelle ça ‘l’oreille du rappeur’ », indique Isha. Aujourd’hui, à 30 ans, il a donc recommencé car il a senti qu’il était possible de réaliser quelque chose, avec tous les outils à disposition.  Sa musique, il n’en vit pas encore mais « espère que c’est pour bientôt ». En attendant, il travaille dans le social : il a notamment ouvert des centres pour les demandeurs d’asile.

Je me fiche de qui rappe, d’où il vient, tant qu’il le fait bien

« Du rap pour tout le monde »

Si le rappeur a bien la main sur le coeur, sa musique, elle, ne verse pas dans le social. « J’écris des morceaux plus profonds, qui peuvent parfois être pensés des mois auparavant, puis je tombe sur l’instru. » Dans ses paroles, tout est axé autour de lui: ses angoisses, ses frayeurs, sa famille. « C’est très personnel, mais ça parle aussi de la société, à travers mon histoire. » Le chanteur ne veut cependant pas tomber dans l’overdose de sérieux permanent ; il écrit aussi des morceaux « bêtes et méchants », car il veut une musique variée. « J’ai grandi entre Woluwe, dans les logements sociaux, et Molenbeek. J’ai été confronté à des gens d’environnements différents. Il faut faire du rap pour tout le monde, même si c’est dur de faire coexister tout ça. » C’est par cette volonté de créer du rap pour chacun et d’élargir le public qu’Isha explique l’engouement actuel autour du genre. Il signale que certaines personnes se sentent délaissées en voyant « qu’aujourd’hui il n’y a quasiment que des Blancs mis en avant ». Mais Isha ne regarde pas la couleur, seule la qualité compte pour lui. « Je me fiche de qui rappe, d’où il vient, tant qu’il le fait bien », affirme-t-il. Après « le mariage pour tous » et « la manif’ pour tous », Isha pourrait bientôt entrer dans la postérité avec « le rap pour tous ». A son prochain concert, il chantera donc « pour tout le monde ».

Absolem

Son vrai nom est François, mais appelez-le Absolem. Il nage dans le bain du rap depuis ses 11 ans, du temps de sa première année de secondaire. Pas de cliché de cité défavorisée pour lui, mais la campagne liégeoise, à Herve – comme le fromage.

A la base, Abso’ était surtout rock, voire metal. Jusqu’au jour où il tombe sur 8 mile, le fameux film sur et avec Eminem. « On avait tous regardé ce film en première, ça te motive », confie François. « On s’est mis à écrire des textes en classe et à la récré on faisait des phases de clash. On était trois à faire du rap, à l’école. Et c’est de là qu’est né Hesytap Squad, notre groupe. »

Une passion bien précoce : ils avaient 12 ans à l’époque. Mais le coup de foudre s’est transformé en amour sincère et fidèle : Hesytap se produit aujourd’hui en concerts et a assuré l’ouverture du festival des Ardentes, l’année dernière. Rien de moins. « C’est surtout grâce au bouche-à-oreille qu’on y est arrivé, on n’avait même pas de projet de clip. Mais ça fait un choc d’être là-bas », révèle François, bouleversé. « On se rend compte que tout ce qu’on a fait jusque là, ce n’est que le millième du chemin qu’on peut faire. On voit des gens qui sont des kilomètres plus loin que toi, et ça te pousse, te motive à réaliser des choses encore meilleures. » Si Abso’ a des étoiles dans les yeux, ses pieds sont, eux, bien sur terre. Du haut de ses 19 ans, il ne se berce pas d’illusions et est conscient que vivre du rap comme d’un métier ordinaire n’est pas chose gagnée. « Quand tu grandis, il y a un moment où tu dois remplir le frigo. Tu ne peux pas passer toute ta vie à t’investir dans des projets qui ne ramènent que des sandwichs », résume-t-il justement en faisant référence à Convok.

« La Belgique, c’est une grande famille »

Hesytap Squad travaille aussi dans l’ombre, et va bientôt sortir son premier album. Un projet d’une gestation de presque 3 ans en collaboration avec Phasm, célèbre ingénieur son dans le monde du rap belge. C’est lui-même qui est venu les chercher pour les faire enregistrer dans son studio, gratuitement. « C’était du donnant-donnant, et c’est ce passage-là qui nous a poussé à venir faire du vrai son à Bruxelles », affirme François. Une véritable consécration pour le jeune groupe liégeois, qui vit aujourd’hui dans le nord de la capitale, à Schaerbeek. Comme bon nombre d’autres rappeurs belges.

C’est en réalité une véritable communauté qui s’est créée autour de ce rap, comme un microcosme. « C’est vrai qu’en Belgique, c’est beaucoup plus familial », avoue Abso’, en comparaison avec la France. « C’est dû au fait que nous sommes un petit pays, et puis il y a deux games, le néerlandophone et le francophone. Donc si on ne parle que de la Belgique francophone,  ce n’est encore que la moitié. Tout le monde se connait, tout le monde écoute ce que les autres font, alors qu’en France si tu veux réussir tu dois être sur Paris. Là-bas il y a un réel esprit de concurrence entre les rappeurs et des clashs tout le temps, alors qu’ici on est une grande famille, c’est beaucoup plus décomplexé. On est une équipe qui monte, qui va ouvrir les portes ensemble, et quand le succès sera là, chacun pourra croquer. On fait ça vraiment pour l’amour de la musique », déclare François avec une certaine fierté touchante. Un milieu uni qui permet au rap belge de jouer des coudes en ce moment, et de monter régulièrement sur le devant de la scène, comme un refrain.

Ypsos

Ypsos, 33 ans, de son vrai nom Nicolas est né à Nevers, en France. Il est arrivé à Bruxelles en 2007 par amour. « J’ai fais économie option math, je mangeais des statistiques à longueur de journée. J’entendais souvent parler de Ipsos, l’institut de sondage, alors j’ai commencé à tagger « Y » et très vite, mes potes m’ont appelé Ypsos. »

Enfant de la cité

Nevers c’est un peu l’équivalent de Charleroi en France. « J’habitais en cité, tout le monde écoutait du rap. J’étais le seul blanc à en faire alors on me prenait pour la bête de foire. » A 15 ans, Ypsos commence l’écriture mais ce n’est qu’à l’âge de 17 ans, qu’il fait la rencontre de LE D’ du groupe Kabal dans un atelier d’écriture qui confirme son engouement pour le rap.

« Le rap comme exutoire. »

Quand il commence l’écriture, il parle beaucoup de racisme et de bavure policière. Le rap alternatif vient plus tard, début de vingtaine avec des influences comme TTC ou Grems. « Tout le monde parlait de racisme, de la police, etc., ça devenait redondant. » Aujourd’hui, Ypsos revient à ses thématiques plus profondes et plus fortes sur la société puisque plus personne n’en parle. « La jeunesse est de plus en plus désenchantée. Internet ça a changé beaucoup de choses. Tout le monde sait aujourd’hui que la troisième Guerre mondiale est en cours. » Il ne se qualifie pas pour autant comme un rappeur engagé. « Je fais un rap descriptif de ce qui se passe. »

 Le rap c’est un peu la pop d’aujourd’hui

Si auparavant le fond primait avec des paroles fortes, aujourd’hui c’est la forme qui l’emporte. « On est dans une nouvelle forme de ‘débilification’ où c’est le buzz qui compte à tout prix. » Si les médias offrent une couverture médiatique du rap belge, ce sont toujours les mêmes personnes qui sont mises en avant. « On médiatise des gens qui ne posent pas de problèmes.» Ypsos n’est pas de cette génération Y, lui a connu le système où le cheminement se faisait du développement d’artistes aux maisons de disque pour enfin arriver à la professionnalisation. Aujourd’hui, ça s’est complètement inversé. « On est dans un système capitaliste où ce sont ceux qui le promeuve qui réussissent. »

« En vivre, c’est très difficile. »

Il y a 5 ans, Ypsos « gagnait » plus au moins sa vie grâce au rap et à des ateliers d’écritures qu’il organisait. « Etre chômeur et rappeur, c’est pas une ascension sociale. » C’est suite à cette réflexion qu’il est devenu animateur socio-culturel avec des adolescents à Forest où il inclut le rap dans sa vie professionnelle avec les jeunes. « Il y a un délire de transmission dans mon métier que j’aime bien. Avoir un point de repère en dehors de l’école et de la famille, c’est vraiment quelque chose d’important quand t’es ado. »

« J’ai pas envie de faire du rap comme tout le monde. »

Ypsos se trouve un peu entre deux feux. Avec son groupe Ligne 81, ils ont sorti un album en novembre 2016 « Une balle dans le pied. » Mais aujourd’hui, il a l’impression d’avoir fait le tour et aimerait bien se diriger vers la direction artistique.

Yogen

Thomas, 25 ans est bruxellois. Dans le milieu, il se fait appeler Yogen qui signifie « prémonition » en japonais.

 

En ce moment, il lit Tao-tö king de Lao-Tseu, un livre sur le taoïsme. « Je suis très branché culture asiatique, science fiction, philosophie et cosmos. C’est un peu ma patte dans mes textes. »

Le rap dans la cour de récré

« Quand j’avais 15 ans, j’écrivais des textes sur la pause de midi avec mes potes à l’école. C’était rien de très sérieux. » Yogen n’a jamais vraiment arrêté d’écrire c’est juste qu’il ne voyait pas réellement de perspective d’avenir dans le rap. L’élément déclencheur, ça a été ses deux amis : Phasm et Shaman. En 2010, Phasm faisait des études d’ingénieur du son et des instrus, ça l’a convaincu dans le fait qu’il y avait peut-être moyen de faire quelque chose de concret. A deux, ils ont créé le groupe AEA avec lequel ils ont sorti un album de 13 titres qui s’appelle « affliCTION incolore ». A côté de ça, il faisait des morceaux avec Shaman. Ils ont d’ailleurs sorti une mixtape peu après son premier album.

Mais Yogen ne vibre pas que pour le rap. Il est aussi batteur et fan inconditionnel de rock. D’origine brésilienne, plusieurs influences musicales se retrouvent dans sa musique. Il inclut parfois des sonorités brésiliennes et n’écarte pas le chant.

Son processus d’écriture a évolué avec le temps. Au départ, c’était vraiment de l’exercice dans le sens où il essayait de faire des rimes. Aujourd’hui, il y a un côté beaucoup plus impulsif où il écrit dès que l’inspiration lui vient. Ça peut être dans le tram, sur son téléphone ou même spontanément, lorsqu’il fait des featurings avec d’autres rappeurs.

« Je fais du rap pour moi. »

Le rap occupe une place importante dans sa vie. Ultra perfectionniste, ça fait maintenant deux ans et demi qu’il travaille sur un album avec un ami. Il y parle de choses plus profondes où la thématique de la violence revient beaucoup. « On avait déjà terminé l’album l’été dernier mais Ecco, avec qui je bosse l’album, a acheté un nouveau micro. On est tellement perfectionniste qu’on a tout recommencé. » Yogen n’est pas du tout dans une démarche commerciale et fais du rap pour lui. « Je suis assez content de ce que je fais et quand des potes, comme Convok, me disent que c’est cool, ça me fait énormément plaisir. » A côté de ce projet personnel, Yogen a un collectif qui s’appelle « 6 o’clock ». C’est avec ce collectif qu’il tourne beaucoup. Pas très à l’aise avec le fait de faire sa promotion, c’est principalement parce que des gens viennent lui proposer des scènes, qu’il se produit.

Les producteurs de l'ombre

Dolfa le touche-à-tout

Perché du haut de ses 3 étages, le studio de Dolfa forme une petite bulle insonorisée au milieu de la clameur de Bruxelles. Enfoncé dans son siège de bureau, ses grandes jambes dépassant jusqu’à la table basse, le regard caché derrière des lunettes rondes colorées. Dolfa, ou la décontraction personnifiée. Son rôle n’est pourtant pas de tout repos. Ou plutôt ses rôles : auteur, compositeur, producteur et ingénieur du son, rien de moins, à 25 ans seulement. « Moi je me situe derrière les machines, je guide les jeunes artistes. J’aime bien ce feeling, cette atmosphère: être toujours avec les gens », explique-t-il. Son but : être sur chaque projet à Bruxelles, pour créer un mouvement et lui donner une couleur. Et surtout pour garder l’esprit belge. «Il faut garder les choses ici, les gens vont souvent voir les choses ailleurs. Alors qu’il faut juste croire en ce que tu fais, car c’est possible. Il ne faut pas se limiter.», affirme-t-il, sérieux et bouleversé à la fois.

Baladé à travers toute la Belgique

Dolfa a pourtant pris du temps avant de se fixer à Bruxelles : né à Anvers, il a déménagé à Liège avec ses parents et son frère, avant que la famille ne vienne à Bruxelles, deux petites soeurs supplémentaires dans les bagages. « En vérité, on déménageait tous les 3 ans, jusqu’en 2006, où ma mère a enfin trouvé la tranquillité qu’elle cherchait, à Wezembeek Oppem », confie Dolfa. Une bonne et à la fois une mauvaise chose pour le producteur : « j’étais toujours en mouvement, mais c’est comme si je n’avais pas de stabilité, j’avais l’impression d’être en course contre la montre tout le temps. » Quant à ses études, il a arrêté l’école en 5ème année, ne supportant plus la « supériorité » des professeurs. « J’avais 17 ans et déjà un enfant. Ça m’énervait d’aller en cours car j’avais l’impression de déjà savoir les choses », confie Dolfa, émanant une certaine maturité très adulte. Une situation délicate qui secoue toujours le rappeur. « Parfois j’en parle dans quelques sons, j’exprime ce que je ressens », avoue-t-il, l’air grave, cachant une certaine émotion.

Très attaché à sa famille, son nom de scène vient de son grand-père. « En réalité, je m’appelle Harrys et mon deuxième prénom, Adolphe, était celui du père de ma mère. Je ne l’ai jamais connu, il est mort avant ma naissance. Mais plus je grandis, plus mes tantes le reconnaissent en moi, je lui ressemble beaucoup. Donc en hommage, j’ai choisi Dolfa comme nom de scène », explique-t-il, soit « Adolphe » à l’envers.

« Le rap, comme si on était possédé »

Bien que son occupation principale reste la production, Dolfa rappe encore quand il en a l’occasion. Sa musique, il la crée sans réfléchir. « C’est une question de pensée, ça se passe comme ça. Je n’ai pas de contrôle sur ce que je vais faire, ça vient du fond du coeur, c’est très complexe et spontané. Comme si j’étais possédé », avoue-t-il, désemparé. Si Dolfa arrive à vivre de sa musique et de ses productions, il ne veut pas s’arrêter là pour autant. Il compte prendre des cours de régisseur de spectacles l’année prochaine, à l’INFAC. « On ne peut pas se reposer sur nos acquis », affirme-t-il. Il est motivé à obtenir son diplôme, ce papier qui certifiera ses compétences, qui prouvera qu’il « est quelqu’un ». « Je veux quelque chose de consistant pour mon CV, j’ai besoin d’une sécurité et de pousser la chose, car je peux aller encore plus loin. » Lui qui a commencé les instruments à 12 ans, à l’oreille, ne veut pas se reposer sur des choses qu’il n’a pas apprises. Un rappeur déjà bien loin dans sa vie et dans sa tête, mais qui la garde bien fixée sur ses épaules.

Jim, le producteur manager

Jim, 25 ans est Bruxellois et avec six potes, ils lançaient La Brique, il y a de cela 3 ans. De base, Jim n’est pas un passionné de rap. Son coeur bat pour le rock quand il est plus jeune. Il s’essaye d’ailleurs à plusieurs instruments. « C’est en grandissant que j’ai commencé à apprécier le rap mais aujourd’hui, mon style préféré c’est le jazz. »

Ami d’enfance avec le groupe l’Or du Commun, Jim se questionne assez rapidement sur ce qui leur manquait pour avancer dans la musique. Il se rend compte que c’est la structure. C’est ainsi qu’il décide de créer La Brique qui fait de la production et du management d’artistes.

La production, tout comme le management, se divise en plusieurs catégories. Pour la production, il y a le financement, la logistique, la promotion, les clips et l’after-movie d’événements. Le management regroupe, quant à lui, tout ce qui est compte, facture de cachets, ingénieurs sons et essence.

« On gère le cash-flow de l’artiste, un peu comme des trésoriers. » L’argent qui reste est utilisé pour payer l’artiste ou entre dans la caisse du groupe. L’artiste ne paye rien. « On s’autofinance beaucoup grâce aux factures post-concerts où on prend un pourcentage sur le cachet de l’artiste. On fait aussi de l’impression de t-shirt qu’on vend aux scouts. »

Le 14 mars 2014 avait lieu la première soirée d’ouverture de La Brique avec des artistes comme Hugo Délire, Le Dé ou encore l’ODC à la maison des jeunes de Boisfort. « C’est réellement de la Fête de la Musique à Boisfort que tout a découlé. »

En plus de la Fête de la Musique, en 2015, ils font trois soirées à la Maison Haute de Boisfort. En 2016, les choses s’accélèrent et ils lancent la release de Roméo Elvis et des Sunday Charmers, le seul groupe pop rock qu’ils encadrent.

En 2017, ils ont assuré la release de l’Or du Commun qui n’avait plus rien sorti depuis 2 ans. « C’est cool aussi de voir qu’on peut gérer le retour d’un groupe ! », s’enthousiasme Jim.

Depuis un an et demi, l’équipe s’est réduite au sein de La Brique. « C’était trop compliqué de diviser le salaire en six. Du coup, on a repris La Brique à deux avec Franz. » Depuis l’année dernière, ils prennent un stagiaire pour les aider dans tout ce qui est mailing, appels, suivis d’artistes et relation presse.

Des structures comme La Brique, il n’y en a pas énormément en Belgique francophone. Entouré de Back-in-the-dayz, de Zone 51 et de l’Oeil Ecoute Laboratoire, la concurrence n’est pas de mise.

Aujourd’hui, La Brique est énormément sollicitée mais ne prend pas beaucoup d’artistes pour ne pas trop se disperser. Ils n’excluent cependant pas l’idée de s’élargir.

Phasm, le couteau suisse

Certains ledécrivent comme étant un « couteau suisse ». Phasm est un producteur, il compose aussi ses propres instruments mais il est également rappeur.

Adrien, 26 ans, a son propre studio. Grand et mince, on l’appelle Phasm dans le milieu. Ingénieur du son, il a appris le métier à la SAE. « J’ai toujours été très ouvert musicalement. »

A 14 ans, il commence par jouer de la basse. Il apprend ensuite à manier la guitare dans un groupe de métal et termine par la batterie dans un groupe plutôt jazz, hip-hop. « La musique, c’est vraiment ma passion. Je collectionne les vinyles et les casquettes Ralph. » Aujourd’hui, il est ingénieur du son mais il mixe et enregistre aussi des artistes. « Je produis des intrus parfois mais j’ai vraiment beaucoup moins de temps pour ça. Je pense d’ailleurs ralentir le rythme pour pouvoir recommencer à en faire parce que ça commence vraiment à devenir frustrant. » Phasm, c’est un peu le nom qu’on entend dans les bouches de tous les rappeurs belges. Ce n’est pas anodin. En effet, Phasm a fait des instrus pour 3/4 des rappeurs belges. En plus d’avoir enregistré et mixé le morceau « Tu vas glisser » de Roméo Elvis, il se cache aussi derrière l’instrumental.

« Je suis ultra chauvin. J’aime la Belgique et Bruxelles. »

Phasm produit essentiellement des gens qu’il aime. Il a quelques demandes de Français mais ça ne l’intéresse pas. Pour pouvoir remplir son frigo, il a été amené a créé un catalogue de bande son, composé de fonds de tiroir, qu’il vend peu fièrement. « Je survis de ça. J’enregistre des chanteuses et d’autres trucs pour manger. C’est alimentaire. »

Si Phasm est si connu dans le milieu, c’est parce qu’il fait lui-même partie de la scène rap. « C’est important de toucher à tout. On va te faire plus facilement confiance si tu sais de quoi tu parles et si tu en fais partie. » Il y a aussi le fait que, quand il a terminé l’école en 2012, il n’y avait pas beaucoup de studios hip-hop. Il a donc décidé de lancer le sien, « Studio 87 », avec le concept « Freestyle 87 », où il a invité 40 rappeurs à venir faire des lives dans son studio. « Ils ont trouvé ça cool. Ils ont voulu revenir et en ont parlé autour d’eux. » Dans le milieu, tout fonctionne principalement par le bouche à oreilles et par les concerts.

« J’aimerais me tourner vers le mixage. »

A l’avenir, Phasm aimerait se tourner vers le mixage pour avoir le temps de faire sa propre musique. « J’aime beaucoup faire de la musique pour moi aussi. Je fais du rap spontané. » Phasm a des centaines de textes sur son ordinateur, il écrit tout le temps. « Je kiffe faire des rimes. J’écris plein de conneries. » Il termine par un conseil utile pour les débutants sur les dangers de la vitesse d’internet : « si c’est pas tip-top, il vaut mieux pas trop s’emballer parce que t’es très vite catalogué. »

La couverture médiatique

Martin Vachiery est journaliste chez RTL-TVI mais aussi spécialiste du hip-hop belge. Pour lui, il y a une forme de mutation qui est en train de se faire dans le traitement médiatique du rap. Ce schéma se reproduit beaucoup pour tout ce qui concerne la culture belge. « Souvent il faut attendre le réveil ou la validation de la France pour avoir des articles qui parlent de nos propres artistes », explique-t-il.

L’explosion du rap n’est pourtant pas récente. Elle est sous nos yeux depuis au moins cinq, six ans. C’est grâce à l’émergence d’artistes comme Scylla ou Ghandi que la nouvelle génération YouTube a pu s’affirmer. Martin a d’ailleurs sorti, il y a quelques années, un documentaire « Yo, non peut-être ? » sur la culture hip-hop. « Ghandi me confiait : ‘ tout ce qu’on fait maintenant, c’est pour que ça fonctionne pour les autres’. »

J’ai du attendre que Libération sorte des articles sur le rap belge pour que la rédaction m’autorise à faire ce sujet au journal

Aujourd’hui, force est de constater qu’on a jamais autant entendu parler du rap belge dans les médias. C’est un combat qui n’est pourtant pas évident pour les journalistes. Martin a longtemps insisté pour inclure un sujet sur le rap belge dans le journal de RTL-TVI. « J’ai du attendre que Libération sorte des articles sur le rap belge pour que la rédaction m’autorise à faire ce sujet au journal ». La Belgique c’est un pays essentiellement reconnu pour sa culture rock. Le rap est encore vu comme marginal par certains politiques, même si cette image commence à s’estomper selon lui. « Le plus excitant en ce moment, c’est la scène rap belge. Je défie n’importe qui de me citer trois artistes qui cartonnent dans un autre domaine. »

Les artistes profitent de cette couverture parce que c’est une bonne opportunité. Ils regrettent parfois qu’on ne s’intéressent qu’à eux et pas aux autres. En effet, Roméo Elvis, Jean Jass et Caballero, Damso sont les grands noms qui retentissent dans la presse. Martin explique que le problème réside dans le fait que les journalistes culturels ne se mouillent pas assez. Ils ne vont pas assez loin. « Après, il y a aussi le fait que c’est déjà difficile de proposer quelqu’un de connu alors pour aller plus loin, il faut vraiment être déterminé. » Quelques initiatives sont nées comme dans Le Soir qui a récemment fait un papier sur Isha ou Bruzz qui parle du groupe néerlandophone Stikstof mais elles sont rares. « Si Romeo Elvis est autant couvert, c’est parce que non seulement il est bon, mais aussi parce qu’il a une image qui ne fait pas peur. Roméo Elvis en est d’ailleurs très conscient. »

Si le rap a la cote, Martin a quelques inquiétudes sur la temporalité de son éventuel effet de mode. Mais il n’est pour autant pas pessimiste : « J’ose espérer qu’on soit plutôt entrer dans un changement de paradigme. Qu’il y ait une véritable signature du rap belge. »

 

De l’autre côté de la frontière

 

Brice Miclet est un journaliste musical freelance pour plusieurs médias tels que les Inrocks ou Slate. D’origine française, il apporte une vision du rap belge de l’autre côté de la frontière. « Il y a clairement un engouement depuis 1 an pour le rap belge dans les médias. On se focalise pas mal dessus mais c’est commun partout en fait. »

Cet engouement s’explique notamment par l’élargissement du public mais aussi parce que des médias comme les Inrocks parlent de toutes sortes de rap. Le rap néerlandophone, rap belge pour autant, est quant à lui délaissé par les médias français.

Brice explique qu’en France, contrairement à ce qu’on pourrait croire, Hamza a eu une influence beaucoup plus grande que quelqu’un comme Damso par exemple. « Il y a une démocratisation générale du rap francophone, ça ne se limite pas à la Belgique. Les connexions sont en train de se faire avec des pays comme la Suisse mais à une moindre échelle. »

Il y a donc surtout un élargissement du rap. Le rap belge investit la scène française et a vraiment explosé. Ce qui a changé par rapport à avant c’est que les artistes sont capables de faire directement des ponts entre eux et avec leur fan, explique Brice. « Ils s’occupent eux-même de leur promotion. Avant c’était les maisons de disques qui, aujourd’hui, s’effacent dans le processus. »

La connexion avec la scène rap belge s’est faite avec des groupes comme 1995 et l’Entourage. « On les a beaucoup critiqués à l’époque parce qu’ils ont vraiment élargi le public mais ils ont le mérite d’être allé partout. » Ils invitaient des groupes locaux en première partie. Ces groupes sont ensuite devenus des potes.

Je ne crois pas que les Belges soient plus originaux.

Pour ce qui est des influences des rappeurs français et belges, elles sont plus au moins pareilles selon Brice. « Dire que les Français sont des pinces sans rires et que les Belges sont des petits rigolos, c’est très cliché. » Il y a autant de variétés dans le rap belge que dans le rap français d’après lui. « Je ne crois pas que les Belges soient plus originaux. Ils ont un rap très référencés, comme les Français et si tu retires les expressions typiquement belges, on pourrait très bien le confondre avec du rap français. »

#rap belge

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