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Le BIFFF c’est un festival de films de genre. Alors qu’est-ce que c’est au juste un film de genre ? C’est un film, de fantastique, de science-fiction, un thriller, un film d’horreur…
Ce genre de films a tendance à moins se prendre au sérieux, l’objectif est plus souvent de se divertir que de pousser à la réflexion bien que la tendance semble évoluer. Néanmoins cela assure une certaine indépedance. Comme Jonathan Lenaerts, chargé de presse au BIFFF, « ils nous foutent une payx royale. »
Penchons-nous désormais sur la sélection des dix dernières années au sein du BIFFF. Contrairement au CinémaMed ou au festival Anima, les grandes nations victorieuses en termes de sélection[1], les Etats-Unis, suivies du Royaume-Uni, de la Corée du Sud, puis du Japon. La France arrive dans ce cas en septième position. C’est un bien piètre score en comparaison à la sélection des autres festivals étudiés.
La forte présence des Etats-Unis dans la sélection s’explique par leur énorme production hollywoodienne et la quantité de films de genre ou de série B exportés. Cela est entre autres dû à la catégorie de film. Si la France arrive septième c’est pour la simple et bonne raison, que son produit cinématographique phare est le cinéma d’auteur. Les films français vont donc apparaître dans les sélections cannoises ou les festivals traditionnels mais le genre…est un genre à part. Et d’autres pays en ont fait leur cheval de bataille, comme la Corée, qui arrive en troisième position mais qui semble stagner dans sa représentation au sein du BIFFF.
Les USA se portent toujours bien à l’heure actuelle, mais pourquoi donner toujours autant de visibilités à ces films ? Notre interlocuteur qualifie les films en provenance des Etats-Unis de locomotives qui attirent le public en salle afin de l’accrocher pour l’emmener consommer d’autres productions de genre. Dans ce cas-ci rien de politique mais la chose est différente en ce qui concerne la Corée du Sud. Si le cinéma coréen se porte bien, ce n’est pas qu’une question de qualité de la production. Les relations avec la Corée du sud sont un échange constant. L’ambassadeur a systématiquement un temps de parole soit durant la conférence soit pendant le festival. En échange, les films coréens sont obtenus plus facilement à la condition d’en prendre un certain nombre, même si la qualité n’est pas suffisante. La Corée fait la promotion à la fois de son cinéma et à la fois de son pays.
Les relations avec Hong-Kong fonctionnent également avec ce jeu de séduction. Les films en provenance de ce territoire sont soumis à la censure et les processus sont assez longs, les organisateurs doivent de ce fait entretenir les meilleures relations possibles avec les représentants hongkongais, s’ils souhaitent obtenir un film.
Dans ce genre de situation, l’insouciance du festival de genre disparait. Jonathan Lenaerts prend l’exemple d’une sélection mixte avec Taïwan d’un côté et des films chinois de l’autre. Deux états en « litiges » ont placé le festival sur le qui-vive. Aucun incident n’était à déplorer, il souligne que tant qu’on reste dans le domaine culturel et qu’on ne verse pas dans la géopolitique, le risque est mince de voir la situation dérapé.
C’est bien le fer de lance du festival en matière de relation politique. Pour l’organisation, l’objet culturel, l’œuvre d’art passe avant toute chose. Peu importe d’où vient le film, la vision doit être objective. De plus, les situations géopolitiques sont très souvent extrêmement complexes à tel point qu’on ne peut trancher aussi facilement.
Il rejoint également Aurélie Losseau dans ses propos, les réalisateurs issus des pays sous régime autoritaire ou peu démocratique sont très souvent opposés au pouvoir dominant.
Le BIFFF oscille entre une grande tolérance vis-à-vis des politiques avec de multiples rapprochements tantôt qui lui coûtent, tantôt qui lui rapportent. Le BIFFF ne s’auto-censure pas, et est très ouvert dans sa sélection. Pourrait-on dire trop ouvert ? Il serait compliqué de trancher mais nous pouvons malgré tout affirmer que ses liens intimes avec les entités politiques de notre pays et celles des pays étrangers n’est pas sans impact. Si ses relations lui rapportent elle lui coûte car le prix à payer est une partie de sa sélection. Un prix en tout cas que le festival est prêt à débourser.