Une recherche sur les festivals requiert une prise en considération d’une pléiade de
facteurs. Analyser les liens politiques au sein des festivals nécessite une vision
transversale et transdisciplinaire. La coexistence d’un si grand nombre de festivals
éparpillés dans le monde offre un matériau d’analyse inouï. Si nous ne sommes pas arrivés
à chiffrer le degré d’influence d’une entité politique en établissant une équation du degré
d’impact que peut exercer une entité sur un festival, il est des certitudes que nous avons
pu dégager au croisement de nos analysés et de notre recherche.
Tout d’abord, aucun festival n’est apolitique même si la majorité s’en revendique, nous
avons pu dégager des corrélations entre la nature de l’entité politique, la taille de son
investissement tant financier que pratique, et la ligne de conduite adoptée par le festival.
La précarité joue un rôle important dans ce microcosme. La multiplicité des partenaires
va faire grossir le festival mais davantage de concessions devront être cédées. Se
concentrer sur un seul pouvoir subsidiant et ne demander que le minimum provoque une
possession, une sorte d’hérédité des idéaux de l’entité transmis à l’institution
organisatrice. A travers le temps nous avons décelé, que plus un festival se développait
dans un régime autoritaire et dans un contexte d’institutions politiques se montrant
intéressées de s’emparer de l’événement, plus il allait s’écarter de l’idéal politique
véhiculé. A contrario, les régimes démocratiques voient les festivals se blottir dans les
bras dans leurs instances gouvernementales masquant à l’aide d’œillères le jeu de
marionnette mené par lesdites institutions.
Venise est parvenu à évoluer dans un dessein d’émancipation, même si toujours
massivement subventionné, les mécanismes et stratégies développées ont permis au
festival de se libérer d’une réputation qui lui colla à la peau pendant trop longtemps. C’est
un apprentissage que son équivalent français n’a pas encore acquis. Cannes est née d’une
volonté d’ôter toute politique au sein des festivals de cinéma en réponse à une Mostra
fasciste. Dès sa première édition, la politique a monopolisé le tapis rouge et les
événements de ces dernières années comme l’intervention du président ukrainien en
pleine cérémonie d’ouverture prouve que Cannes n’est pas près de se détacher de son
étiquette politique.
L’insouciance, l’innocence et l’aveuglement dont font preuve les festivals peuvent être
résolus en questionnant les différentes organisations sur les relations entretenues avec ces
entités en les dégageant de la toile sur laquelle ils sont posés. Recherche, collecte et
questionnement de ces organisations permettront à terme de faire évoluer davantage les
festivals de tout horizon.