Tout commença au sortir de la Première Guerre Mondiale, la Biennale de Venise existe déjà depuis 1895. Depuis la même année que la naissance du cinéma en somme. Après 1918, l’Italie se relève du conflit armée, et, quelques années plus tard. En 1932 exactement, dans une volonté de stimuler les arts et la reconstruction d’une image italienne. A l’origine, il n’y avait qu’une édition tous les 2 ans. En 1938, la victoire du film « Les Dieux du Stade » provoque de vive contestation. Le film, faisant la publicité du régime nazi et primé sous la pression d’Adolf Hitler sur son homologue italien, provoque de vive contestation côté français.
En effet, dans l’hexagone, l’annonce passe mal. Jean Zay, à l’époque ministre de l’Education National et des Beaux-Arts en France, décide avec l’Etat français et la Suisse, de fonder un festival de cinéma libre de toute ingérence politique. Cannes 1939 est annoncé.
Malheureusement la drôle de guerre éclate et l’édition est annulée. Il faut attendre sept ans pour voir la première édition du festival de Cannes.
Les premières années sont tumultueuses. Après la Seconde Guerre Mondiale, Cannes est vue comme une vitrine politique, un lieu de rencontre diplomatique. Exit le côté apolitique, le festival fonce droit dans cette direction. Le comité organisateur met en place un garde-fou ; si un film porte au sentiment d’identité nationale d’un pays, le film peut être directement supprimé de la sélection. Autant dire que les 10 premières années du festival, ça va bon train. Dans un sens comme dans l’autre, cet article ne cesse d’être agité. Durant dix ans, l’URSS boude le festival prétextant une ou deux excuses bien ficelée « Oh le festival n’a plus le qualificatif international », on ne vient pas alors.
Il aura fallu attendre une dizaine d’années pour que cet article eu règlement soit tout bonnement retiré apaisant enfin les tensions qui régnaient en permanence durant le festival. Durant toutes ces années-là, la France tente des rapprochements diplomatiques avec l’URSS. Cela fonctionne, un accord cinématographique est signé. La croisette demeure un des terrains de bataille de la guerre froide où s’affronte Soviétiques et capitalistes.
Par la suite Berlin est créé, comme une vitrine des productions hollywoodiennes à exporter sur le vieux continent. Déchiré en deux Berlin n’en demeure pas moins un festival dominé par les Américains. Qu’à cela ne tienne, l’URSS met sur pied pied le festival de Leipzig. 400km à l’ouest, c’est Oberhausen qui voit le jour. Ces deux festivals vont tantôt être en confrontation tantôt passer des accords, s’échanger des films.
La guerre froide est la période ou un grand nombre de festivals voient le jour. Venise, pendant ce temps, tente désespérément de se détacher de son image de festival fasciste. Même refrain en Yougoslavie ou Outre-Atlantique, les festivals qui naissent se développent soit dans la crainte de la menace rouge soit sont pris entre deux feux.
Mai 68 apporte son lot de révolution. Cannes se restructure. Mais en son sein demeure toujours des experts dans les commissions très souvent liées au pouvoir, ou qui en proviennent, quand ils n’y terminent pas. Au fur et à mesure de l’approche de la fin du siècle, les comités comportent moins de membres, les mécanismes de sélection permettent à plus de films d’être retenus. Le festival assouplit sa sélection, s’ouvre un peu plus. Avec la fin du 20e siècle sonne le glas des reliquats de communisme dans l’Europe. Milieu des années 90, Cannes s’ouvrent véritablement à un cinéma moins traditionnaliste.
Lion, Palme et Ours ont parcouru, une fois le cap de l’an 2000 dépassé. Mais les événements de Toronto au sujet d’un Focus israélien sonne comme un rappel à l’ordre. Politique, censure et intimidation font-ils réellement partie du passé ?