Woluwé-Saint-Lambert et Woluwé-Saint-Pierre, deux communes bruxelloises souvent assimilées. Pourtant, au niveau politique, des différences sont palpables. Décodage.
Les communes bruxelloises de Woluwe-Saint-Lambert et Woluwe-Saint-Pierre ne sont pas que limitrophes. Elles présentent plusieurs similitudes, notamment au niveau socio-démographique. « On y retrouve une population en moyenne plus éduquée et possédant un revenu plus élevé que d’autres communes de Bruxelles. C’est la raison pour laquelle des partis placés à droite sur l’échiquier politique y sont si forts », explique Emilien Paulis, chercheur au Centre d’études de la vie politique (Cevipol). Mais si les deux communes sont historiquement ancrées au centre-droit, les familles politiques majoritaires qu’on y trouve diffèrent. Woluwe-Saint-Lambert semble être le bastion des DéFi, tandis que Woluwe-Saint-Pierre se situe elle davantage dans la mouvance MR. Mais pourquoi une telle différence ? Explications.
Une figure forte
Le parti DéFi profite à Woluwe-Saint-Lambert d’une figure forte de son parti, Olivier Maingain. Bourgmestre de la commune depuis 20 ans, Olivier Maingain bénéficie en effet d’une grande visibilité, en raison de sa fonction de président de DéFi. Les 14 autres mandats qu’il cumule lui permettent aussi d’être connu d’un réseau important au sein de la vie politique bruxelloise. « Au niveau local, les électeurs sont plus attachés à une personnalité qu’à une couleur politique. Je pense que si Maingain devenait Ecolo, il obtiendrait le même score aux élections communales », confie Aurélie Tibbaut, membre du Centre d’Etude des Politiques et de l’Administration Publique (CEPAP).
Une figure emblématique qu’on ne retrouve pas au sein du MR de Woluwe-Saint-Pierre.
Des dissensions au sein du Mouvement Réformateur (MR)
Si la commune de Woluwé-Saint-Pierre est historiquement associée au MR, on constate cependant aujourd’hui que ce parti est relayé dans l’opposition au profit d’une coalition cdH, Ecolo et Indépendance Libérale. En cause : des crises internes au Mouvement Réformateur cette dernière décennie. C’est ce qui explique qu’ils ne sont pas dans la majorité aujourd’hui. Les autres partis n’ont en effet pas envie de gouverner avec un parti dont les membres ne savent pas s’entendre. « Certains mandataires de Woluwe-Saint-Pierre ont quitté le MR pour rejoindre la liste du bourgmestre. Cela a mené le MR à sa perte. Mais malgré tout, le MR reste fort en terme de voix », poursuit Emilien Paulis.
Communication
Les stratégies de communication mises en place par les partis sont également un facteur important des résultats électoraux. Si du côté du MR de Woluwé-Saint-Pierre, l’activité sur les réseaux sociaux est très peu développée, le parti DéFi de Woluwe-Saint-Lambert est lui beaucoup plus proactif. Les personnalités politiques bénéficient d’une visibilité plus importante, ce qui représente un avantage non-négligeable en politique.
La comparaison des échiquiers politiques de ces deux communes est en fait une parfaite illustration des querelles internes au sein du libéralisme bruxellois. « Il y a toujours eu ce combat entre DéFi et MR afin de capter l’électorat libéral de Bruxelles. Même s’il y a eu des tentatives de rapprochement entre les deux partis, ils sont aujourd’hui divisés de nouveau », conclut Emilien Paulis.
Mélodie Voué, Marthe-Hélène Kinkela et Pauline Martial
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