Lundi 22 Février, Florian Philippot s’exprimait au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV.
Au sujet de ce que cela coûte et rapporte à la France de participer au budget de l’Union Européenne, Florian Philippot affirme : « Il y a 13 milliards qui reviennent, mais il y a 22 milliards qui partent des poches des français. Donc moi j’ai fait le calcul, 22 moins 12 égal 9. »
VRAI
A quelques milliers près, Florian Philippot connaît ses chiffres. Les derniers chiffres disponibles concernant le budget européen datent de 2014 et coïncident avec les déclarations du vice-président du Front National.
Le budget pour la période 2014-2020 a été adopté en Novembre 2013. Pour l’année 2014, il s’élève à 135,5 milliards d’euros, et la France devrait y participe à hauteur de 22,2 milliards d’euros selon les chiffres de la Commission européenne. Ce qui fait de la France le deuxième pays contributeur au budget de l’Union Européenne derrière l’Allemagne.
En retour, la France est le troisième pays qui bénéficie le plus de l’Europe. Là aussi, les chiffres coïncident avec les propos de Florian Philippot. La France récupère 13,162 milliards d’euros, soit 203 euros par citoyen français.
Part de la participation au budget européen par pays. Chiffres de la Commission européenne.
Il y a un article dans les traités européens, c’est l’article 50, qui permet de sortir de l’Union Européenne, et de retrouver son indépendance.
SIMPLIFICATION ABUSIVE
Contrairement à ce qu'assène Juncker il y a au moins une porte de sortie de l'UE organisée par les Traités eux-mêmes : l'article 50.
— Florian Philippot (@f_philippot) February 16, 2016
Florian Philippot manque terriblement de précision. Il parle de traités européens au pluriel. Or, ce qu’il veut mentionner, c’est l’article 50 du traité de Lisbonne, entré en vigueur le premier Décembre 2009 et signé par les 27 Etats membres de l’Union Européenne.
Florian Philippot simplifie beaucoup les choses. En effet, il ne suffit pas à un pays d’organiser un référendum et de saisir l’article 50 du traité de Lisbonne pour quitter définitivement l’Union Européenne. « Le Traité a prévu une procédure de droit européen qui impose à l’Etat en question de signer un traité international avec l’Union, pour arrêter tant les modalités de retrait que les relations futures que cet Etat entretiendra avec l’Union. Ce n’est qu’après l’entrée en vigueur de cet accord que les Traités cessent de s’appliquer. », explique Nicolas Joncheray, chercheur au centre de droit Européen de l’ULB.
Le chercheur ajoute que, « En l’absence d’accord, il faudra attendre deux ans à compter de la notification du retrait par l’Etat concerné au Conseil européen. »
Le cas du Brexit en témoigne : quitter l’Union Européenne n’est pas si facile. David Cameron a du négocier un accord auprès de la commission européenne avant de pouvoir annoncer l’organisation d’un referendum.
Selon Nicolas Joncheray, avant de parler d’une sortie de l’Union Européenne pour la France, les hommes et femmes politiques eurosceptiques devraient avant tout soumettre aux citoyens quelles seraient les conditions de sortie. Florian Philippot reste alors beaucoup trop évasif. Il ne parle pas des conséquences que cela aurait pour la France, puisque son objectif est de convaincre que quitter l’Europe serait une bonne chose.
Une évidence amusante s’impose, selon Nicolas Joncheray : « En tout état de cause, M. Philippot perdra son siège au Parlement européen et les émoluments qui en découlent. ». Une façon de rappeler que pour l’instant, le FN participe activement à quelque chose dont il ne veut pas, avec 20 députés sur les 74 députés français au Parlement Européen.
Anne-Elisabeth Achiri & Laura Duclerc