Franxit? Pourquoi le FN veut-il quitter l’Europe en 5 points

« La France apaisée »,tel est le slogan de l’une des affiches du FN diffusée depuis le mois dernier. La présidente du FN chercherait désormais à tourner la page d’une communication plus clivante. Un an avant la campagne présidentielle, le premier mouvement d’extrême droite en Europe promet un « Franxit » sur le modèle du « Brexit » revendiqué par le premier ministre britannique, David Cameron. Le FN relance ainsi sa campagne euroseptique.

Dans son programme présidentiel, Marine Le Pen veut faire sortir la France de l’euro et mettre fin à l’Union européenne dans sa conception actuelle pour la remplacer par une « association libre d’Etats européens partageant la même vision et les mêmes intérêts sur des sujets tels que l’immigration ou les règles devant régir les échanges extérieurs et la circulation des capitaux. ». L’Europe rêvée par le FN est constitue un projet souverainiste. La présidente du Front National tient de ce fait à négocier quatre sujets essentiels. De la souveraineté économique à la souveraineté législative, en passant par la souveraineté territoriale et monétaire, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle de 2017, ne laissera rien passer.

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« Une association plutôt qu’une union forcée »

Opposée depuis toujours au « fédéralisme européen », la Présidente du Front National Marine Le Pen est catégorique, elle veut réaffirmer les grands axes de sa politique face à l’Europe, tant au niveau économique que monétaire. Elle veut pouvoir émettre des réserves aux décisions européennes. Une opposition qui ne ferait que ralentir le processus de prise de décision de l’UE, déjà emmêlé par  le nombre important des 28 états participants  et par le principe du vote par majorité qualifiée.

«L’euro est une expérience malheureuse »

Faire sortir la France de l’euro, figure en tête du programme du Front National qui a la prétention  d’« ordonner » et de  « maîtriser » le processus. En fait, le FN considère que « l’euro est condamné » et qu’il finira par disparaître du fait du « coût de son maintien insupportable pour les nations pour lesquelles il n’est pas adapté. ». Au lieu de prêcher pour une évolution ordonnée du sort que connaîtrait la monnaie unique en crise, le parti d’extrême droite préfère déclencher l’éclatement de l’euro. De ce fait, le FN entend d’abord « mettre fin » à la monnaie unique avec les autres pays européens avant de « sortir la France de l’euro ».

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« Le soutien de l’Allemagne »

Le parti de Marine Le Pen envisage, paradoxalement, une « coopération européenne » pour rompre avec la monnaie unique.   « La France doit préparer, avec ses partenaires européens, l’arrêt de l’expérience malheureuse de l’euro », insiste sa présidente. Le Font National compte beaucoup de ce fait sur la coopération franco-allemande pour permettre le retour aux monnaies nationales.  Reste que Marine Le Pen prend encore une fois ses désirs pour la réalité. L’Allemagne ne s’est pas détournée de la monnaie unique pendant la crise de l’euro, elle a au contraire pris conscience de la  protection que lui accorde l’euro face à la concurrence privée par exemple. L’opération « sauvetage de l’euro à tout prix », lancée par la chancelière allemande, Angela Merkel en 2012, en est la preuve.

« Arrêter l’immigration illégale et clandestine »

Plus que jamais, le Front National entend rétablir ses frontières nationales et sortir de l’espace Schengen. Véritable détracteur de Schengen aujourd’hui, le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, ancien candidat aux régionales en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, s’était rendu à la ville du même nom, au Luxembourg pour « célébrer le retour des frontières nationales au sein de l’Union européenne ».

Source : Le Monde.fr

Lien de l’article : Pourquoi les accords de Schengen sont-ils remis en cause ?

Alors que l’accord de libre circulation des personnes venait tout juste de fêter ses 30 ans, Marine Le Pen réclame une sortie sans issue de l’espace Schengen. Son argument ? Une absence de contrôle aux frontières internes favoriserait l’immigration clandestine.

Le rétablissement des contrôles aux frontières à l’intérieur de l’espace Schengen entraînera des ralentissements importants à la frontière selon Direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique. Retrouver les frontières comme le revendique, si fièrement, Marine Le Pen aura des conséquences sur les « flux de personnes et sur l’activité économique ». Des conséquences aux effets très directs. L’Insee a déjà pointé, dans une note d’analyse, une augmentation du temps de contrôle aux frontières par exemple, en cas de sortie de la France de l’espace Schengen.

Chiffres Stratégie.gouv.fr. Note d’analyse de l’Insee février 2016.
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« Une simplification des relations »

Après l’annonce récente, en septembre 2015, par l’Insee d’une croissance « nulle au deuxième trimestre » en France, Marine Le Pen avait parallèlement déclaré son envie de voir la France « retrouver sa souveraineté économique pour se battre à armes égales dans la mondialisation sauvage ». « La France est engluée dans la crise », avait-elle déclaré dans un communiqué. « Les mêmes politiques de l’UMPS depuis des années entraînent les mêmes échecs économiques et sociaux », estime-t-elle. L’origine de ces maux ? C’est sans surprise l’Europe, qui « soumet la France qui n’a plus « les moyens de soutenir l’innovation, la croissance et l’emploi », selon Marine Le Pen. La patronne du Front Nationale préconise comme remède « des frontières, une monnaie nationale, un patriotisme économique assumé, un soutien massif à nos PME-PMI ». Un programme qui ressemble à une politique de reconquête, le « Franxit » apparaît comme le seul remède face à la crise que traverse la France selon le parti d’extrême droite.

Le Front National se définit clairement comme un parti anti-européen. « Un certain nombre de règles découlant du droit européen ont été intégrées dans le droit français, et il paraît illusoire de croire que l’on pourrait s’en défaire par simple abrogation, sauf à créer d’importants vides juridiques qui affecteraient en premier lieu les citoyens et les entreprises françaises.», assure Nicolas Joncheray, chercheur au Centre de droit européen de l’ULBEn revendiquant une souveraineté sur tous les plans, le Front National risque d’« enclaver » la France au lieu de la sortir de sa crise actuelle.

Anne-Élisabeth Achiri et Laura Duclerc