A 76 ans, François Verhulst a choisi de changer de mode de vie et d’opter pour l’habitat partagé.
François Verhulst a 76 ans. Comme la plupart des gens de son âge, cet ancien informaticien est aujourd’hui pensionné. Mais ce septuagénaire n’est pas un retraité comme les autres ! Le 22 novembre dernier, il s’est lancé dans l’aventure « Abbeyfield ». « Abbeyfield » est l’une des formes de ce qu’on appelle l’habitation partagée.
Le concept « Abbeyfield » s’est développé en Belgique en 1995. Son principe est simple : plusieurs personnes s’installent dans une maison au sein de laquelle ils cohabitent. L’habitation est agencée autour de parties communes à tous les locataires : une cuisine, une salle à manger, un salon, une buanderie et même une chambre d’amis. Chaque locataire dispose cependant aussi d’un petit appartement privé. Chacun reste donc autonome tout en étant entouré.
François Verhulst s’est, lui, établi dans la maison « Abbeyfield » de Watermael-Boitsfort. Il partage ainsi la vie de 8 autres résidents, tous âgés de 55 à 85 ans. Ce qui lui plait dans ce concept, c’est la notion de partage : « J’aime beaucoup l’idée d’entrer dans une structure où on gère le quotidien ensemble et le fait de partager des moments, des valeurs et un lieu avec les autres ».
Une structure en cogestion
Chaque maison « Abbeyfield » fonctionne comme une ASBL à part entière. Les locataires de la maison forment le conseil d’administration. Ils définissent ensemble les règles de vie de la maison. Le président du conseil est en revanche extérieur à la maison afin d’avoir un regard neutre sur le fonctionnement de la communauté. Chaque habitant occupe aussi un rôle dans la gestion du quotidien. « Pendant deux ou trois mois, un habitant s’occupe par exemple du courrier, de la gestion des déchets ou des stocks alimentaires. Durant les mois suivants, ces tâches sont ensuite assignées à d’autres locataires. Chacun participe à la vie de la maison en fonction de ses capacités. Si quelqu’un ne se sent plus capable de faire l’une ou l’autre tâche, il le dit et il aide d’une autre manière » explique François Verhulst.
Entrer dans une maison « Abbeyfield » est toutefois un processus exigeant. Les appartements sont attribués par cooptation, autrement dit les futurs locataires sont choisis par les membres de la maison. La procédure de candidature se déroule en plusieurs étapes. Le candidat doit d’abord rencontrer le président de la maison et écrire une lettre de motivation. Il rencontre ensuite les habitants au cours d’un repas commun puis de manière individuelle. Le processus se termine par un stage de 15 jours durant lequel le candidat participe à la vie de la communauté. Les habitants procèdent enfin à un vote. Le potentiel locataire doit obtenir deux tiers des votes afin de pouvoir emménager.
Une solution conviviale et accessible
« Abbeyfield » contribue à réduire le sentiment d’isolement dont souffrent souvent les personnes âgées tout en leur permettant de conserver une parfaite autonomie. Il met en avant des valeurs telles que le partage, l’entraide et la bienveillance. Outre l’avantage relationnel de ce projet, l’aspect financier est aussi non négligeable. Tous les frais liés à l’énergie (chauffage, eau et électricité), les assurances ainsi que les repas communs sont divisés entre les locataires. « Ici, je paye environ un loyer de 800 € par mois. C’est beaucoup moins cher que si je devais vivre seul ou dans une résidence service » confie François Verhulst. La vie en communauté peut parfois en effrayer plus d’un. François Verhulst, lui, ne regrette cependant pas son choix et espère voir apparaître encore de nombreux habitats partagés dans les années à venir.
Crédit photo: Pauline Martial