C’est dans les locaux de l’asbl Double Sens, quai du commerce à Bruxelles, qu’Abdel m’a donné rendez-vous. Il est 15h, les enfants sont encore à l’école et les lieux sont donc plutôt calmes. Un peu désarçonné par ma présence, il m’invite à m’asseoir en triturant son téléphone. Pas encore très à l’aise, il commence à me parler de son association et de ses objectifs. Petit à petit, la foi en son projet prend le dessus sur la gêne et il commence ainsi à s’ouvrir un peu plus. Électricien industriel de formation, c’est en 2000 qu’il s’est reconverti dans le domaine associatif. L’asbl qu’il coordonne vise à encadrer les adolescents, notamment via du soutien scolaire et des activités extrascolaires (visites de musées, etc.). Il s’agit pour lui de donner à ces jeunes des cours de citoyenneté : « on essaye de faire du concret, ce sont toutes ces petites choses qui peuvent paraitre inutiles mais qui peuvent faire beaucoup pour le vivre ensemble ». Subsidié par l’Etat, Abdel est fier de dire que Double Sens s’occupe aujourd’hui d’environs 120 élèves.
Repair café : la réparation comme prétexte pour se retrouver ?
Il y a quelques mois, un constat attriste toutefois Abdel et ses collègues : les activités que l’asbl organise touchent un public bien précis. L’envie d’élargir ce dernier mais aussi de lutter, à leur manière, contre la surconsommation, les pousse à tenter autre chose. C’est ainsi qu’en mai nait le Repair café Yser. Pendant trois heures, une fois par mois, des bénévoles mettent leurs compétences à disposition des personnes qui en ont besoin : « on fait à peu près une quinzaine de réparations par séance ».
Des tablettes des plus jeunes aux lampes des plus âgés, en passant par l’électroménager et les vélos : de nombreux objets peuvent être réparés. Cette large palette attire ainsi un public très diversifié, pour le plus grand bonheur d’Abdel. Celui-ci peut ainsi lier travail social et lutte contre la surconsommation en aidant à la fois ceux qui n’ont pas les moyens de se racheter un nouvel appareil et ceux qui pourraient se le permettre mais préfèrent ne pas jeter.
Outre la gratuité des réparations, l’échange est un autre avantage du repair café : « l’ambiance est bonne enfant, c’est un endroit où on se sent bien, où on peut papoter ». Contrairement à un service après-vente ou à un rendez-vous avec un technicien, les relations sont en effet informelles, rendant ainsi possible la discussion. Pour Abdel, le repair café est un « endroit social où la réparation serait la cerise sur le gâteau ». Le maitre mot est donc une fois encore le vivre ensemble, et la boucle est bouclée.