C’est un homme décontracté et accessible que je retrouve cet après-midi de novembre à la cafétéria bio du Mundo-B. Assis sur sa chaise à côté d’une baie vitrée donnant sur un jardin didactique en plein cœur de Bruxelles, Frédéric Charles donne le ton : « On peut peut-être se tutoyer ? » Le Mundo-B, c’est un peu comme son port d’attache. Il le connait bien et s’y sent comme chez lui. Mundo-B est une initiative issue d’associations actives dans le développement durable qui ont souhaité éco-rénover un immeuble à Ixelles afin d’y installer leurs bureaux. Les associations y suivent une charte sociale et environnementale. Deux termes qui décrivent parfaitement Frédéric. Encore programmeur analyste chez Belfius, il devient il y a quelques années bénévole à SOS Faim. Depuis il a fondé une GASAP à Ixelles, la GASouill’X, et une association pour les réfugiés, RANA, Refugees Are Not Alone. Il a d’ailleurs installé le siège social de cette dernière dans les locaux du Mundo-B.
Se renseigner, créer, changer
GASouill’X, c’est d’abord la rencontre entre deux amis. Une amie de Frédéric, rencontrée à SOS Faim, lui propose de créer une GASAP.
« Je ne savais même pas ce que c’était. Je me suis renseigné et je me suis dit que c’était une bonne idée. Et puis surtout, ça allait m’obliger à changer ma manière de manger et de consommer. »
GASouill’X est né. C’était il y a cinq ans, en 2011. Aujourd’hui, les choses ont bien évolué, certaines personnes sont parties, d’autres sont arrivées, mais l’idée et l’idéologie de départ sont toujours les mêmes.
Un projet environnemental qui crée du lien
Après 25 ans à travailler pour la banque, Frédéric quitte tout et se lance un nouveau défi.
« Travailler dans une banque n’est pas l’idée qu’on se fait de toutes ces personnes qui travaillent dans l’altermondialisme. Je suis devenu altermondialiste petit à petit et j’ai donc quitté la banque il y a trois ans. »
Bien qu’il ne soit plus membre de GASouill’X depuis peu, Frédéric reste gestionnaire de l’association. Il est la personne de contact avec le producteur, Denis Dal, qu’il considère aujourd’hui comme un ami. L’asbl lui aura permis « de nouer de gros liens d’amitié » et de soutenir un producteur qu’il estime beaucoup. Denis Dal – ferme du Trieu Gilson à Joncret – continue quant à lui de livrer personnellement les paniers de légumes aux 24 membres de l’association.
« C‘est du direct-direct. Il n’y a aucun intermédiaire. C’est devenu pour moi du social, mais aussi de l’aide à l’agriculture paysanne. Aider l’agriculture paysanne permet de lutter contre les multinationales, le réchauffement climatique, etc. »
Pas de retour en arrière possible
Frédéric a décidé d’aller à l’essentiel. Il n’est pas plus riche qu’avant, bien au contraire, mais nettement plus apaisé et en phase avec lui-même.
« Aujourd’hui, il me faut du social, de l’environnemental, mais il me faut surtout de l’éthique. J’étais bien payé avant. Évidemment je ne gagne plus la même chose maintenant. Je ressens fortement la différence, mais j’ai décidé de partir et je ne veux plus y retourner. », affirme-t-il.
Frédéric disait « ils » pour parler des membres du personnel chez Belfius. Aujourd’hui, il dit « on » lorsqu’il parle du GASAP ou de SOS Faim où il est bénévole. Sa nouvelle asbl, RANA, quant à elle « prend une belle forme » et s’agrandit rapidement. Cet hiver, il espère trouver de nouveaux subsides pour engager du personnel, et pouvoir également en tirer un salaire. Frédéric Charles joue désormais avec sa réalité. Une réalité qui se veut concrète, sociale, altruiste.
Image Thinglink: asbl GASouill’X à la ferme de Trieu Gilson / Crédit-photo: Frédéric Charles