Contre la vente d’alcool la nuit : décryptage de la proposition du CD&V

L’alcool coûte, chaque année, deux milliards d’euros à la société.   C’est ce que les députés Nathalie Muylle et Els Van Hoof (CD&V) déclarent dans leur proposition de loi. Les deux femmes proposent d’interdire la vente d’alcool de 22h00 à 7h00 dans tout les points de vente de Belgique. Retour sur deux propos des députés

« La consommation excessive d’alcool coûte 2 milliards d’euros par an à la société »

VRAI

Dans son communiqué de presse, la député Nathalie Muylle s’appuie sur une récente étude de la VUB et UGent. Les deux universités flamandes ont calculé le coût social des drogues légales et illégales en Belgique pour l’année 2012. L’alcool est ce qui coûte le plus cher, avec effectivement un budget de 2 milliards d’euros par an.

Les boissons alcoolisées représentent 45 % des coûts directs (les soins de santés, la criminalité et les accidents de la route) et 44% des coûts indirects ( la perte de productivité due aux maladies, l’invalidité au travail, l’emprisonnement ou la mort précoce). Dans les caisses de l’Etat, cela représente respectivement, 1.29 milliards et 774.4 millions d’euros.

Ces coûts se répercutent essentiellement sur les soins de santé. Mais également sur le travail, le trafic routier et la criminalité.  Les conséquences de la consommation d’alcool se calculent également en perte d’années de vies saines: 170 000 années de vies saines ont été perdues en 2012 à cause des spiritueux.

Lire aussi: Communiqué de presse de l’étude SOCOST: Coût social des drogues légales et illégales en Belgique

« La plupart des belges consomment de l’alcool de manière responsable. Le plan d’action ne les vise donc pas, mais bien les 10% de buveurs excessifs qui ont particulièrement besoin d’aide. »

PAS ENTIÈREMENT VRAI

En effet, si la proposition de loi est votée puis appliquée dans les magasins concernés, cela empêchera effectivement les buveurs excessifs d’acheter de l’alcool aux heures tardives. Mais cela punira par la même occasion les autres potentiels acheteurs, des buveurs modérés qui ne devront pas reprendre le volant par la suite.

La ministre des affaires sociales et de la santé publique, Maggie De Block, a déjà exprimé son désaccord concernant cette mesure. Elle estime qu’il faut s’attaquer à la consommation excessive d’alcool du groupe de personnes concernées, et non pas sanctionner tout le monde. La révision du Plan Alcool est d’ailleurs prévu pour la fin de l’année, sous la supervision de la ministre elle-même.

Catherine Hanak, psychiatre au CHU Bruggman et spécialisée dans l’addictologie est d’avis que cette mesure permettrait uniquement de régler une partie des problèmes concernant l’ordre public. “Cela permettra aux personnes qui étaient ivres sur la voie publique de moins se mettre en danger, ainsi que les autres”, explique-t-elle, “mais les personnes pourront toujours aller consommer dans les bars”. La mesure ne réduirait non seulement pas les 10% de buveurs excessifs, mais sanctionnerait le reste de la population.

 

Maureen Van Damme & Eloïse Speleers