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Denis Ducarme veut inclure le PTB dans le cordon sanitaire

Publié le 15-12-2016 par

Depuis quelques jours, le MR remet sur la table le débat sur le cordon sanitaire, déjà vivement contesté par la droite flamande. A travers la voix de son chef de groupe au parlement fédéral, Denis Ducarme, le Mouvement réformateur a clamé haut et fort à plusieurs médias belges qu’il voulait que le PTB soit inclus dans le cordon sanitaire. Il s’est exprimé dans la Libre à ce sujet le 1er décembre.

Après Pierre-Yves Jeholet qui taxait le PTB de parti « anti-démocratique » sur Matin première, c’est au tour de Denis Ducarme de faire sa sortie dans la presse. Il a annoncé à la Libre qu’il fallait  appliquer le cordon sanitaire au PTB. Voici ses arguments.

 

  • «  Il faut sans doute leur rappeler que le PTB est un parti extrémiste et populiste, reposant sur une idéologie totalitaire, sur la dictature du prolétariat. (…) Il faut appliquer le cordon sanitaire au PTB, comme on l’applique à l’extrême droite. C’est-à-dire ne jamais former d’alliance avec eux. Je pensais que le PS avait des principes, mais voilà qu’il tend la main aux extrémistes»

Exagération

Dire que l’idéologie sur laquelle se base le PTB, le marxisme, est totalitaire est un non-sens. Selon Jean Faniel, directeur général du CRISP (Centre de recherche et d’information socio-politique)  » dire que le marxisme est anti-démocratique parait vraiment grotesque pour un sociologue, c’est avant tout une méthode d’analyse de la société. Le marxisme a toute une série d’aspects, on considère en sociologie que les trois pères fondateurs de la politique sont Weber, Durkheim et Marx ». 

Parler de dictature est également exagéré : il n’y a plus dans les statuts du PTB ni dans son programme aucune référence à Staline ou à Mao. Le parti a effectivement fait peau neuve il y a quelques années pour s’écarter de la ligne de son fondateur, Ludo Martens. Il convient de se demander si toutes ces soudaines attaques envers le PTB ne sont pas une manière d’occulter d’autres problèmes qui préoccupent le MR (l’affaire De Decker, le PTB qui devient troisième parti de Wallonie dans les derniers sondages,…)  « il y a un peu de ça mais pas que, c’est vrai que de sondages en sondages, le PTB fait des pas de géant dans les intentions de vote en grignotant petit à petit la part du MR, mais il y a aussi une idéologie visée par le MR qui demande qu’on ostracise le PTB. Et ça, ça va même à l’encontre de beaucoup de valeurs du MR comme la libre entreprise ou la propriété privée » explique Jean Faniel

  • « Je suis particulièrement choqué quand je vois que les dirigeants du PTB n’ont fait aucune autocritique lors de la mort de Fidel Castro… Au contraire, ils ont dit qu’ils le considéraient comme un homme d’inspiration. »

 A relativiser. Il est vrai que le tweet de Raoul Hedebouw était plutôt élogieux envers Fidel Castro mais peu de dirigeants ont vraiment osé en faire la critique après sa mort. Certains en Belgique ont été plutôt modérés comme Didier Reynders :

  Le président français François Hollande n’a pas non plus été des plus critiques : « il avait incarné la révolution cubaine, dans les espoirs qu’elle avait suscités puis dans les désillusions qu’elle avait provoquées. Acteur de la guerre froide, il correspondait à une époque qui s’était achevée avec l’effondrement de l’Union Soviétique. Il avait su représenter pour les cubains la fierté du rejet de la domination extérieure » a  le chef d’Etat à l’annonce de la mort de Castro.  D’autres se sont un peu lâché comme Justin Trudeau, Premier ministre libéral du Canada : « Fidel Castro, leader plus grand que nature, a consacré près d’un demi-siècle au service du peuple cubain. Révolutionnaire et orateur légendaire, M. Castro a réalisé d’importants progrès dans les domaines de l’éducation et des soins de santé sur son île natale » pouvait-on lire sur le site officiel du Premier. Et que dire de Ségolène Royal qui s’est rendue sur place pour assister à ses funérailles, ou de Jean-Luc Mélenchon dont le tweet a été moqué sur les réseaux sociaux.

Hedebouw est donc bien loin d’être le seul à s’être prononcé « sans autocritique » sur la mort du Lider Maximo.

 

Photo : @OSCE Parliamentary Assembly sur Flickr

Sarra El Massaoudi et Natacha Fayt 

 

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