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Le « lider maximo » est mort le 25 novembre dernier à l’âge de 90 ans. Il avait dirigé Cuba d’une main de fer pendant une quarantaine d’années.
L’inventaire de l’héritage castriste est un exercice assez compliqué. A la fois adulé que détesté dans le monde, Fidel Castro, qui selon de nombreux observateurs s’est « converti » au socialisme moins par conviction que par nécessité, a profondément imprégné de son empreinte l’histoire de son pays. Il laisse un pays façonné par une politique sociale de haut niveau mais marqué de failles intrinsèques liées à la limitation des libertés fondamentales.
Suite aux propos controversés de la Ministre de l’écologie, Ségolène Royal, sur le bilan du père de la Révolution cubaine, un panorama critique du régime castriste s’impose.
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- « Fidel Castro a représenté des valeurs [telles que] la résistance à l’occupation extérieure. »
Fidel Castro arrive à la tête de l’Etat cubain en 1959 à la suite d’un coup d’état. Avec son frère Raùl, il renverse Fulgencio Batista, autocrate soutenu par les Etats-Unis. La réponse de Washington ne va pas tarder. Le gouvernement des Etats-Unis mettra tout en œuvre dans l’optique de renverser les « barbus » socialistes parvenus au pouvoir : invasion de la baie des cochons, embargo économique, financement de l’opposition et 638 tentatives d’assassinat !
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- « Fidel Castro a conduit de grandes politiques sur l’éducation et la santé. »
Malgré les violations des droits humains que beaucoup imputent au régime castriste, Cuba a longtemps brillé pour son efficacité dans les domaines de l’éducation de de la santé. Son taux d’alphabétisation, de l’ordre de 99,71% en 2015, n’a rien à envier à celui des pays occidentaux. Quant à l’espérance de vie à la naissance sur l’île, elle est en constante augmentation depuis une quarantaine d’années et culmine aujourd’hui à 79 ans.
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- Répression sévère des opposants
Le régime de Fidel Castro s’est certes illustré par une grande qualité des services publics offerts et un certain progressisme. Cependant, ces hauts faits s’accompagnent d’une répression effrénée que Fidel Castro mena contre les opposants à son pouvoir. Sous la dictature de Fidel Castro, des milliers de Cubains ont été harcelés, intimidés et incarcérés dans des prisons aux conditions déplorables. Ce sont des générations entières ont été privées de libertés politiques fondamentales. Pour José Miguel Vivanco, spécialiste des Amériques à Human Rights Watch, « alors que d’autres pays de la région ont cherché à tourner la page de régimes autoritaires, Cuba a continué sous l’impulsion de Fidel Castro à réprimer pratiquement tous les droits civils et politiques ».
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- Instrumentalisation de la justice
Les méthodes répressives mises en places par Fidel Castro pour imposer son pouvoir étaient diverses. Parmi celles-ci, l’appareil judiciaire était l’une des clés maîtresses. C’est ainsi que de nombreuses personnes ont été condamnées à de lourdes peines de prison pour des motifs politiques. Ceci par le biais de lois punissant les « troubles à l’ordre public », les « outrages », l’« irrespect », la « dangerosité » et les « agressions ». L’une des plus emblématiques de ces fameuses lois est l’article 72 du Code pénal cubain qui considère comme « dangereuse » toute personne qui s’opposerait aux « normes du socialisme » sans aucune autre précision. Laissant libre cours à diverses interprétations.
- Verrouillage des média
Le « lider maximo » a organisé un véritable matraquage de la liberté d’expression sur l’île. Ainsi, les seuls organes de presse autorisés à Cuba sont tous à la solde du régime. Même l’internet et les différents moyens de télécommunication sont contrôlés par le régime qui bloque l’accès à certains sites web. Depuis 1990, l’organisation Amnesty International est interdite sur le territoire cubain. Pour Erika Guevara-Rosas, spécialiste des Amériques à Amnesty International, « peu de personnalités politiques sont aussi clivantes que Fidel Castro, leader au progressisme entaché de failles profondes. » La militante des droits humains se veut toutefois pleine d’espoir lorsqu’elle affirme que « l’héritage de Fidel Castro est l’histoire de deux mondes. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir à quoi vont ressembler les droits humains à l’avenir. La vie de beaucoup en dépend. »