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Galant déraille : retour sur « l’affaire du RER »

Publié le 11-02-2016 par

Le RER est en retard ! Annoncé depuis de longues années, le projet est loin d’être achevé. Alors qu’en Flandre les travaux sont presque terminés, la Wallonie ne voit pas le bout du tunnel et ne sait pas si elle le verra un jour. Les doutes sont fondés puisque la ministre fédérale de la Mobilité, Jacqueline Galant, a glissé lors d’une commission de la Chambre que le RER wallon n’était « plus une priorité ». Le lendemain, elle affirme pourtant le contraire. Ses propos ont-ils mal été interprétés ? Décryptage et analyse.

Je n’enterre pas [le RER wallon], je fais des choix – Jacqueline Galant, le 3 février 2016.

OUI ET NON

Les travaux sur les lignes reliant Bruxelles à la périphérie wallonne semblent être « secondaires » puisque la mise à quatre voies de la ligne Bruxelles-Nivelles et Bruxelles-Ottignies ne fait visiblement plus partie des priorités. Ces travaux d’infrastructure ne seraient pas nécessaires à une offre suburbaine de qualité autour de Bruxelles. Mais ce n’est pas le cas pour la partie flamande du pays, où les trains S roulent d’ores et déjà. Le dossier est bien communautaire, même si la principale intéressée dément.

Néanmoins, les chantiers du RER wallon sont paralysés par des problèmes juridiques qui tardent à être résolus. En attendant, la ministre a demandé des travaux pour améliorer la qualité du service à la clientèle. Cela passe par des travaux d’aménagement et de rénovations de certaines gares wallonnes, de construction de parkings alentours, …

Selon quelques experts du dossier contactés par nos soins, « la ministre veut terminer le RER wallon mais le trou financier est assez conséquent. Il est dramatique de le découvrir maintenant. Comment va-t-on faire en sorte de le financer ? Il n’y a pas encore l’once d’une ébauche de financement ». Nos experts ont des doutes quant à un nouveau financement de l’Etat et ajoutent qu’il faudra chercher ailleurs. Selon eux, « les Wallons ne veulent pas mettre la main à la poche » dans ce projet mais « cherchent à tirer profit des bénéfices futurs ».

Pendant trop longtemps, les travaux d’infrastructure ont été déconnectés de toute réalité d’exploitation  – Jacqueline Galant, le 3 février 2016.

PAS ENTIEREMENT VRAI

En clair, la Ministre dit clairement que les ambitions ont peut-être dépassé la réalité du terrain. Elle laisse entendre par ses propos que les caisses du Fonds RER sont vides pour financer la mise à quatre voies du RER wallon.

Selon les mêmes experts, depuis le début du projet il y a plus de vingt ans, « aucun gouvernement n’a identifié à quoi on s’engage et qui s’engage. Une multitude d’acteurs et pas seulement l’Etat doivent s’engager. (…) On ne sait pas quelle desserte nécessite quelle infrastructure », ni « quand ces dessertes seront assurées ». Autrement dit, on a mis « la charrue avant les bœufs dans ce dossier ! Il faut des engagements clairs et savoir ce que l’on veut. Tant que ce ne sera pas le cas, les discussions seront assez vaines ».

Alexis AFEICHE et Laurie MEUNIER

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