Le glyphosate est de nouveau sur le devant de la scène politique. Le Parlement européen a lancé une commission spéciale sur les pesticides. Les avis divergent toujours autant et certaines déclarations sont à nuancer.
Christofer Fjellner, eurodéputé suédois, a réagi sur Twitter le 19 février, suite à une publication du Parlement européen sur Instagram. Il reproche au Parlement de faire de la désinformation concernant les effets du glyphosate sur la santé.. Concrètement le Parlement européen a rendu un avis négatif concernant le glyphosate. A contrario la Commission a voté le prolongement de son autorisation pour une durée de 5 ans. Faisons deux pas en arrière pour analyser ces allégations.
This is completely outrageous! Why is @Europarl_EN spreading myths on social media? EFSA and ECHA say #glyphosate is safe. Those are the scientists the Parliament in legislation have entrusted to make scientific assesments! https://t.co/31crupPR6S
— Christofer Fjellner (@Fjellner) 19 février 2018
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« Ceci est complètement scandaleux ! Pourquoi le Parlement européen diffuse t-il des mythes sur les réseaux sociaux ? »
Bien que Fjellner soit député au Parlement européen, il s’oppose à l’avis général de ce dernier. Ceci s’explique par le fait qu’il est suédois, et la Suède fait partie des Etats membres de la Commission européenne qui ont voté pour le renouvellement du glyphosate, ainsi que le fait que Fjellner fait partie du Parti populaire européen qui a statué en faveur de la molécule. Pourquoi cette divergence de point de vue entre le Parlement et la Commission ? Simplement car ils ont décidé de faire confiance à des organes de contrôles différents.
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“L’EFSA et l’ECHA disent que le #glyphosate est sûr. Ce sont les scientifiques à qui le Parlement a confié la tâche de réaliser les évaluations scientifiques!”
Fjellner fait référence à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Ces deux institutions sont mandatées par les autorités européennes pour fournir des informations scientifiques sur certaines substances. Ce n’est pas l’avis de l’ONG française “Générations Futures”. En effet, selon Nadine Lauverjat, assistante en communication de l’ONG, “l’EFSA et l’ECHA sont des organes trop politisés et donc, peu compétents”. C’est pourquoi l’ONG se range derrière le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui catégorise le pesticide comme “probablement cancérigène” pour l’Homme.
Ce qu’il faut savoir sur le glyphosate
Qu’est ce que le glyphosate ?
Le glyphosate est un herbicide très controversé au sein de l’Union Européenne. Plus précisément, c’est une molécule notamment présente dans le désherbant “Round up” que produit la société de biotechnique agricole Monsanto. L’usage du glyphosate est très répandu dans le monde agricole car il peut également accélérer la maturation des cultures. Chaque année, 700.000 tonnes de cette molécule sont utilisées dans le monde.
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Pourquoi l’Union européenne s’y intéresse ?
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Pour que le glyphosate soit commercialisé, il doit bénéficier d’une autorisation délivrée par l’Union Européenne. Les membres de la Commission Européenne ont voté pour un prolongement de cinq ans en novembre 2017. Le Parlement Européen a quant à lui rendu un avis en défaveur du prolongement. Au sein même de la Commission, certains Etats membres étaient opposés au prolongement du glyphosate, comme la Belgique, d’autres optaient pour une autorisation de seulement 3 ans, comme la France. En l’état, le glyphosate est autorisé au sein de l’Union, car c’est à la Commission que revenait la décision finale.
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Pourquoi son prolongement fait débat ?
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Le Parlement européen s’appuie sur les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Ce rapport de 2015 affirmait que le produit est “cancérogène probable” et qu’il « existe des preuves suffisantes de cancérogénicité du glyphosate sur les animaux de laboratoire ». Cependant, les recherche menée par CIRC montrent les effets du glyphosate sur les animaux et non sur les hommes. Le rapport conclut donc que le glyphosate est “probablement cancérogène pour l’homme. De son côté, la Commission européenne a rappelé que d’autres autorités de régulation sont allées dans le sens inverse. C’est le cas de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) qui a annoncé qu’il est “ improbable que le glyphosate présente un risque cancérogène pour l’Homme”.
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Quelles sont les solutions qu’apportent l’Union Européenne ?
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Face au manque de transparence des instances, telle que l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), qui déterminent le taux de toxicité des pesticides, une commission spéciale a été lancée le 19 janvier dernier par le Parlement européen. Cette commission, qui est l’iniative des éurodéputés sociaux-démocrates Eric Andrieu et Marc Tarbella, a pour objectif d’enquêter sur les modalités d’autorisation des pesticides.
Notre Parlement UE a adopté aujourd’hui le mandat de sa #CommissionPEST. Cette commission devra jeter les bases de nouvelles pratiques garantissant transparence et indépendance, et surtout rétablir la confiance des citoyens dans le processus européen. #glyphosate #MonsantoPapers pic.twitter.com/IZadlRvAtr
— Eric Andrieu (@EricAndrieuEU) 6 février 2018
La Commission des affaires juridiques du Parlement européen va également analyser la possibilité d’un recours concernant le prolongement de l’autorisation du glyphosate.
CORENTIN LAURENT ET GAËTAN PEREZ
Crédits photos: Flickr/Global Justice Now