Ce site présente les productions des étudiant.es du Master en Journalisme de l'ULB

Brexit : les conséquences pour la Belgique

Publié le 22-02-2018 par

Dans un entretien pour l’Echo, Robin Walker – ministre Britannique en charge du Brexit – a déclaré que les échanges entre le Royaume-Uni et la Belgique avaient encore de beaux jours devant eux.

Un nouvel accord de libre-échange doit sortir de terre avant le 22 mars. Celui-ci doit déterminer les modalités d’échange entre le Royaume-Uni et les 27 pour la période de transition après la sortie effective du Royaume-Uni (le 29 mars 2019). Si Outre-manche le Parti conservateur adresse à l’UE un discours apaisant, certaines études belges démontrent que le Brexit pourrait coûter 2,2 milliards à la Belgique. Pour Robin Walker, pourtant, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter. Décodage.

  • « La Belgique est un des dix premiers investisseurs au Royaume-Uni, et nous sommes un des investisseurs majeurs de la Belgique. »

En effet. La Belgique est le 4ème partenaire économique européen du Royaume-Uni. Les relations commerciales, tant qu’elles sont basées sur l’union douanière, le marché unique et sur les fondements de la libre circulation des biens, se sont intensifiées depuis plusieurs décennies.

Infogram

En 2015, la Belgique a exporté une valeur de plus 18 milliards d’euros vers Londres, soit un apport de 2,9% de notre PIB. La Flandre a elle seule concentre la plus grande partie des échanges, qui représente près de 15 milliards d’euros. De nouvelles barrières douanières, comme cela est envisagé dans le scénario d’un « Hard Brexit » serait alors une véritable douche froide pour le Nord du pays.

  • « Le marché automobile est un excellent exemple où il existe une chaîne d’approvisionnement opérant entre la Belgique et le Royaume-Uni.[…] Nous voulons nous assurer que des normes de haut niveau continueront à être appliquées et que ces biens seront toujours échangés entre nos deux pays. »

Le secteur automobile Belge serait le premier touché par de nouvelles réglementations contraignantes. En 2015, près de 15% des véhicules produits sur le sol Belge étaient destinés à l’exportation vers le Royaume-Uni. La question de l’homologation des normes sera, également, un des gros dossiers des futures négociations. Si Robin Walker soutient que des « normes de haut niveau » seront appliquées, la réalité risque d’être plus compliquée. Les voitures Britannique sont composées en moyenne de 44% de pièces locales, alors que les normes de l’UE en exige 55%. Alors que 70% de la production automobile du Royaume-Uni est destinée à l’exportation (dont 57,5% pour l’UE), ces négociations inquiètent les constructeurs Britanniques.

Benjamin Fox, journaliste pour Euractiv, décrypte la situation.

  • Est-ce qu’en cas de Brexit, « ces biens seront toujours échangés » ?

Il est probable que cela soit le cas mais ce ne sera pas forcément aussi simple que M. Walker laisse entendre. En effet, selon Benjamin Fox, « les enjeux du Brexit sont hauts » et « ce qui est inquiétant c’est que le processus de l’article 50 a démarré il y a un an et le gouvernement du Royaume-Uni n’a toujours pas trouvé d’accord sur la façon dont ils vont mener les négociations ». En définitive, il serait peut-être précipité de faire des prévisions sur la faisabilité des futurs échanges entre la Belgique et le Royaume-Uni.

  • Est-ce que le Royaume-Uni disposera d’un marché privilégié ?

Il n’y a pas beaucoup de chances que cela arrive. Benjamin Fox estime que « l’idée que le Royaume-Uni devienne la version nord-européenne de Singapour est partagée par une minorité. Je ne pense pas que cela soit ce que le peuple britannique désire. L’économie européenne est 7 fois plus grande que celle du Royaume-Uni et ils disposent donc de beaucoup moins de marge dans les négociations. »

  • Quelles sont les chances d’aboutir à une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne dans les prochains mois ?

Elles sont infimes. L’objectif est d’y parvenir dans les 6 prochains mois mais Benjamin Fox pense que « le Royaume-Uni ne parviendra pas à un accord sur le traité commercial dans les 2-3 ans mais cela va prendre entre 6 et 7 ans ».

MICK AKUTU et EMMANUELLE LECERF

Crédit photo : Jay Allen, Creative Commons, https://journalisme.ulb.ac.be/wordpress/wp-content/uploads/2018/02/May.jpg

 

Ecole Universitaire de Journalisme de Bruxelles - ULB © 2024