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Jean-Marie Gillet, ami, voisin et citoyen engagé

Publié le 03-12-2015 par
Nil-Saint-Vincent, petit village du brabant wallon, ils sont nombreux à connaître Jean-Marie Gillet, un homme engagé, écologiste et cordial. Ce père de quatre enfants, divorcé, est de ces figures qu’on aime croiser au détour d’une promenade au printemps ou lors d’une soirée de village en automne. Il est l’incarnation de ces villageois appréciés de leur quartier grâce la sympathie qu’il incarne et le respect qu’il dégage. Portrait nocturne d’une personnalité attachante.
Jean-Marie Gillet lors d'une soirée débat.

Credit photo : Jean-Marie Gillet

Il est déjà tard dans la soirée quand je sonne chez Jean-Marie. L’homme d’une petite soixantaine d’année, un peu barbu, m’accueille chaleureusement. Je dois le reconnaître, il ne m’est pas inconnu. Je rentre chez lui pour la première fois depuis des années. C’était à l’époque où je jouais avec ses enfants en sortant de la petite école du village. On s’installe, moi apprenti journaliste et lui, échevin écolo de ma commune depuis 2006. Une lampe à la lumière blanche éclaire la table où traîne des carottes crues prêtes à être mangées. Je suis un peu impressionné du rôle à jouer en tant qu’interviewer mais l’homme, qui me connaît depuis ma plus tendre enfance, se lance à mon aide.

« Je suis devenu écolo (au sens partisan d’Ecolo) il y a environ une quinzaine d’année, mais ça fait bien plus longtemps que je le suis de coeur. Ce qui m’a préoccupé en premier lieu c’était l’aménagement du territoire et surtout ce que nous allions laisser à nos enfants. La terre ne nous appartient pas, elle nous est prêtée».

Alors qu’il me parle, je le vois faire rentrer un gros chat gris, matou qui vient se loger à coté de lui.

L’entrevue tourne assez vite à la discussion plus qu’à un question-réponse. Je comprends que Jean-Marie ne parle pas ici en sa qualité d’échevin mais en sa qualité d’ami et de voisin de quartier. Il est chez Écolo, oui, mais il précise que ça ne limite pas son discours. Cela ne devrait pas trop influer sur l’image qu’il a auprès des autres. Il m’explique que son coté écolo, c’est avant tout le fait d’avoir une fibre écologiste plutôt que partisan. Il précise : « L’écologie c’est pas juste faire attention à l’environnement et au durable. C’est aussi promouvoir une certaine idée du social, avoir une vision du monde qui implique aussi l’importance du culturel et du tissu associatif et plus de la nature. Ceux qui ne considère les personnes « écolos » qu’avec une idée un peu simple de « gardien green sauveur de l’environnement » ne font que rétrécir ce que c’est réellement qu’être écolo».

Un homme engagé dans plusieurs associations

Jean-Marie Gillet continue en parlant des nombreuses associations et groupes de fibres écologistes qu’il a aidé à fonder ou dans lesquelles il participe. Elles ne sont pas toutes portées sur l’environnement. Il y a bien « Sentier», une association créée avec son aide il y a près de vingt ans. Cette dernière cherche à promouvoir et à sauvegarder les sentiers du village. Ou encore, la Ressourcerie de la Dyle, une association pour le tri des encombrants ménagers. Mais il y a aussi des associations plus centrées sur le social et le culturel. Parmi elles, « Au fil de l’Art » qui organise chaque année un parcours d’artistes sous forme de promenade. Il me confie fièrement que cette idée « Au fil de l’Art » a « enfanté » un cabaret de village « Chez Emile » (désormais très prisé des habitants) et même, indirectement, le festival Jyva’zik. Festival dont l’importance grandit d’année.

Ce soir, Jean-Marie a les yeux rougis de fatigue, je le vois. Et pourtant il offre de son temps pour m’aider dans mon travail avec attention et bienveillance. Intrigué, j’essaye de savoir quelles sont les actions qu’il mène concrètement pour lui et non pas au nom du parti. Tout en croquant dans une des carottes, il me répond avec un sourire. « Évidement on peut toujours faire plus mais j’essaye de faire ce que je peux ». Jean-Marie a installé des panneaux solaires sur le toit de sa maison. Il emploie une application smartphone pour régler intelligemment son chauffage à distance. Il tente aussi de sensibiliser via son compte facebook en postant régulièrement des commentaires sur une question d’actualité écologiste, une vidéo, une invitation à une conférence ou encore une réflexion personnelle.

Enfin, il essaye de faire un maximum de déplacements à vélo. « C’est bon pour la santé, et puis en même temps allier santé et nature c’est top. Et tu rencontres plus les gens. En voiture, avec tes fenêtres fermées, tu vois plus personne. Au contraire, en vélo tu peux dire bonjour, t’arrêter sur le coté et discuter avec l’autre ».

C’est à ce moment là que je comprends vraiment ce que Jean-Marie dit, quand il me parle de sa fibre écolo plutôt sociale. En réalité, l’important c’est l’humain, l’humain dans la nature et avec celle-ci. Et c’est là que son engagement pour récréer un tissu social important dans le village prend tout son sens. « Quand tes enfants sont à l’école tu vois du monde en allant les chercher, tu rencontres tes voisins, mais quand ils sont grands… Tu n’as plus beaucoup d’occasion de créer du lien social avec ton quartier… Avant il y avait les paroisses mais aujourd’hui, elles sont délaissées, d’où l’idée de recréer des lieux de vies, des lieux de contacts pour que les gens puissent se rencontrer de temps à autres ».

Et ça marche !

Depuis quelques années, le village, qui avait un peu perdu de ses activités citoyennes, accueille à nouveau des soirées dansantes estivales. Des courses de cuistax et des soirées dansantes sont organisées dans les différents hameaux. On peut assister, comme au bon vieux temps, à une brocante sur la Place du Tram. Et comme il n’y avait plus aucun café dans le village, tous les derniers vendredis du mois s’organise un café cabaret éphémère « Chez Emile » pour retrouver l’ambiance d’antan autour d’un bon verre et d’un concert (certains artistes connus sont déjà passés sur les planches du cabaret : MarkaPerry Rose, etc). Pour toutes ces activités, il y a la personnalité de Jean-Marie en arrière-plan, soit comme simple participant, soit comme coorganisateur.

Quand on interroge ses enfants, tous parlent avant tout du respect qu’ils éprouvent pour leur père. Ces derniers sont adultes désormais et ne sont plus les enfants avec qui je jouais il y a quinze ans mais ils sont toujours présents pour Jean-Marie. Ils ne suivent pas nécessairement ses idéaux écologistes mais sont attentifs à lui envoyer les informations qu’ils glanent ci et là sur les questions qui intéresseraient leur père.

La rencontre touche à sa fin, je m’apprête à reprendre la route. Jean-Marie me serre la main alors que nous sortons sur le perron. La bise automnale écourte les au revoir. Sur quelques derniers conseils, faire plus de vélo et surtout m’informer sur les questions écologistes, je quitte Jean-Marie, un ami, un voisin, et un citoyen engagé.

Un projet mieux abouti? Préparé et réfléchi de longue date en tout cas.Et des acteurs qui connaissent bien les attentes… Posted by Jean-Marie Gillet on Monday, November 30, 2015

Crédit photo de couverture : Jean-Marie Gillet.

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