Karine Lalieux, l’art d’accuser

Le domaine de l’art et de la culture va mal en Belgique et ce depuis plusieurs années. Infiltrations, fuites d’eau, effritement des murs, dégradation des toitures… Les musées bruxellois sont laissés à l’abandon et cela dure depuis trop longtemps. Tout le monde le sait, mais personne ne fait rien.   Les politiques se rejettent la faute et personne n’assume ses responsabilités. Pourtant en cette période de crise, investir dans la culture est un bon créneau. En effet, l’art permet de réaffirmer les valeurs indispensables à la construction d’une société juste: l’ouverture à l’autre et la réflexion critique.

Lors d’une interview accordée ce jeudi matin à Bel-RTL, la députée fédérale PS, Karine Lalieux porte des accusations dans ses déclarations.

Fact Checking:

La responsabilité vient tout d’abord de la Régie des Bâtiments. La Régie des Bâtiments qui n’a pas entretenu de manière continue, de manière générale, l’ensemble des musées de Bruxelles.

Partiellement vrai

En réponse à ses accusations, Yoan Vanderberght, responsable communication de la Régie des Bâtiments, nous donne sa version des faits:

« En attendant qu’un budget soit disponible nous effectuons des réparations ponctuelles et ce travail en continu est déjà chiffré à plus de 10 millions d’euros. » Les bâtiments en question sont des bâtiments historiques et classés. Des permis sont donc nécessaires pour effectuer les travaux et cela prend du temps. Enfin la Régie des Bâtiments doit s’occuper de tous les bâtiments qui sont propriété de l’Etat fédéral. A savoir, plus de 7,3 millions de m2 ou plus de 1100 complexes de bâtiments. Le budget, les permis, le temps sont autant de facteurs qui ralentissent ces travaux de rénovation.

Les représentants de musées sont conscients de ces différents facteurs qui rentrent en jeu. C’est ce que nous explique Olivier Vanzeev, chargé de communication du musée du cinquantenaire: « On sait très bien que la Régie des Bâtiments manque de moyens et que l’art et la culture ne sont pas en tête de ses priorités. Mais on remarque quand même une volonté du politique pour améliorer les choses. »

C’est le gouvernement fédéral que j’accuse et je leur fais une demande. Nous devons sauvegarder l’image de ce pays, l’image de Bruxelles parce que c’est évidemment les musées à Bruxelles et on sait combien la N-VA déteste Bruxelles.

Partiellement faux

 Nous avons contacté Bart Suys, porte parole de Elke Sleurs (N-VA), la secrétaire d’Etat du gouvernement, pour qu’il nous explique la situation:

« Il est facile d’accuser la N-VA, mais nous avons reçu la « patate chaude » du gouvernement précédent. Nous nous sommes retrouvé confronté à l’état désastreux des bâtiments dans les différents musées et c’est maintenant à nous d’en assumer la responsabilité. » L’objectivité force à dire que la situation complexe à gérer par le gouvernement fédéral ne date pas d’hier. Entre les études de faisabilité et les masterplans, on a surtout réussi au fil des années à reporter le problème. Et pour cause, même si cela n’excuse rien, restaurer des bâtiments publics, classés, vieux et aux surfaces énormes, coûte très cher.

Guillaume Esmenard et Cecile Justine Berecez